
globe d’une quantité furabondante de
chaleur ; quantité à laquelle nous ne
pourrions réftfter fi elle étoit auflî con-
fîdérable , auffi intenfe, que les calculs
hypothétiques la préfentent.
D ’un autre cô té , l’évaporation étant
beaucoup moindre en hiver, la furface
du globe dans nos climats perd moins
de la chaleur qu’elle reçoit alors' - du
fo le il, quoique la quantité foit incon-
teflablement beaucoup moindre auffi qu’en
été. Il n’ell donc pas étonnant que le
thermomètre indique une auffi foible
différence entre- la chaleur de l’hiver &
celle de l ’é té , quoique la quantité verfée
par le foleil dans ces deux faifons foit
dans des proportions fi difièmblabies. Il
n ’ell donc plusbefoin , comme on le voit,
d’avoir recours à 1» fuppofîtion d’un
prétendu feu central ou à d’autres chaleurs
particulières, pour expliquer un
phénomène qui ne demandoit pour être
conçu qu’un peu plus d’attention fur les
véritables caufes qui le produifent.
Perfonne n’ignore en effet qu’au plus
forip de l’é té , il ne faut qu’un vent de
IS/ord y un tems couvert , un fimple'
orage y une pluie abondante pour rafrai-
chir d’une manière très-fenfibie la fur-
face du globe dans la contrée où arrivent
ces météores ; tandis qu’au contraire
en plein hiver il ne faut qu’un vent
de Sud ou de Sud-Ouejl- pour adoucir
la rigueur de la faifori , & rendre à la
terre les molécules de feu qui s en étoient
exhalés. Ce-font cés viciffitudes de l’at-
mdfphère & la tendance continuelle .qu’a
la matière ignée à le volatilifër -fous
forme d’air ou de vapeurs en fe combinant
avec l’eau , qui caufent la légère
différence que les obfervations thermométriques
indiquent entre la température
de l’hiver & celle de l’été.
Auffi voyons-nous que les chaleurs les
plus grandes & les plus infuppoptables,
font celles qui régnent dans les lieux
on la matière ignée s’accumule” & rie.
peut être volatiiifée par l ’évaporation.
Telle ell . la-caufe des chaleurs étouffantes
qu’on éprouve dans les fables brûlans
de l’Afrique & dans' les valles déferts de
l’Afie. Voilà pourquoi l’Amérique fi
couverte d’eaux & de forêts ell moins
brûlée dans la Zône-Torride que les contrées
arides & découvertes de l’Afrique A
de l’Afie fituées fous les mêmes climats.
C ’efi encore la raifon pour laquelle dans
nos. cfimats tempères , les plus grandes
chaleurs .ne fe font pas communément
fentir au folflicé d’été, terme' de la plus
haute élévation du fo le il, mais daris les
mois de juillet & d’août Où la terre
plus defféchée par l’évaporation prefque
continuelle des mois précédera ell par-là
moins dîfpofée à fournir aux molécules,
ignées qui la pénètrent , leur véhicule ,.
c’elt-à-iiire , l’humidité néceffaire pour
leur permettre de s’élever & de. fe diffi-
per en vapeurs.
Je me contenterai de ce petit nombre
de faits , car ils fe préfentent en foulé ,,
pour prouver que c ’elt l’évaporation,
feule, A nullement le feu central,'qu’il
fatir déformais regarder . comme la caufe
de l’énorme différence qui fe trouve
entre les calculs hypothétiques de la
chaleur du foleil, fuppofée mal à-propos
permanente en été dans nos climats, Se
les obfervations thermométriques qui
dépofent évidemment le contraire.
$. X I .
« Quand les glaces nous environnent,
v nous devrions avoir perdu, continue
». B a illy , plus des cinq fixièmes de k
» chaleur de la terre,nous n’eri avons perdu
» réellement qu’un trente-deuxième ».
Ibid pag. 293.
Réponfe.
En admettant que la chaleur verfée
par le foleil en été foit au moins fîx
fois plus grande dans les mêmes climats
que celle que cet aflre .Jeur difpenfe en
hiver', on peut- répliquer qu’en été l’évaporation
( & conféquemment la diffipa-
tion de la chaleur ) ell au moins fix fois
plus grande qu’en hyver , où faétion du
foleil moins forte & moins verticale jointe
à un tems plus couvert & plus nébuleux
qui fouvent nous la dérobe , caufe
une évaporation moins abondante , & par
conféquen-t plus proportionnée à la foible
chaleur que cet allre nous envoie alors,
Ii n’y a donc pas lieu d’être étonné que
le thermomètre n’indique entre ces deux
faifons qu’une différence d’un trente-
deuxième , quoique les malles de chaleur
fournies dans l’une, & l’autre faifon
foient fi difproportipnnées ; d’ailleurs le
froid rigoureux, & .l’évaporation qu’occa-
fionnent les vents du N o rd , font prefque
toujours. de .peu de dupée dans notre
climat de Paris, & la chaleur qu’ils nous
enlèvent pendant, quinze jours à trois
feauines, nous ell allez promptement
& plus ou moins reftituée foit par l ’aâiori
direéte quoique obliqué , .du foleil fur
notre horifon , foit par les vents du Sud
qui nous apportent une partie de la
Chaleur des contrées méridionales.
§. X I I .
On trouve par un calcul fort fimple,
ajoute Ba illy, a que pour concilier ces
» deux faits également inconteltables ,
» il faut que- la terre "'ait en hiver un
» fonds de chaleur , environ cent cin-
»• quante fo is , ( Mairan trouve cinq cent
« fois ) plus conlîdérable que celle qu’ èlle
» reçoit dans le même temps du foleil,
» & vingt cinq fois plus grande que celle
» des^ payons d’été. Je demande alors
» d’où peut venir cette chaleur que le
» foleil ne donne point à la terre & qu’elle
». conferve dans fon abfence ? » Ibid.
Voici maintenant comme s’exprime Mai-
ran fur le même fujet:
« C ’eff de-là & par une courte analyfe
v que je conclus qu’il y a donc par t ute
» la terre un fonds de chaleur indepen-
» dant de la viciffitude des faifons; car
» des obfervations femblables que l’on a
» faites dans des pays connus , & de fem-
» blables induétions que nous en pouvons
» tirer, ne permettent pas de douter que
» le même principe ne foit appliquable à
» tous les pays, fauf les modifications qu’y
» apportera peut-être la complication des
» autres caufes , telles que la latitude , la
» fituation du lieu , la nature du fol & c .
». C ’efi par là , dis-je., & d’après les élé-
» mens de calcul donnés , que je trouve
» ce fonds permanent de chaleur pour le
» climat de Paris, trois cents quatre vingt
» treize fois plus grand que le degré de
» chaleur de l'hiver , en tant que. celui-ci
» ne réfulteroit que de la caufe générale
» de la viciffitude des faifons. Prenant
a donc cette chaleur- de l’hiver pour
» l’unité , il y aura ordinairement dans.
» le climat de Paris, une bâfe, pourainfi
» dire y dè chaleur permanente d'environ
a trois cents-quatre-vingt treize degrés y,
» fur laquelle s'élève alternativement le
» dégré unique de la chaleur de l'hiver,
» & les 66 degrés de la chaleur de l'e ïé ,
» produits par la caufe générale de la v ic if
» jitude des faifons, & dont les fouîmes
» feront à peu près dans le rapport abfolu
» de 7 à 8 que donne l’obfervation im-
» médiate : on en peut voir le détail dans
» le mémoire même. » Differt. fu r Ut
» glace. Ibid.
Répùnfe.
Telle eft , comme on vient de le démontrer
( | X ) , la fauffe cbnclufiou
D d d a