
font toutes poflérieures à celle des rochers
qui les.enveloppent. C ’eft fur-tout
par l’examen des lits- & des mâfiès de
pierres, qu’on peut parvenir à des découvertes
qu’on efpéreroit vainement de la
feule' infpeâion dés minéraux qui rem-
pliffent les vidés- des ro jie r s ; car il eft
très-probable que la formation de ces minéraux
eft due à des vapeurs qui fe font exhalées
de ces lits, enforte qu’il peut fe raffem-
bler de nouveau des matières minérales
qui rempliront les endroits qu’on a épüifés
par des fouilles antérieures.
Tels font les différens faits que Sténon
avoit recueillis & analyfés d’après l’examen
des couches de la terre en Tofcane, & les
principes qu’il s’étoit formés & qu’il de-
voit expofer dans la differtation dont nous
préfentons ici la fubftance. Pour nous borner
à ce qui nous intéreffe particulièrement
, nous paffo’ns à l ce que Sténon
avoit reconnu & obfervé dans les coquilles
qu’on tire du fein de la terre, ou dans les
autres dépouilles d’animaux marins & ter-
rellres , & dans les débris & empreintes de .
végétaux : nous fupprimons ce qu’il dit fur
les formes angulaires des cryftaux, &c . 1
S . X .
Des coquilles fojjiles.
Les coquilles tiennent le premier rang
parmi les corps folides renfermés dans
d’autres; car il n’en efl point qui fe
trouvent en plus'grande, abondance rdans-
le fein de la terre, nj dont l’origine Toit
moins incertaine : Sténon en diflingue
dans trois états.
Le premier efl de celles qui reffemblent
parfaitement aux coquilles analogues qu’on
tire de la mer : il fuflit de bien obferver'
ces coquilles foffiles, pour s’afliirer que
les-filets élémentaires colorés y ont les
mêmes variétés & la même difpofition que
dans' lés edqûillës ârîâlog’ûes de nier;
qu’elleà ont appartenu à lin- animal q u i. y
avoit fes attaches & qui êtôit contenu dans
leur capacité.
Le fécond état- des coquilles! fo Hiles
confifte à ne différer de cellès qu’on vient
d’indiquer que par la couleur & par le poids.
Les unes font plus pefantes, parc eque leurs
pores font remplies d’iine matière étrangère;
les autres, celles du fécond état, font plus
légères, parce que leurs pores font v-ides
rpar l'évaporation des- parties les plus légères
& les plus volatiles'; c’efl-à-dire que
.les coquilles fofliles du premier état font
pétrifiéès, pendant que cellès dû leé'bnd
font calcinées'.
Le. troifième état de: coquilles,ifoJSles,
i confifte à ne reffembler qpe: par lafforma
'& la figure à celles dont venons, de-fairé
mention; plies en diffèrent par tout le
î relie : il y en a depierreufes dont ia.cou-
[leur eft quelquefois noire & jaune. Il y
S en a de cryftailinesf dont la fiibftance a le
1 grain du marbre , & d’autres que Sténon
I appelle aériennes.
Voici comment il explique la; formation.
de ces dernières fgrtes : Ce, ne font-que»
‘ des moules vides de coquilles, d;r.n: à
: fubftance a été détruite & abforbée par la
matière terreufe environnante & lorfaue
les fucâ qui la' pénétroiënt onfp u rêmpiir
les vides-, il s’y eft formé des eryftàüx
fpathiqueS; duJ‘mafbre -ou" de" la'/piérre
brute; C !eft àirifr que s’eft formée cette
belle forte d é ; marbre appëlléê' ‘ haphiri,
cômpofée d’ùn- fédiment1 foüs-marih "débris
de toutes-efpèces dé coquilles!, lequel
s’eft moulé dans la cavité des coquilles qui
fubfiftoient pour lofs.
Parmi les différentes coquilles que
' Stérton avoit recueillies en Tofcane, il
cite à l’appui des diftinctions précé-
J dentes ;
l'V-U-né- bivalve appellée mere-perle,
dans laquelle il y avoit une perle adhérente;.;
2°. Une portion d’une grande pinne-
tnarine, remplie d’une matière terreufe
qui avoit confervé la couleiàr du byfius,
quoique lé byffus fût détruit.
3 °.‘ De très-grandes f.bquulês d’huitres*,'
où l’ôn voyoit 'dés cavités ôblbngues qui
parpifToient avoir été faites' par des vers
qu'j les avoient^ rongées avec leurs dents |
atiffi fies fivlçatibns étoient'irrégulières , &
rtéi bdéfehfûiènt pôipt dé. cavités comme,
cêliësé'qüe' les- dails fe creufent dans les
rochers des bords dé la inef.
q°. Une coquille dont la fubftance
détruite en partie a'eté remplacée dans
la partie détruite par une fubftance pier-
reufe"qui ' avoit le' grain du marbre , &
laquelle fë trouvoit chargée de glands de
mer.
y0. Des oeufs très-petits avec de très-
petitës'Coquillés turbinites , qü’çn ne pouvoir
diftinguer .qu’au microfcope.
6°. Des peignes, des fabots, des bivalves
.entièrement changés en cryftaux
fpathiques,
» 7°. Plufieurs. efpèçes, .de tuyaux vermi-
qulaires.
§. X I .
Des différentes dépouilles d'animaux marins
(r tefreflres, qu 'on ’ tire du fein de
la terre.
Sténon en paflànt aux dépouilles des
Vnmaux marins qu’on trouve dans les
Premières. epuches de la terre , raifonne
fi» ces fofliles comme fur les coquilles.;
ainfi -il crok devoir, appliquer aux dents
de chiens de m er, aux dents de faucon
de mer , aux vertèbres de poiifons, aux
fquelettes entiers de poiifons de toutes
efpèces, aux crânes, aux cornes, aux
dents, aux fémurs & autres offemens
d’animaux terreftres les mêmes réflexions
qu’il a faites fur les, cpquilles marines ; car
toutes çes dépouilles ou reffemblent exactement
aux véritables parties de ces animaux
, ou n’en différent que par le poids
& la couiçur, ou fie leur reffemblent plus
que par les formes 8c la figure.
On ne peut objeâer la grande quantité-
de gloffopêtres ou de dents de chien da
mer, qui fe trouvent à Malthe, pour
nous porter à douter que ce foient de
véritables dents de cet animal. Sténon
détruit tout motif de doute , en obfervant
qu’un chien de mer à fix cents dents au
moins ; & qu’il en - pouflè fans ceflë de
nouvelles tout le temps de fa vie. Qu’outre
les dents de différentes efpècës de chiens
de mer,, on trouve encore dans la terre
à Malt-he différentes coquilles & autres
produâions marines.- D ’où il conclut
que la ftruâure de ces dents , le grand
nombre de dents dont les chiens de mer
font pourvus , la nature de la terre calcaire
& coqüillière où elles fe trouvent,
leur diftribution au milieu des couches
horifontales, les autres- produâions marines
qu’on rencontre dans les mêmes
bancs ou lits, font autant des preuves déci-
fîves que les dents dont il eft queftion ,
font des dépouilles d’animaux marins.
Sténon emploie à-peu-près le même
raifonnement pour prouver que les dents ,
les crânes, les fémurs & les offemens
énormes qu’on trouve dans le fein de la
terre ont appartenu à des animaux. Car
foutenir que la nature fournit féparément
des os compofés de fibres & parfaitement
organifés , c’eft dire, qu’elle a pu produire
à part une main , une tête humaine,