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tion fuccinte du fyflême déLazzâi'O-'M'oro
plufieurs confidérations, tant fyr les sues
principales -que cet auteur s’efl propofé
ide remplir, que fur le peu de folidité des
moyens qu’il emploie pour y parvenir ;
je me fuis d’autant plus déterminé à entrer
dans cette difcuflîon, que ce fyflême con-
ferve encore.: une certaine, faveur parmi
les iiaturaliftes d’Italie , même -parmi ceux
qui obfervent..
Première Confédération.
Il femble qu’il y a dans le lyflême
de LazzarO-Moro des fuppofitions cOntra-
didoires j comment les volcans -,ont-ils
pu s’allumer dans un globe où il n’y
avoit encore eu aucune produdion, ni
animale, ni végétale ? L’exiftence des leux
fouterrains. h’exigeoît-t-elle pas une fuite-
de révolutions antérieures-? Pour former
çes grands embrâfemens fi étendus , fi
multipliés , n’a-t-il pas fallu des amas de
matières, non feulement propres à exciter
le feu, mais encore à l’alimenter pendant
des Cèdes entiers : telles que les
bitumes.& fur-tout les charbons de terre ?
Or , ces amas de matières combuftibles
fuppofent de grandes forêts qui auroient
exifté fur le globe en différentes contrées, &
qui auroient été^expofées à des révolutions,
au milieu delquelles ces forêts ont dû être
enfevelies àunecertaineprofondeut dansces
contrées de la terre. Il faut même admettre
que ces révolutions ont été fréquentes &
multipliées pour préparer ainfî à la fur-
ïace du globe un aliment convenable &
iuffifant à tous ces feux & embrâfemens j
qui dévoient fervir à organifer cette fur-
face pendant les trois époques que fuppofe
Moro. Comment des . productions auffi
confidérabies ont elles pu avoir lieu ■ fur
un globe qui, fuivant cet auteur, n’avoit
pas encore acquis une conftitution phyfi-
que, propre à la produdion des végétaux.
L’on voit que Moro n’a pas dans
fon hypothèfe commencé par l’ordre de
j chofes le plus effentiel aux opérations qui
i dévoient fuivre.
i Ainfi, le*globe de la terre n’a pu éprou-
j ver les embrâfemens des feux fouterrains
j dans les deux premières époques, c’eft-à-
j dire , lorfque ces feux ont dû fo u lever
j les malles énormes des montagnes primitives
, ou former les montagnes du fécond
ordre , puifque fuivant une des fuppofitions
les plus effentielles du fyflême , il
n’â*dû fe trouver fur -le- globe aucune
produdion végétale. D’ailleurs, , il ne
paroît pas que les végétaux aient eu le
tems de fe multiplier affez abondamment
dans la troifième époque pour former
les charbons de terre néceffaires à la pro-
dudion des montagnes du troifième ordre,
qui ont dû exiger des éruptions volcaniques
auffi longues qu’étendues. Il faut
donc reconflruire de nouveau le globe
de Moro dans cette partie.
Seconde Confédération.
Moro en foulevant par l’adion des
feux fouterrains certaines parties de la
furface du globe de la terre, & fur-tout
les' montagnes qui renferment dans leurs
couches les dépouilles des corps marins,
avoit pour but de faire voir que les
eaux de la mer ne fe font pas portées
au degré, d’élévation où. fe trouvent ces
corps marins , & par conféquerit d’être
difpenfé de fuppofer autour du" globe une
malle d’eau énorme qui le couvrît à plus
de deux mille toifes. au-deffus du niveau
aduel de , la merf c’eft dans ces vues
qu’il ne donne à cette maffe d’eau qu’une
profondeur de 173" toifes.
En fécond lieu, il a cru qu’il ferûit
difpenfé d’avoir recours aux reffôurces
que plufieurs geologiftes ont mifes en
ufage, lesmns après les autres, pour réduire
l’eâu Me, la mer à la quantité apparente
qu’elle a maintenant dans fon baffin , &
fur-tout pour en faire difparoître le fur-
plus, ou dans l’abîme , ou dans des cavités
îbuterraines que ces naturaliflesont entrouv
e r t e s , fuivant les befoins qu’ils en avoient.
Mais en évitant ces deux inconvéniens
qui font, il faut l’avouer, • allez graves,
on doit convenir qu’il a fait, ufage de
moyens violèns pour foulever a différentes;
reprifes certaines parties de la furface du
globe à des hauteurs très-confidérabies..
Nous avons fait voir‘que fon globe n’étoit
pas préparé, comme il convenoit pour;
fuffire à çes moyens., D’ailleurs,, if ne
nous indique pas comment des malles,
énormes foulevées -à_ces hauteurs , ont pu
s’y foutenir fans éprouver à la fuite des
tems des éboulemens & des affaiiTemens
multipliés qui auraient mis les plus grands
défordres à la furface d’un globe orga-
nifé d’ailleurs par de fi terribles cataftro-
phes.
Troiféème Confédération.
On doit favoir quelque gré à Moro,
d’avoir diflingué" trois époques différentes
dans . les opérations des incendies &
des. embrâfemens qu’il met en aétion ,
puifque les obfervations l’autorifoient- à
nous indiquer trois. 'ordres de maffifs qui
fubfiffent- bien réellement à" la furface de
la terre, & qui nous, ont offert les diffé-
rens caraâères .que cet auteur décrit. Nous
Voyons d’abord qu’il a foulevé plufieurs
parties du globe où l’on ne trouve ni
couches ni corps marins ; ce font ces
parties où npus retrouvons les montagnes
primitives, & ces foulevemens ont eu lieu
dans des tems où les éruptions des feux
fouterrains n’avoient pas, encore produit
de courans , & où il n’exiftoit encore ni
végétaux ni animaux.
Cependant on ne voit pas pourquoi
dans ces premiers tems les feux fouterrains
ont foulevé feulement lès maffifs des
montagnes primitives fans fe faire jour à
travers, fans vomir des matières fondues
8c les étaler autour de leurs cheminées ,
pendant qu’à d’autres époques ces mêmes
feux, ces mêmes embrâfemens ont, noiv
feulement percé la croûte de la terre ,
mais encore jette des matières fondues
qui, en s’étendant fur une grande fuper-
ficie, ont formé des bancs & des couches.
Leur affemblage a été enfuite foulevé par les
’mêmes feux Souterrains qui ont établi à
la furface, du globe le lecond ordre de
montagnes, où il y a des couches fan»
aucuns veiliges de corps marins ou de
végétaux. Cependant un grand nombre
de naturaliftes aflùrent avoir trouvé dan»
ce fécond ordre de montagnes des dépouilles
de corps marins & des empreintes de
végétaux : il réfulte donc de cette ôbier-
yation que Moro a reculé fans, -raifon ,
d’une époque ,1a produâion des végétaux
& des animaux fur fon globe ; mais ce
qui doit embarrafler fes partifans , ç’eft
qu’on n’y rencontre pas les. produits du
feu qui ont dû former les’?.bancs, & les
couches de toutes ces montagnes du fécond
. Ordre. On fent bien qu’une partie He ces
obj eïbions eft applicable aux montagnes
du, troifième ordre , aux collines , &c.
formées de même par cette alternative
d’embrafemens qui verfent des coùrans ,
d’abord dans le fond de la mer , & qui
enfuite foulèvent ce fond couvert de dépôts
calcaires à une certaine hauteur fans déranger
i’uniformité-& la régularité des bancs
& des couches,.
Quatrième Confédération.
Il n’eft pas douteux que plufieurs montagnes
n’aient été formées par- les feux
fouterrains; mais elles n’ont été formées
que d’une feule manière , c’ell-à-dire, par
l’éruption des matières fondues-qui fe font
fait jour au moyen des bouches de volcans;
on ne voit pas que - le" fol des environs
des cratères, & que les courans de laves
aient été enfuite foulevés: Le feu ayant
eu la facilité de prendre fon effor
par les cratères ouverts, ne fait plus aucun