
comme dan? celles de l’ancien. Mais
comment ell il arrivé que cette fépara-
tion des continens fe foie faite par deux
bandes de mers qui s ’étendent depuis les
contrées feptentrionales , toujours en s’é-
largiffant, jufqu’aux contrées méridionales,
puîfquele mouvement général des mers
le fait d’Orient en Occident ? Buffon
regarde cet événement comme une nouvelle
preuve que les eaux font primitivement
venues des pôles, & qu’elles n’ont gagné que
fucceffiyement les parties de l’Equateur.
Nous avons déjà dit que leur mouvement
général a été dirigé des pôles à l’Equateur,
& que comme les eaux venoient en
plus grande quantité du pôle auflral, elles
ont formé, de yaftes mers dans cet hémi-
fphére , lefquelles vont en fe retréciflànt
de plus en plus dans l’hémilphere boréal,
& jufque fous le cercle polaire ; & il y
a fi peu de difiance entre les deux continens,
vers les régions de notre pôle,
qu’on ne peut guère douter qu’ils - ne
fufient continus dans les tems qui orït fuc-
cédé à la retraite des eaux : & fi l’Europe eft
aujourd’hui féparée du Groenland, Buffon
penfe que probablement il s’eft fait un
affaiffement confidérable entre les terres du
Groenland & celles de. Norwege & de
la pointe de l’Ecoffe dont les Orcades, fille
deShettland, celle deFeroë, d e l’Iflande,
& de Hola , ne nous montrent plus que
les fommets des terreins fubmergés : & il
attribue à un effet tout femblable la fé-
paration de l’A fie & de l’Amérique vers
le Nord.
Il préfume encore que non-feulement
le Groenland a été joint à la Norwege &
à l’Ecolfe maisauffi que le Canada pouvoit
i ’être à i’Efpagne par les bancs de Terre.
Neuve, les Açores & les autres iffes & hauts
fonds qui fe trouvent dans cet intervalle de
mers. L a fubmerfion en eft peut-être
encore plus moderne que celle du continent
de l’ISlande. L ’hiftoire de l’ifle
Atlantide dont la tradition s”eft confèrvée
ne peut s ’appliquer qu’à une très-grande
terre qui s’étendqit fort au ioip de i ’O ccSdent
de l’Efpagne. Buffon penlê que U
diftance de l’Efpagne au Canada, quoique 'N
beaucoup plus grande que celle de l’Ecoffe
au Groenland , eft la plus naturelle de
toutes pour le paffage ' des Eléphans
d’Europe en Amérique. Mais de très-
fortes. raifons le portent à croire que1 cette
communication des Eléphans d’un Continent
à l’autre a dû fe faire plutôt par
les contrées- feptentrionales de ■ l’A fie.
D’abord le peu de profondeur qu’ont
les mers orientales au-delà & au-deffus
de Kamfchatka ; eufuite le grand nombre
d’ides- groupées & fuivies qui fe trouvent
dans le détroit de Eeering prouve que
la deftruftion de l’ifthme s’eft opérée aifé-
ment, & que pendant qu’il fubfiftoit ,
il a ouvert un paffage facile d’A fie en
Amérique pour ces animaux, à moins
qu’on nefuppofe que les Eléphans & tous
les autres animaux aient été créés en grand
-nombre dans tous les climats oùla.tèmpé-
rature pouvoit leur convenir. Buffon en-
vifage - enfuite ce qui exiftoit dans fin-
térieur des terres avant la rupture du
Bofphore & celle du détroit de Gibraltar,
& croit que la mer Noire réunie à la nier
Cafpienne & à l’A ral , formoient un balîîrs
double de ce qu’il en relie,,& qu’aucontraire
la Méditerranée étoit, dans le même tems,
de moitié plus petite qu’ elle.ne l’eft aujourd’hui.
Effeflivement, tant que les
barrières du .Bofphore & de Gibraltar ont
fubfîfté , la Méditerranée n’étoit qu’un lac
d’affez médiocre étendue, dont , l’évaporation
fuffifoit à la recette des eaux du N il,
du Rhône & des autres rivières qui lui
appartiennent; mais en fuppofant que le
Bofphore fe foit ouvert le premier, la
Méditerranée aura des-lors fortaugmenté
& en même proportion, que le baffin
la mer Noire & de la Cafpienne aura
diminué. Cette rupture du Bofphore a
r roduit tout-à-coup une grande inondation
permanente qui a noyé toutes les
terres baffes de la Grèce & des provinces
adjacentes. 1
Enfuite il y a eu un fécond déluge, lori-
«jus la porte du détroit de Gibraltar
s’eft ouverte ; les eaux de l’Océan ont
dû produire dans la Méditerranée une
féconde augmentation, & ont achevé
d’inonder les terres qui n’étoient pas fub-
mergées. Ce n’eft qu’après ces deux
grands événemens que l’équilibre de ces
deux mers intérieures a pu s’établir, &
qu’elles ont pris leurs dimenfions telles
que nous les voyons aujourd’hui.
Buffon confidère l’époque de la fépa-
ration des deux contipens & celle de
la rupture de ces barrières de l’Océan &
de la mer Noire comme étant plus anciennes
que la date des .déluges dont les'
honim.es ont confervé la mémoire. Celui
de Deucalion , n’eft que d’environ quinze
cens ans avant Père 'chrétienne & celui
d’Ogygés de dix huit cens : ans. Tous
deux n’ont été que des Inondations particulières
dont la première ravagea la
. Theffalie 6c la fécondé lés terrés de
l’Attique. Tous deux n’ont été produits
que. par une caufe particulière, & paffagère
comme leurs effets. Le déluge de l’A r ménie
& de l’Egypte dont la tradition
?’eft co.nfervée chez les égyptiens & les
hébreux, quoique plus ancien d’environ
cinq fîècies que celui d’Ogygés-, eft encore
bien récent en comparaifon des événemens
dont qious avons parlé : & Buffon n>,us
affureque le tems où les Eléphanshabitoient
les terres du Nord étoit bien antérieur
à cette date moderne. Car nous favons
par les livres les plus anciens que l’ivoire
fe droit des pays méridionaux.
Les événemens de la mer- Noire & de
la rupture de l’Océan , par le détroit
de Gibraltar , quoique poftérieurs à l’éta-
bliffement des animaux terrellres dans
les contrées du Nord, ont peut-être précédé
leur arrivée dans les terres du
Midi.
Lorfque toutes les eaux ont été bien
établies fur le globe , leur mouvement
^’Orient en Occident a non-feulement
efctrpé les revers occidentaux , de tous,
les continens, & porté l’Océan contre
les pentes douces des terres orientales,
mais encore il paroît avoir tranché toutes
les pointes des continens, avoir forme
les détroits de Magellan à la pointe da
l’Amérique , de Ceylan à la pointe do
l’Inde, de Forbisher à celle du Groenland.
C ’eft à peu-près dans ce même tems
que l’Europe a été féparée de l’Amérique
, l’Angleterre de la France, l’Irlande
de l’Angleterre , la Sicile de l’Italie, 6c
la Sardaigne de la Corfe. C ’eft auïïï dans
ce même tems que les Antilles, St-
Domingue & Cuba, ont été détachés du.
continent de l’Amérique. Toutes ces divi-
fîons particulières, étant contemporaines
à la grande réparation des-deux continens,
Buffon les regarde même comme les fuites
néceflàires de ce tte : divifion , laquelle
ayant ouvert une large route aux eaux de
' l’Océan, leur aura permis d’attaquer , par
! leurs mouvemens, les parties les moins fo-t
j lides, de les miner peu-à-peu, de les trancher
; enfin -jufqu’à les féparer pies continens
; voifins.
L ’infpeAion du globe nous indique
qu’il y a eu des bouleverfemens plus
grands & plus fréquens dans l’Océan
Indien que dans aucune autre partie du
monde. Il s’eft fait de grands changemens
dans ces contrées , non-feulement par
l’affaiffement des cavernes, par les tremble-
mens de terre & l’aâion des volcans,
mais encore par l’effet continuel du
'mouvement général des mers qui continuellement
dirigé d’Orient en Occident
' a formé les petites mers intérieures de
Kamfchafka, de la C o ré e , delà Chine,
& a féparé les ifles Marianes 8c celles
de Calanos , l’ifle Formofe, les Philippines,
la nouvelle Guinée, la nouvelle
Hollande, du continent de l’Afîe,
Après la réparation de l’Europe & de
l’Amérique, après la rupture de tous ces
détroits, les eaux ont çeffé d’envahir
de grands efpaces, & dans* la fuite bt
P î