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vîtes fpécîfîques. Dans d’antres endroits, j
cette croûte eft un amas de matieies hétérogènes
que le-hafard femble y avoir jet-
tées. On y voit differentes natures de
terres, deJ fables, de cailloux ineiëes
enfemble avec des relies de matières animales
& végétales; enfin des amas im-
menfes de fables couvrent la lu ï face du'
globe - jufqu’à des profondeurs confidé-.
Tables. Sulzer préfume que ces décombres
ne font pas la matière primitive dont '3
terre ait etc couverte dans fa premiere
formation. Ces fables qui couvrent des
régions, entières, ne font que les-effets
de la décompofition des roches & les
cailloux de gros débris de montagnes.
De toutes ces eonfidératiôns , Sulzer
fe fait la queftidn fuivante : Pa- quelle révolution
lu terre a t^elle été couverte de cette
croûte hé-érogène'?' Mais pour y répondre
Sulzer écarte les. principales hypoçhèfes
par lefquellss certains phyficiens ont
prétendu réfoudre ce problème afin de riat-
tacher à un moyen particulier que nous
indiquerons par la fuite.
Nous devons dire d’abord que cette
expofition des phénomènes qui précédé
eft fort vague, & qu’il s’en faut bien que-
les drconftances effentieiles s’y trouvent-,
préfentées comme if convient. Sulzer-
prétend cependant que-leur folutipn l ’avoir
occupé depuis bien des années y lorfqüe
dans un voyage qu’il fit aux montagnes,
d’H ercynie, il eut dceafion d’examiner
de nouveau plufieurs particularités relatives
à cette matière,'
La première idée qui le frappa, eft que
fi l’on fermoit un paffage dans ces montagnes
par une digue, une petite riviere
ne trouvant plus d’iffuq, fe gonfféroit
6 convertiroit la vallée en un lac fort
profond. Il imagine enfuite que les eaux
de-ce lac trouvant quelques fentes , quelques
ouvertures dans la bâfe des montagnes
par lefquelles elles puiffent fortir ,
la grande preffion que la malle d’eau exer-
çeroit fur le fond du -làc dont la profondeur
àuroit été de plufieurs centaines de
pieds, la feroit fortir avec unè impétuo-
fité à laquelle rien ne réfifteroit. Elle ne
oeaiiqueroit pas d’élargir peu à peu le paffage
& emporteroit tout ce qu’elle rançon-
tre-roit dans fon chemin 5 çhariant terres 9
fables & pierres en fi grande quantité &
avec tant de force ,- qu’on trouveroit la
laine inférieure couverte dettes dé-
conrbresj L ’ouverture qu’en. fuppole au
pied de la m magne-, s’etant aggraudie
af 1 i-mpétuofîtë des eaux , une partie de
ia montagne ayant perdu fa bdfe fe feroit
écroulée, les décombres de celte
montagne fe - feroient répandues fur la
> lainet
Ces différens moyens firent comprendre
à Sulzer. comment certaines campagnes
ont pu recevoir les débris de montagnes
allez éloignées ,' & -comment ces débris
ont- tu être accumulés jufqu’à des fauteurs
iconfidërables. Il c.roirmême qu’il peuty
avoir eu des cas où 1 amas fie ces décombres
aura été fi confidérable, qu il aura
comblé le fond de l’Océan près des cotes,
& obligé les eaux à reculer. -
-Ayant pouffé enfuite' plus loin ces réflexions,
i f à paru à Sulzer qu’il ctoit
très poliible .dé déduire l’état aftuel de
la furface ;dii globe d’un grand nombre
d’inondations femblables ; qui fe font
fuc.cédées les unes aux autres dans de
longs intervalles. C’eft d’après cette- dif
j culfion qu’il s’eft hafardéri de propofer
la çorjjefture qui lui a paru fuffifante pour
refoudre de problème précédent dans
toute fon étendue,
I l fiippofe d’abord que dans la conftitu-
tion primitive de la terre,- toute fa furface
a été couverte d’eau à l’exception des endroits
qui font aujourd’hui les grandes
chaînes'de montagnes, lefquels formoient
alors autant d’ifles au milieu de l’Océan.
- ; Sulzer
Sulzer s’eft perfuadé; que la fuppbfition
n’avoit1 rien qui ne dut très.--probable., Il
croit même que c’eft une vérité démontrée,
quand il confidère que dans tous les pays
plats on peut creufer jufqu’à dés.profondeurs
qui font au-delfus du niveau actuel
de ia tirer , fans qu’on trouve ni couches,
ni aucunes autres matières qu’on .puifl’e
prendre pour originaires. Il va plus loin,
il ne doute pas que les terres qui font
aujourd’hui le fol despaÿsplats, néfoienten
grande partie compofées de décombres ,
qui par conféquent n’y ont pas toujours
été. Cela nous fait voir , félon lu i, comment
les eaux, dç; l’Océan ont pu füffire
pour couvrir toute ia furface de la terre ,
à l’exception des hautes montagnes ; en
forte que fi encore aujourd’h u i:on pou-
■ voit ôter par - tout les terres étrangères
& adventices : des endroits où elles ont
été dépofées & les rémettre fur les mon
tagnes,' là quantité d’eau fur ce globe
fuffiroit pour couvrir toutes les plaines.
Dans cet état “primitif , les vallées
qui forment les montagnes n’étoient pas'
encore ouvertes ; toutes les ihoutagnes
préféntoient dans leurs concours des p ro montoires
inaccefïïbles. Les vallées intérieures
étoient toutes remples d’eau &
formoient par conféquent autant de lacs
dont les eaux n’avoiënt aucun écoulement,
n’y avoit point alors fur la terre de
ruiffeaux ni de rivières d’un cours libre,
Vu que'les montagnes n’étoient point ouvertes
encore pour donner palfagé aux
eaux dés lacs. Les vallées recevoiënt toutés;
les eaux des fources, mais ne les verfôient
pas au-dehors. -"r
D’après toutes ces fuppofitions, Sulzer
imagine que dans plufieurs. endroits ces
lacs ont pu former des cafcades Je longées
promontoires , de .forte - que dans
cet état même , quoiqu’il n’y ait pas eu
d.e rivières, il ÿ a eu uife circulation continuelle
des eaux de l ’Océan & de l’Océan aux
fources, moyennant ces cafcades & l’évaporation
qui eu a été ia fuite. D ’ailieurs Sulzer.
Géographie-P hyfiquc. Tomé I .
eft porté à croire que quelques-uns de ces
•lacs ont pu avoir une profondeur de quelques
milliers de pieds; car plufieurs vallées
entre les grandes montagnes ont actuellement
cette profondeur.- Un lac de cette
profondeur doit avoir exercé une preffion
prodigietife, tant contre le fon d , que
contre les bords voifins de ce fond; cir-
conftance à laquelle on defire qu’on falfe
une attention particulière.
A ces fuppofitions, Sulzer croit devoir
joindre une obfervation connue de tous
-ceux 'qui ont voyagé dans les grandes
montagnes ; c’eft que les rochers qui font
proprement ia fubftance & le noyau de
ces montagnes, expofés.tantôt à.la féche-
reffe , tantôt à l’adion de l’humidité, font
.ordinairement fendus en tous fens.- Ces
caufes produifent deux effets elfentiels,
fuiyant Sulzer , dans la matière dont il s’agit.
Il voudroit nous faire croire qu’au
fond des. lacs dont on vient de parler, il
s ’eft formé peu à peu un amas de pierres ,
grandes & petites , tombées des fommets
des montagnes, & un fédiment confidérable
de fables, de terres & d’argiles, produits
par la dilfolution des rochers.
Eu .s’arrêtant maintenant fur cet état
des.chofes, & confîdérant la terre avec
toutes ces formes primitives, on la concevra
d’abord couverte d ’eau p a r - to u t,
excepté que dans cet Océan on verra peut-
être une vingtaine d’ifles très-hautes. En
Europe les Pyrénées, les Alpes , les montagnes
de Bohème, d’Hercynie ,.de Thrace,
formoient ces îles. L ’océan lavant les pieds
déboutés ces montagnes , il n’eftpas étonnant
qu’on trouve encore aujourd’hui des
coquilles & d’autres dépouilles d’animaux
marins aux. endroits ou la mer a fé-journé
autrefois. Dans chacune de ces itles , il y
avoit alors un grand nombre de lacs d’une
profondeur très-confidérable, & les fonds
de ces lacs -étoient remplis de terres , de
fables & de pierres de toutes grandeurs.
Dans cet é ta t, des caufes' non-feulement
y y y