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qui, d’un grand lac qu’il étoit auparavant,“
augmenta de telle forte, qu’il déborda dans
la Propontide, ( ’aujourd’hui mer dé'Mar"
mara) , inonda l’Arch ip el, ré&rifant les
habitans de ces contrées à fuirpfur- les
fôminets d.es' montagnes. On prétend
même que ce débordement couvrit une
partie des côtes de i Aile ^ auifi que les
parties baffes de la.Thra.ee, de la Macédoine,
mais fur-tout laTliefl'alië, la Béotie.
& . l ’Attique, vers lefquelles l’impétuotité
des eaux étoit dirigée-.*
1*5) Quels changemens les ifles : de la mer'.
» Egée ne reçurent-elles pas alors ,,. dit
ft Toutnefort '( lettre quinzième, de ■ fom
» voyage' aü Levant j) fur-tout celles
» qui le -trouvent expofées comme en.
ligne’ drojtev puifqueSamothrace, qui
» efl à côté—du. canal , en fut tellement
V . inondée ,• que fes habitans ne favoient
x à quel dieu fe'^voiiêr. 11 'en. faut juger
» par l i , violence du cqiyp■ quë'les- eaux
#- portèrent dans la nier de Grèce. Ert-ilj
» furprenant , ajoute-t-il,, que les plus:,
» anciens auteurs , hifioriens & pcëtes
x aient publié que'plùiieurs ides s’étoient
x autrefois; abîmées dans l’Archipel ; &
» qu’il s’en étoit formé de. nouvelles !
d Peut-être que la fameufé Dèlos ne parut'
» que dans ce tems-là , & que les peuples'
x de’s ifles- voifines lui donnèrent ce nom
x qui lignifie manifefle. On traite neart-
» moins la plupart 'des auteurs anciens
» de rêveurs, de conteurs de fables. Que
x ne fàuriorit-no.us .pas , fi fes ouvragés
« de ceux quLavoient décrit tous ces
» 'changemens, étoient paffés jufqu’à nous
» comme-ceux de Diodore ? Ce qui. nous
X p'aroît le plus ^incroyable dans. Pline ,
» ne font peut1 être' que les meilleurs
» morceaux 3 e\ pkmeurs auteurs qui.
» avoient écrit fur ces matières^ & dont le
» réfie efl perdu.
On peut voir dans Tournefort, l’examen
qu’il fait enfuite du Bofphore de
Thrace, de fes-côtes & de leur forme
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Cbrrefpondante qu’il regarde comme les
effets de cette résolution. Quand «même
on ri’admettroit pas tous ces détails, comme
fondés , il faudra toujours en conclure
que, les Méditerranées fplit, fans contredit
f ie s parties -du1 baffin de la mer , qui
ont éprouvé des changemens plus" marqués
.& plus étendus.
| On pourroit faite voir qu’il eff furverm
pareillementbeaucoup de-çhangemensdans
le lit des fleuves & fur-tolit vers leurs
embouchures ; que même, la quantité
moyenne de Feau. qu’ils charient, : a varié
infiniment dans diverfes 'époques-:*;.par
conféquèAt on ne peüt dire que; les fleuves
& les Méditerranées , envifagés .foüs_ les
rapports' que je viens d’ind’iq’uer , foient
auffi anciens que le Monde.
X I V .
S é n è q u e ,
Sur toriginedèla mer, & fur ies changement
de fori baffin.
Mais'd’où vientia mer : fir nier efl. auffi
ancienne, que lé globe; elle a les conduits
& fes réfërvoïrs qui lui donnent impulfion
& fourniffent.à fon flux. L ’eau douce a
«commé la. mer des' baflîns immenfes &
cachés que tous lés fleuves avec leurs
cours n’épuiferqpt jamais; ces reffources
intérieures font vôiMés.ànos yeux : il n’en
fort que lefuperflu dont elle fe débarralfe.
Réflexions fur' les differents changements
que le bajfln de l'a mer a. pu, éprouver.
Nous ne répondrons pas dhreâementicr
à cette queflion fi intéreffante., mare unde
efl ? nous nous contenterons feulement de
faire quelques remarques fur les différents
changements que le baffin de la mer a pi»
éprouver
Comment
Comment les; eaux de la mer ont-elles
été recueillies dans fon baffm ? Grande &
belle queflion que le naturalise' ihftruit
né doit pas rél'bu'dis comme Seneque.
Depuis qifon étudié l’ol'gamfâuon des couches
« füpérficMles des cbntirfens, & qu’on
fait qu’une'.granSé ;partieivde la terre,
'ferme a étë.ün fond de mer-, 011 ne; peut
pas dire , comme cet ancien piulofbr.he ,
que. tel amas d'eau , telle forme ditbadin ,
luit auili ancienne que le globe.. Cette
affertipn ne peut être plùs fondée-, quej
cellefp'ar laqtrelle^on dé'cidqrbit que les.
couches hprilô'ntaies , 'forrnées des 'débris'’
& des dépouilles des animaux marins,
foijt de la même date.
Malgré la certitude & le concert des,
oblervations qui prouvent que le baffin de?,
la mer n’a pas toujours été renférmé dans
les mêmes limites, On a vû plufîeurg écrir
vains. prétendre en infirmer les réfultats
commeinjurieux à /ordonnateur de toutes!
chofes,. Ils njbnt.pas vu d’abord que çewef
force, aâlvë .d'épartig à la nature'pour la
produâion fucceflwé des êtres organifés,
& la formation d’une partie de nos continents
par les débris de: ces êïres, é to it’
un arrangement àùuî digne, dé la divinité,
que celui qui“ leur' pîaifoit' davantage , &
fuivant lequel le . globe de la terre une
fois formé , n’âüroit éprouvé ni additions
ni deftrudions à fa furfjcev«Cepeiidant
on s’efl accoutumé infenfiblemèqt à cës
vérités , & il.paroît qu’on ’ convient aflèzfi
:généralement aujourd’hui, en cbnféqüence
de l’examen des parties 4e nos continents
abandonnées par la mer, que fon baffin ri’eft
plus le même qu’autrefois: m«iis il nes.’en-
fuit pas de ces obfervations, qu’iffoii diminué
de toute l’étendue de la fuperficie, dçs
continents qui a été fond de mer; il faudrp.it
être aflùré , ce me femblç , que» ce baffin
Occupât en même teins- la même portion-,
du globe où il fe trouve refferré, ce qui
annonceroit une diminution coiifîdéraÿe.
des çaux de la mer-,, ainfi que le prétend
fens. aucune preuve, l’auteur de Telliapicd.
Ce ographix-Phyfiqui. fgattj
Il ne paroît pas non plus que la marche
de la mer * de l’O rient en Occident, foit
1 çonûatée «par auçun fa it, & que des obfer-
vationÿfcbfrefjiôndàntes, autorisent à croire
que* l’Océan anticipé, .fur certaines côtes
orientales , autant de tea«rein qu’il en abandonne
fur d’autres côtes occidentales. Toût
ce qu’on g pù allégusr relativement à ces
pertes récentes, n’indique aucunement que
l’effort dès flots contre certaines côtes ,
Occafionne -la.retraite de la mer de deffus
d’autres epies oppofëes , & que l’Océan
fe porte toujours vers les parties qu’elle
ffia^pas recouvertes , en abandonnant en
, même, raifpn les portions des contin'ens
»qu’èlle'a formés. Pour établir cette hypo-
tfièfe, on ri’a cité que des dépôts informes
& abondants , faits par des « fleuve*
à leurs embouchures- , plutôt que des pr'o- ,
. longqmens de çontinens formés dans le
baffin de la mer & organifés par elle.
Ces obfervations., d’aillëurs , étalées à la
»«fuite du texte de'certaines théories de la
terre, indiqueroient, fi elles prouyoient
quelque chofe, que la mer a autant aban-
. donné dé terrein fur les côtes orientale*
de PAmérique, que fur les côtes occidentales
de l’Europe & de l’Afrique ; & autant
à l’embouchure du fleuve des Amazones,
par-exemple, qu’à l’embouehure du Rhin
& de la Meufe.
D ’un autre côté, fi l’on juge de la retraite
de la mer par les couches horifontales qui
font.à découvert le long de fes bords, on en
trouvera -tout autant le long des côtes
orientales de l’Amérique ou .de l’A f i e ,
que le long des côtes" occidentales de
l ’Amérique & de, l’Europe. Au refle ,
quoique le. déplacement du baffin de la
mer né paroiffe pas avoir été fucceffif,
& dans le feus qu’on l’a fupppfé , il n’en
efl: pas moins réel, fi on le confidère
abfoiument.
I l refteroit à décider préfentement ,
comment «’efl opéré le déplacement du
N n n