
que là où les bords font efcarpés, la'nier
ronge effectivement, mais jufqu’à ce qu'un
plan incliné foit établi dans la région battue
par les vagues & pas plus loin ; car on lait
que les courait? n’ont pas lieu à de.très-
grandes profondeurs , & que leur effet
fur les côtes fe borne à détruire quelques
promontoires & à remplir quelques baies.
Au relie , des effets auffï bornés ne peuvent
fervir de bâfe à aucun fyllême où les opérations
de la nature font généralilées a on
voit par-là que la prétendue démolition
des continens, fi elie avoit lieu ne feroit
qu’accroître l’étendue des continens déjà
exiftans , & n’en formeroit jamais un nouveau
dans Us profondeurs de l'Océan , ainli
que l’auteur l’imagine.
P roposition IV . « Il règne fous les
» eaux de l’Océan une chaleur exceflive ,
» par- laquelle les matériaux détachés qui
» arrivent fucceffivement des rivages font
» fondus & changés en de nouvelles cou-
* ches pierreüfes. »
La fuppofition fondamentale de cette
proposition ell li peu probable , qu’il ne
femble pas qu’on doive en difcuter férieu-
fement les conféquences. Cependant l’auteur
, appuyant fon fyftême de minéralogie
prefqu’entier fur l’idée d’une fulion
qui auroit eu lieu, dans les fublîances minérales
, fulion q u i, fuivant fon aveu , elt
d’un genre lingulier , ear elle les auroit
]aidées chacune à leur place & avec leurs
formes primitives , il faut donc la difcuter
ic i en peu de mots.
L ’auteur .attribue à la preiïion énorme
des eaux de l ’Océan fur les fublîances
fondues au-deffous , la permanence de
celles-ci dans leurs formes & fituations
relpeflives , malgré l’aftion du feu qui les
liquéfioit. Il croit que l’eau fortement
comprimée peut fupporter une chaleur
ronge fans changer d’état & fe rédube en
vapeurs , & nous n’avons cependant aucune
connaiffance de ce qui peut fe paffer
à cet égard fous les eaux de i’Oçéah,
Quand même on accorderoit à la.com-
preiïion tout l’effet que Hutton lui att ribtie
il ne paroît pas qu’il foit plus fondé pour
admettre l ’exiltence de ce grand feu fous
la mer : car peut-on croire que li le fond
du balfin de l ’Océan étoit une fournaife
ardente , il n’arrivât pas quelque chaleur
au couvercle , & qu’on n’en découvrît pas
au moins quelques fymptômes'en fondant!
Ce qui n’arrive pas. ,
Proposition V . a A l ’époque où un
» certain ordre de continens ell à-peu-près
» détruit fur notre globe , les matériaux
« d’un ordre plus ancien, arrivés dès long-
» tems à la mer font confolidés en couches
» pierreüfes , & alors la même chaleur qui
i) les a ainli préparés à former de nouveaux
\» continens, les ioulève & leur donne ce
» caraâère. »
Quand même on accorderoit pour un
moment la préparation des. matériaux par
la fulion foujmarine, en n’en ell pas moins
.en droit de demander quelle ell la caufe
qui a pu donner tout-à-coup à ce feu ,
fi profondément enfeveii, l’énergie fuffi-
fante pour foulever la rnalfe énorme qui le
comprimoit & pour.en faire un comment?
& pourquoi ce feu n’ auroit exiffé que fous
les continens à former & non pas fous les
continens à détruite ? L ’auteur ne touche
i as à ces queflibns : mais il donne carrière
à fort imagination pour décrire les réfultats
de cette explofion & pour montrer qu’elle
. a dû produire des faillies irrégulières ,
tourmentées, en un mot, des phénomènes
analogues aux faits obfervés dans les différentes
montagnes. Mais pour arriver à ces
i éfultats , il femble que l’auteur a confinât
un échafaudage nullement fondé fur des
principes phVfîques.
Pour nous prouver la poffibïlïté dés
effets qu’il attribue aux exploitons des feux
foumarins, Hutton nous cite l ’apparition
d’ une île nouvelle près de Saruorin dans
-l’Archipel, à la fuite d’une éruption vol'
j caniqué. Suivant fes prétentions, l’ilede-
, vroit offrir un fyllême de couches formées
1 au fond de la m e r , mais diversement inclinées
& bouleverfées par l’effet du fou-
leventent. Cependant nous favoris , par
des témoins oculaires , que cette île nou-
I velle ne parût au-deffus des flots que comme
un amas informe de pierres ponces & de
[ feories vomies par la bouche du volcan :
ainfi l'exemple choifi par l ’auteur prouve
| le contraire, de fon affertion.
D’ailleurs, comme je l’ai déjà obfervé
dans la notice de Lazzaro-Moro, comment
[ cefond de mer foulevé peut-il fe maintenir
I en cet état fur de grands vides ? comment
I ne retombe-t-il pas après que les fluides
I élafliques qui l’ont foulevé fe font fait jbur
I au-dehors ï L ’auteur qui s’eft fait ces'ôb-
I jeftions, n’a pas cru devoir y répondre,:
I nous ne nous en occuperons pas davantage.
Les motifs de fécurité qu’on voudrait
I tirer des pays volcaniques ne peuvent être
I mis en avant, parce qu’on néconnoît point
I ce qui fe paffe dans leurs foutérrains.
j Proposition V I. Les opérations alter-
I » natives, de continens détruits par l’aétion
I» des eaux courantes & de continens nou-
I » veaux fortis de la mer , ont été déjà
I » répétées On nombre innombrablède fois
I » fur notre globe , à des intervalles féparés
I» par des millions de fiècles. i> .
j L’auteur de cette propofition femble
■ vouloir l’appuyer en foutenarit qu’il y a
I un fyllême dans la nature qui produit lië-
[ceffai renient une fucceffîon de mondes ou
|de continens : qu’en cônféquençe il y a'
j régularité & confiance: dans les révolutions
j géologiques comme dans Jes révojutions
|aes planètes^-ce qu’il eft bien éloigné de
I pouvoir prouver. .Nous ne rappellerons
■ pas non plus.ee qu’on lui a oppofé contre
I I extrême durée de ces révolutions ce
l n ell -quîen fuivant les opérations dé la
I Rature bien avérées & non hypothétiques,
Iffaon pourra prendre & donner des idées
| claires & prccifes fur la durée de nos con-
] tinens. Il paroît que, fi d’un côté il y a
j de l’exagération , de l’autre on ne peut fe
ddîimuier qu’il n y ait beaucoup de vues
bornées & rétrécies.
Proposition V I I . “Nos continens font
» les derniers dans cette férié d’opérations
». qui produifentj alternativement la mer &
» la terre dans une même partie du globe :
» ces continens font dans un état de dé-
» croiffement ; leurs matériaux font fuc-
» cefiivement difféminés, d’abord fui les
1 » terres baffes où iis forment un terreau ;
' » puis fur le lit de l’Océan où ils vont
» préparer, par leur fulion ,■ les continens
» à venir. Cette opération,en particulier,
i » a déjà duré des millions de fiècles. »
L ’auteur ajoute que la fuppofition la
, plus raifonnable qu’on pourroit faire à ce
’ fu je t, feroit celle qui admettroit que la
1 maffe de laquelle le mont Breven & toutes
j lèsau très montagnes ont été formées, étoient
1 au moins auffï hautes que le fommet du
i Mont-Blanc. Dans cette ffation élçvée, la
1 maffe a fouffert la plus grande dtflruâion
; par les différens agens que la nature em-
iploie chaque jour à compofer la terre
{.végétale pour les plantes & les moyens de
(fertilité pour les, animaux. Ce font des
ivérués dont, on peut recueillir des preuves
’ frappantes prefque partout.
On remarque d’ailleurs que l’aélion & le
jfrottement de toutes les: matières dures qui
jont roulé, pendant des fiècles entre ces
{hantes montagnes , ont dû creufer la malfe
jfolide qui rempliffoit jadis leur intervalle
j jaâuél' Comment imaginer qùe cette vallée
dèChaæouny.ait étéoriginairementformée
.dans l’état où elle eff'î
En même tems que Hutton cite en
preuve de l’aâion qui a foulevé les con-
tinens , le défordre aftuei A les grandes
fentés & découpures de leur furface ; il
veut d’autre part faire envifager cette maffe
■ 1 foulevée comme ayant été continuée entre