
tenant d’ailleurs à diverfes opérations de la
nature , que les naturaliftes ont confidéré'es
fous des points de vue totalement oppo-
fés. Il faut fe fouvenir ici que nous fuivons
Lehmann fans difcutér ni fes hypothèfes,
mi fes opinions;
Des montagnes compofées de couches , &
qui accompagnent ordinairement les montagnes
primitives.
efforts , en furent entraînées & déplacées,
"D’autres Furent réduites en une terre
fubtile ; d’autres enfin ^demeurèrent entièrement
Après avoir examiné les montagnes qui '
contiennent des filons & leurs différents
càraélères, Lehmann s’occupe particulièrement
des montagnes comp’o'lÿgs de couches
& ,qu’il a comparéeslâvèfc ces. premières.
On les défigne ainfiA parce-; qu’elles font
formées d’un ; afferfiblage de f couches &
de' iifs^de^te’rrçs ;ou..,de pierres. placés
les, uns, fur les autres. Pour les examiner
avec ordre , il traite d’âbqrd de leur formation
: enfuite des lits qui les çompofent,
pûisdes corps étrangers qui s’y trouvent.
Suivant Lehmann ,1 la terre a été formée
par la féparàtion des parties- folides d’àvec
les parties fluides. C ’eift par cetteféparatiôn
mië fe font formées-les montagnes ;& les.
plaines;; une partie des:eaux; léparées a.fervi
à former la mer, & l ’autreparties’eft amaffée ;
dans les abîmes de - :1a terre. Dans cet
état, la terre a été.fujetteà.un très-grand
nombre de révolutions dont la plus con-
fidérable a été le' déluge univerfèl. Or -
ce, déluge., a mis - de nouveau en diffolu-
tion & détrempé... une quantité prodi-
gieufe de parties terrellres. L ’agitation
de cette maffe irnnfenfe d’eau entraîna
de côté & d’autre ces parties terrellres \
qui avoient été y délayées. : Lorfque les ■
eauxfurent montées à leur dernier période,
leur-mouvement;s’affoibjit, parce;qu’ell.es-
fe'-trouvèren.t par-tout de niveau. Cette
grande quantité d’eau dépouilla les plus
hautes montagnes de la terre fertile;
elle frappa vivement*» les roches qui
é.toient au-deffpus de cette bonne terre:
quelques-unes d’entr’elles placées lesunes-
fur les, autres, fans .être liées enfemble ,
& qui ne purent point réfiffer à fes
dépouillées , c’ell ce qu’on
voit dans . une grande quantité de
rochers énormes qui font diiperfés en
différentes contrées.- Outre cette terre
détrempée., l’eau'entraîna encore unepro-
digieufe ' quantité de corps du règne
animal & du règne végétal. Les fom-
’mets des montagnes furent enfin -mis à
fec, les eaux fe retirèrent avec impé-
tuofité, & entraînèrent avec elles encore
beaucoup de parties .des plus hautes
montagnes , & à la fin devinrent tranquilles
dans les plaines. Les matières qui
nagéoient dans ces eaux- achevèrent de
fe- dépofer ; les eaux fe perdirent , une
partie alla fè rendre dans le - lit - de fa
mer ;■ il fe forma des" lacs & de nouvelles
mers : une partie fut diflîpée & évaporée
par les vents , enfin l’autre fe fendit
dans l’abîme. La formation des Les au
milieu des continens ainfi que de nouvelles
mers, fuppofe qu’une quantité prodigieüfe
de terre fut entraînée & délayée par les
eaux elle fervit à former les couches
que ' nous voyons .actuellement. Elles
nousfourniffènt des preuves d’autant plus
convaincantes de la retraite des eaux qui
s’eft faite peu - à - peu , que ces couches
vont toucher au pied des montagnes
primitives les plus élevées, & fe terminer
dans les plaines.
Lorfque Lehmann parle des montagnes
par couches d’après toutes ce's hypo-
thèfes , il ne veut défîgner que celles, qui
vont depuis le fol ou labâfe .fur laquelle
font appuyés les, lits de ..charbons de
terre jufqu’à ce -qui fert de feâfe aux
lits d’ardoife,-& qui va de-là fe terminer
à la fuperficie de la terre. .
V o ic i comment il conçoit que ces
montagnes à couches fe font formées.
Lorfque les eaux du déluge parvinrent
au fommet des plus hautes montagnes,
elles en entraînèrent la bonne terre avec
toutes les plantés , les arbres , les animaux.
Ces co'rps y 'demeurèrent riufpen-
dus pendant quelque teins, & énfni*ils
fe dépofèrent plus ou moins promptement
en raifon de leurpefanteur; fur quoi il
faut obferver que plus lés couches-font profondes
, plus lès matériaux qui les com-
pofent ont de pefanteur fpécifîque &
plus leurs parties font groffiei-és. Comme
les eaux étoient dans une. foi blé agitation,
les lits fe dépoferent allez uniformément
& toujours parallèlement à l ’horifon ,
de maniéré que les dépôts couvrirent une
partie du pied des montagnes primitives,
ce qui donna à cette partie un afpeâ
différent de celui qu’elle avoit ; voilà
pourquoi la plupart, des lyftêmes de
couches fe préféntent comme des dépôts
formés dans des baflins & confervent
cette difpolition qu’elles ont les unes fur
les autres.
Lorfqu’on voudra faire un examen
bien approfondi des montagnes par
couches, il ne faudra pas fe contenter
d’y percer quelques puits , mais il faudra
prendre une chaîne entière de montagnes
primitives ou à filons , & fuivre toutes
les couches qui l’environnent de tous côtés :
par ce moyen on acquerra des connoif-
fances plus exaétes, plus étendues finies
couches , fur leur formation, fur les
lits qui les compofent, fur les corps
étrangers qui y font contenus ; enfin
la minéralogie & la Géograpkie-Phyfique
pourront tirer un grand avantage de
cette maniéré d’obferver.
Il faut remarquer ici que les mines
de charbon de terre occupent toujours
la partie la'plus baffe du terrein fur lequel
les couches font portées; les ar-
doifes ou piesres feuilletées occupent la
parue' du, milieu ; les fontaines falantes
occupent la partie fùpérieure , c ’eft-à-
<bre , celles “où les couches viennent fe
Jenniner.
Ce’ qu’on vient de dire ici eft fondé
- fur’ i’âbfervatiôn, & peut fournir un
vafie champ aux recherches des natü-
ralifles ; pour les en convaincre , il fuffit’
de les faire voyager dans certaines contrées
d’Allemagne.
, Si F on parcourt les montagnes à couches
du comté de Mansfeld , on trouve,
qu’elles touchent aux montagnes*, du
Hartz, en paffant derrière Heckîloedt,.
vers la Claufe , Frïesdorf, Rammelf-
berg. Ces lieux, font dans la partie-antérieure
du Hartz.; de-là les couches vont
toujours en pente vers la plaine & s’y
perdent peu-à-peu , en partant d’un point
qui commence au Hartz. On trouve qu’il
va par Blankenbourg, le village de.Tfiale,
Ballerjftoedt, Strasberg , Stqlberg,.*, Neuf-
tadt , Jhlefeldt , Schartzfeld , Ofl.erode,
Badenhaufen , & retourne par Soefens ,
Klingenhagen., Goflar, Binden , Hartz-
bourg , StapeJnbourg & Wernigerode.
En marquant ainfi les bornes du Hartz , on
n’entend indiquer que la chaîne des hautes
montagnes qui n ’eft compofée que de
montagnes à filons ,• qu’on fuppofe autfi
anciennes que le monde , à l’exception de
quelques changemens peu confulérabies
qu’elles ont pu éprouver , fans qu’ils
affeâaffent leur flrudure intérieure. Les-
bornes & l’étendue de «es . montagnes
primitives étant ainfi reconnues , il convient
d’examiner en particulier quelques-
unes de,- contrées qui les environnent,
afin de montrer fi l ’on trouve réellement
des montagnes à couches à leur pied. En
commençant par le comté de Mansfeld , li
l ’on s’arrête au canton qui fe trouve depuis
Ballenfladt jufqu’à Danclérode , on voit
d’abord près d’Opperodé & de Manfdorf
que les couches de charbon de terre s’étendent
vers l’Orient , qu’elles renferment
tantôt des charbons de terre, tantôt de
l’ardoife , tantôt de la pierre à chaux
& qu’elles fe montrent ainfi jufqu’aux
environs de Sonderfleben , Maringen &
Archerfleben ; que de SouderflebeH
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