
6 j o W O O
la nature. A ces obfervations, quoiqu’en
partie faites ayant lu i , inais qu’il a multipliées,
ralfemblées, mifesdans un nouveau
jour,& prouvées par de nouveaux détails,il
en ajoute d’autres qui font moins exaétes. 11
allure,par exemple ,quetoutes les matières
des différentes couches font pofées les
unes fur les autres, dans l’ordre de leur
pefanteur fpécifique , enforte que les plus
pefantes lont au- deffous, & les plus légères
àu-deffus. Ce fait général n’eft pas vrai :
car nous voyons tous les jours au-delfus
des glaifes, des marnes &: des débris de
coquilles , des fables , des grès , des
pierres calcaires dures , des marbres ,
qui font plus pefan's fpécifiquement que
ces premières matières. En effet, fi par
toute la terre on trouvoit les. matières
placées dans l’ordre de leur gravité fpéci-
ftque., & que la compofition des couches
eût été affujettie exactement & partout à la
lo i de la pefanteur , il y a apparence qu’elles
le feroient toutes précipitées en même
temps : & voila ce que W'ooâward allure ,
malgré l’évidence du contraire. Car fans
avoir l’habitude d’obferver, il fuffit de voir
&de comparer les matières qui font entrées
dans la compofition des couches, pour
être affûté que très-fouvént des matières
pefantes font établies fur des matières
légères, & que par conféquent ces fédimens
ne fe font pas-précipités en même temps ;
çiâis qu’au contraire ils ont été amenés,
& dépofés fucceffivement par les eaux.
Comme c’eft là le fondement du fyftême
de Woodward & qu’il portemanifeftement
à faux , nous, ne le fuivrons plus loin que
pour faire voir combien un principe erroné
peut produire de fauffes combinaifons &
de mauvaifes conféquences.
Toutes les matières qui compoferit la
terre depuis les fommets des plus hautes
montagnes, j ufqu’aux plus grandes profondeurs
des carrières & des mines, fon t, fui-
yant notre auteur , difpofées par couches
dans l’dfdre de leur pefanteur Ipécifique ;
d’oû il conclut que toutes les matières-qui
W O 0
compofent le globe de la terre , ont été Aif-
foutes & précipitées en même temps. Mais
dans quel fluide & dans quel temps ont-
elles été diffoutes? dans l’eau & dans letemps
du déluge ? mais il n’y a pas affez d’eau
fur le globe pour que cela fe puilfe , puifa
qu’il y a plus de terre que d’eau, & que le
fond du baffin de la mer eff de terre.
Woodwarden trouve plus qu’il n’en faut
au centre de la terre , il ne-s’agit que de
la faire monter & de lui donner tout
enfembie la vertu d’un diflblvant univerfel,
& d’avoir un remède préfer-vatif pour
les coquilles qui feules n ’ont pas été diffoutes
-, tandis que les marbres & les
rochers l’ont été.
Mais nous pouvons arrêter ici W-.ioi-
ward.enlui montrant que beaucoup d’autres
matériaux que les coquilles ont été con-
fervés dans les c'ouches de la terre où fe
trouvent les coquilles : tels font tous les
cailloux roulés de granits ,. de jafpe , de
marbres , & d’autres fubftances dures,, qui
font mêlées aux coquilles-, & incorporées
dans les mêmes couches. En général les
corps que Stenon a confîdérés comme
''étant contenus dans d’autres, corps nouvellement
formés 3c qui font fort nombreux
, contredifent vifiblement cetie dïlfo-
lution prétendue des matériaux de l’ancien
monde. Il faut donc étendre le miracle à
beaucoup d’autres corps qu’aux coquilles,
& trouver à ces autres corps des ca-
radères préfervatifs autres que la texture
fibreufe & différente de celle des pierres.
Mais laiffons là des hypothèfès qui
ne font plus dangereufes ^.aujourd’hui,
pour revenir aux faits qui fouis nous in-
tereflent. Woodward eft un des premiers
qui aient remarqué & publié apres
Bourguet que les coquilles foffiles qu’on
trouve dans les montagnes , font remplies
de la même matière qui conflit®
une grande partie des bancs & dqs couches
où elles font renfermées , enforte que ces
matières étoient réduites en poudre fine
& impalpable , lorfqu’eiles ont rempli l’intérieur
des coquillies li pleinement & »
W O O
abfolument qu’elles n’y ont pas laiffe le
moindre vuide & qu’ elles s’y font moulées,
& en ont. pris une empreinte exade &
fidelle.
Woodward a fait l’examen le plus
fcrupuleux des coquilles foffiles relativement
à tous les caradères derélfemblance
qu’elles pouvoient avoir avec celles qu’on
trouve fur le bord de la mer ; elles ont
précifément la même figure & la même
grandeur , elles font de la même fubftance,
& leur tiffu eft le même. La diredion de
leurs fibres & des lignes fpirales efl la même.
On voit dans le même endroit les veftiges.
eu infections des tendons par le moyen
defquels l’animal étoit attaché & joint à fa
coquille. On voit les mêmes tubercules,les,
mêmes fines , les mêmes cannelures enfin
:tout eft fèmblable foit au dedans foit au i
• dehors dela coquille, dans fa cavité ou fur fa
^convexité. D ’aiileurs ce même nat-u ratifie al
•reconnu que les coquillages foffiles étoient:
; fujets aux mêmes accidens ordinaires que ;
[fies coquillages de la mtr. Par exemple,;
[des plus petits font attachés aux plus gros.- !
hits ont des conduits vermicuiaire’s : on y ;
.trouve desperles: & autres ehofés femblàb'lejs j
pquiyoni'été produites par l’ànimrflo-rfqtnil
i habitoit fa coquille : il y en a même qui ont
pété percées par la tarière du poiffbn à
! coquille appellé pourpre ; ce qui. prouve.
i qu’elles renfermoient des poilîons vivans
dont les poiffons des pourpres s’étoient
nourris.
Obfervations.
’ Les hypothèfès que nous venons d’ex-
i pofer , fe raccordent dans les points principaux:
leurs auteurs prétendent également
que dans le temps du déluge la terre'a
; changé de forme tant à l’extérieur que dans
i l’intérieur. Cependant ifs auro.ient dû , ce
I femble , faire attention que la, terre avant le
déluge étant habitée par les mêmes efpèces
; d’hommes & d’animaux , devoit n’avoir pas
| éprouvé de grands changent ens. En effet
les livres faints que ces écrivains paroiflènt
j avoir confultés & fuivis dans leur marche
W O O 6 7 1
8t dans leurs fpéculations , nous apprennent
qu’avant le déluge , il y avoit fur la
terre des fleuves , des mers, des montagnes
, des" vallées, des plantes , des forêts :
que ces fleuves & ces montagnes étoient
à peu près les mêmes , puifque le Tigre &
l’Euphrate étoient les fleuves du paradis
terreftre : que la montagne d’Arménie fur
laquelle l’arche s’arrêta, étoit une des plus
hautes montagnes dû monde:queles mêmes
plantes & les mêmes animaux qui exifloient
alors , exiftent aujourd’hui, puifqu’il y eil
queftion du ferpent,du corbeau & de la colombe
qui rapporta une branche d’olivier.
C’eft donc à tort & contre la lettre de l’écriture
, que ces auteurs ont fuppofé que la
terre avant le déluge étoit totalement différente
de ce qu’elle eft aùjourdhui. Cette
c.ojitradiâion de leur hypothèfe avec le
texte facré pour eux , les met totalement à
découvert lorfqu’ils le trouvent encore en
Ôppbfitipn ayeç les ventes phyfiques.
Burnetqqia écrit le.premier n’avoit, pour
fpndepfonfjiftçme, ni obfervatjojis ni faits :
JWwd'vard n’a donné pour appuyer fort
hypotbè/equecleux-,9fefe.r.yationsgénéra!ea:
la première, que; la terre eft partout çom-
pofée de matières qui ont été tranfportées
par les eaux & dépoféespar couches hpri-
fon taies, ; la fécondé, qu’une infinie de prq-
duftions marines fe trouvent dans les couches
horifontales : pour rendre raifon de
tous ces faits, il a recours au déluge univerfel
, ou plutôt il paraît ne les donner
que comme preuves du déluge. Mais quoi-
qu’obfervateur , il tombe ainfi que Burnet
dans des contradiâions évidentes avec
l’écriture faillie ; car il n’eft pas permis de
fuppoler avec eux qu’avant le déluge il n’y
avoit point de montagnes , puifqu’il y eft
dit p.récilément & clairement que les eaux
furpafferent de iy coudées les. plus hautes
montagnes : & que l’arche s’efl arrëtéefur
celle que les eaux ont laifl'ée la première a
découvert.
D ’ailleurs comment pe-on. imaginer