
une précipitation des eaux de la mer,
ainfi..que-quelques modernes l’ont fou-
tenu , & particuliérement, de Lintïé. Il
faut en, cela le ranger au femiment des
anciens , qui penloient que tout fable doit
fon origine à la décompofirion fpohta-
né© des pierres, mais furtout du granit.
L'énorme quantité de cette matière , fur
le globe , répond allez à l’univerfaiitç
probable du granit dans fon intérieur ;
& certainement les couchés de labiés &
de grès profondes St très anciennes ne
peuvent avoir été formées que de la dé-
oompofirion du granit dans les premiers
âges. L© granit formant une grande partie
du fond de la mer , doit continuellement
y futur une décompofîtiôn très-facile
; ce qui approfondit naturellement
les badins . de l'Océan , en le .rendant la
four ce la plus féconde des fables que‘ les
flots amènent vers les côtes & que les
yents diftribuent dans iés terres. Les
grands , fables méditefranés, d el a lNu -
fTiidie & de H Tartarië , que P:. Frifî
allègue en preùvés- contre Tojjigiii'e ira5 )
jine du fable f o n t ’ été" en ; partie' ico ts
verts par la mer , comme on le voit à
l ’égard de la bande fabi; neule qui occtq c
le milieu du. defert entre le Volga & ' le
J Vile, La dçcomppiitipn des montagnes
granitique? de/Selingiiislt' d’ où dérivent ;
fes fables des environs du Scier,ga cil
une preuve de la naiüàuçe dè cette' matière
dans' les- lieux mçditerranés. La
chaîne granitique de la Sibérie fernble
même', à caufe dè la facilité.' qu’prit Tes
rochers à fe détruire, avoir 'perdu beaucoup
de fa hauteur vis-à-Yk ,<lu Çaucafe
& des Alpes d’Europe, Préfque toutes
les montagnes granitiques de la Sibérie
femblent cpmpoféès de màlfes arrondies
& entaffées Ips unes fur Jes autres qui
font à moitié, décompofées & qui fe
détruifent chaque „jour ; ce font ces
înafles granitiques détachées qui ont paru
merveiljeufes à Bourguet, Buffon donne
l ’explication de l’ongine de ces maffes
de - rochers vives ou de granit . qu’on
voit éparfes fur les plus hautes montagnes,
en les faifant naître dans des lits de
fables que les' eaux on t’ par la fuite entraînés
fans entamer la partie métamor-
j phofée en roc. Si ce riaturalifte- a fait
cette obfervation , comment n’a-t-il pas
vu que ces noyaux de roches qui forment
les fommets & les pointes /aillantes
des montagnes, font eux-mêmes la fource
du fable qu’ils produifent à leurs bâfes &
aux différents points de leur furface, par
l ’aâion fueceflîve des pluies & de la
fèëhereffé. Il obferve lui-même que dans
le granit & dans le grès il ne fe trouve
point de coquilles, quoiqu’il y ’en ait
dans :les fables dont il croit que: ces
rochers tirent leur origine. Il adroit
pu yèconnoître au contraire que ce n’eft
pas le granit qui naît du fable , mais que
lé fable; eft le produit de la décompofi-
tion du granit. Le célèbre Vallérius
alîure que le fable : contient tous les élé-
ineiis du granit, le quartz, le fçld-lpath
& le mica'^ - il obferve-même,. très-judi-
cteufement -, que les- malles immenfes du
I granit rie'- faüioîerit devoir leur origine
au fable/ la décompofîtiôn du granit
eft accélérée en' plufièurs’ circonftances,
par les eaux falëés , par l’aâion fuccefr
lîve du chaud & du froid, de l’humidité
& de la féchetef fe& fur-tout par le peu
de fpiidité de la réunion des principes
qui eonftituent çétté pierre fingulièie,
V I.
Confidérations fur la patrie , la fauche
<$• les migrçLtions des différentes races 4'animaux.
Quoi qu’en dife P aw , la race des nègres
n’ eft pas un produit aulîî facile du
climat que lui & d’autre? f e . l ’imaginent,
Les Portugais qoirpis en Afrique ne
font pas clairement prouvés , & pour-
roient bien devoir leup origine à l’incontinence
phylique de ces colons, &
au mélange de leurs femmes avec les nègres
du pays, Les Radies qui habitent depuis
çaH£
tant de Cèdes un climat plu3 ardent
que mainte,? peuplades de nègres , con-
fervent toujours les caraflères d’une autre
race d’hommes : & comme' l’Afrique
n e fl jointe à l’Alie ..par aucune, chaîne
de montagnes bien, élevées & tout-à-fait
continues, ces continens dévoient, lors
de la plus grande élévation des mers
dans les premiers, âges du inonde ,
former deux ifles tout-à-fait féparées, dont
la race noire peuploit l’une, transformée
fous la Zône-Tonide par des influencés
qui agiffent depuis une très-haute antiquité.
Il p’eft pas néçeffaiie de recourir
jci à une méfaliiançe de Fefpèee humaine,
comme il fernble qu’il en eff arrivé une
pour produire les montagnards longjmanes
ou Quimos de Madagafcar. On pourroit
avancer que la race, des hommes, noirs
forme la tige primitive, de l’efpèçe, &
que la blanche p’e'ft qu’une dégënëràtion !
puifque les animaux & les oifeaùx noirs
Changent fouvent au blanc, & prefque.
jamais les blancs au noir : mais la pro-
duâion des nègres blancs prouveroit contre
cette opinion. D ’ailleurs les oifeaux de
couleurs claires , mais bigarrées , varient
de même au noir j 8c il naît de véritable?
„nègres parmi les hèvresAtt Nord &
les Bâtis, ..dont la robe incline cependant
au blanc tellement que ces animaux
biançhiffent; .en hiver j- .on nè peut s’empêcher
de 'faire'remarquer, ici. que, tous
les animaux qui font devenus; domefti-
qnes dans le Nord auflî bien que dans J
le Midi, fe, trouvent originairementTau-'
vages dans le milieu tempéré de. fAiie,,
à 1 exception du dromadaire dont les deux.
races ne viennent bien qu’eri Afrique, &
fe famiiiarifent difficilement avec le climat
d Alie. La patrie primitive „du taureau
sauvage, du buffle , du mouflon -qui a
pioduit nos brebis, de la chèvre à
bezoard & du bouc étain, qui fe font'
wêlés pdur produire la race féconde de ,
nos chevres domefliques, eft dans les!
chaînes montagneufes qui .occupent le, .
nul]eu de i’Afie & une partie de l'Europe.'
(féogrûphit-PhyJique, Tome J, *
r _.
j Le fénrte abonde & fert de bétail dans
j les hautes^ montagnes qui bordent la
Sibérie & qui rempllÎTent fon extrémité
orientale. Il fe trôuve-auffi dans la chaîne
Otiralique julqü’au ydL degré d’où il a
été peupler lés terres arâiqües. Le cha-
tueau à deux boffès fublifte fauvage dan»
les grands déferts entre le Tibet & la
Chine. L e ' langlier occupé les forêts &
| lès marais de toute l’A lîe tempérée.
L ôn connôit affez le chat faüvage duquel
la race doméftique efl iffue. Enfin
k, tige principale ' 'du chien domeftique
dérive très-certainement du chakal naturellement
peu craintif de l’homme, fuf-
ceptible d’attachement & même d’inftruc-
t io n , & fympatifant avec le chien de
berger. Cependant i f eft probable que la
race:, de nos chiens n?eft pas' pu re , &
qu’elle a été croifée ’de Tems immémorial^
avec le loup ordinaire’& Je renard,
d.ou nous eft venu cette immense variété
dans les formes & la grandeur des chiens :
la plus grande variété venue de l’Inde
du tems d’Alexandre , étant probablement
le produit de l’ityenne. Lé chakal qui eft
d’une taille moyenne devint dans l’état domeftique
d’autant plus propre à s’accoupler
& à produire avec des, individus appri-
voifés' des autres efpéccs ; il n’eft pas
douteux qu’une telle produâion né puiflè
avoir lie u p u ifq u ’avec des circonftances
favorables , te chien , tel qu’il eft aujourd’hui,
a produit avet le loup en Angleterre
& avec lé renard dans le MecMènbourg ,
pour ne rien dire des chiens-loups des
ancieiis.
Tous ces animaux affujétis à l’homme
étant Originaires de l’Afie tempérée, femblent
prouver que le plateau de ce. continent
étoit auffi la première patrie du
dernier. Le hazard peut avoir transféré
notre race en Afrique dans un âge où
les- plat'eaux de cé continent étoient
excore fepares de 1 Alie par de grands
intervalles de mer, & ce nouveau féjour
étant tout entier dans la Zone-Torride,