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& enfin dans les lacs. Ils y occupent,
fuivant lui, la place des montagnes & des
bancs de terres brifés & précipités ; aufli
tous ces détroits ou ces golfes ont-ils
beaucoup de rochers cachés fous les
eaux.
Les lieux auparavant couverts d’eau,
& habités par les poilfons , ayant été
comblés a la fuite d’une accumulation de
differentes terres tranfportées6c précipitées,
ces poiflbns ont néceffairement trouvé leur
tombeau dans les nouvelles couches. Les
terrains qui,, pendant près de 2000 ans,
avoientfornié le fond mol , terreux, calcaire,
argileux 6c marneux des mers ou
des lacs, ont été dégagés’ des eaux en
certains endroits avec les dépouilles des
animaux marins, 6c fe font durcis 6c pétrifiés
avec eux. Dans d’autres contrées les,
terrems ornés d’arbres 6c de végétaux, ayant
été fubmergés , ont été enfuite recouverts
de différentes couches de matières dépofées
par les eaux'qui, par la fuite , ont acquis
un certain degré de confiiîance 6c d’induration.
C’eft ainfi que Wallérius a cru
pouvoir expliquer comment les corps étrangers
6c les pétrifications fe'trouvent à une
profondeur plus ou moins confïdérable
dans de fein des montagnes.
Au relie, il faut bien remarquer que
la diminution. 6c l’écoulement des eaux
11e fe font pas faits avec la même célérité
que leur accroiffement. Quoiqu’il paroiffe
que j les eaux, aient dû s’écouler' affez
promptemènt , il efl très-probable que
les premiers'deffechemens n’ont-eu lieu que !
dans les endroits les plus élevés, 6c fur-
tout'dans iès’ énvirons du mont Ararat.
Il- elt • évident ijùe la vîtelfe de l’écoulement
des’ eaux s’accrut en raifon de leur
diminutioh , c’eft-à-dire , qu’elles fe. précipitèrent
d’abord avec beaucoup .d’iinpé-
tuofité dans lés lieux fouterrains, de manière
que ceS abîmés une fois remplis elles
diminuèrent plus lentement jufqu’à ce
qu’elles fé foient ouvert d’autres retraites.
V A L
IDans la violence dn premier mouvement
de l’écoulement des eaux , Wailé-
rius trouve la caufe de l’accumulation des
coquillages avec l’argille ou le fable, &
de leur mélange confus avec les débris des
rochers, fous la forme de collines élevées
6c compofées de plufieurs couches. En
effet , il penfe que les eaux en s’écoulant
6c entraînant ces corps avec elles , les
ont dépofés fucceffivemens fitôt qu’elles
font parvenues aux endroits où leur mouvement
s’efl ralenti 6c qui étoient entourés
de montagnes. C’elt ainfi qu’il conçoit
que les teftacées 6c les autres corps orga-
, hifés ont été néceffairement raffembiés
dans de petits efpaces , 6c y ont formé
des collines plus ou moins élevées, &
toutes difpofées par couches : telles font
les collines d’Udde-walda 6c tant d’autres.
En fiuivant ces mêmes effets de la diminution
fucceffive des eaux à la furface
de la terre, il croit y trouver la raifon
pourquoi les coquillages réfident entre les
couches , à plufieurs milles de la mer
-afluelle : par exemple, ce prodigieux amas
de coquilles qu’on voit en Touraine, auffi
bien que ces huîtres que l’on vçrit dans
lès couches argilleufes de plufieurs cantons
d’Angleterre. Comme tous ces corps
font enfevelis dans la terre, par couches
horifontales 6c régulières, 8c fans aucuns
mélanges de matières lapidifiques, il croit
qu’on ne peut pas- attribuer le déplacement
de ces corps marins à un mouvement
violent des eaux du déluge, mais
à leur féjour 8c à leur permanence dans
les lieux bas qui formoieut auparavant le
fond de la mer. C’eft ce qui a fait que
ces coquillages ont fucceffivement' été
recouverts de plufieurs couches de terre.
Plufieurs hiltoriens fuédois foutiennent
que tout cet état confiftoit autrefois en
ifles plus ou moins grahdes & en collines
élevées au-deffus des eaux dont elles étoient
entourées de tous côtés..
C’eft ainfi qu’il finit par fuppofer que
V A R
les eaux du déluge féjournèrent long-
tems dans beaucoup d’endroits avant
qu’elles s’ouvriffent des chemins pour
fe rendre aux,lieux les plus profonds de
la terre. C’eft par-là qu’il cherche la folu-
tion de plufieurs difficultés qu’on a faites
contre, l’influence du déluge; mais il s’en‘
faut bien que toutes ces .fuppolitions
St c es conjectures fatisfaffent pleinement
aux objeâions de plufieurs natura-'
liftes qui ne veulent admettre pour l’explication
des phénomènes que l’aâion des
agens naturels.
VARÉNIUS.
Ao T I C E de fa Géographie générale.
V A R 6 l f
femble rentre plus dans le plan de la
Géogràphie-Phyfique que j’ai adopté.
Il paroît que la bâfe principale de cet
ouvrage a été fournie à Varënius par les
favans navigateurs de fon pays qui lui
ont fourni les détails importans qu’on y
trouve particulièrement fur les vents, &
qui me paroiffent allez complets pour Ce
tems-là. Ces mêmes navigateurs ont également
fixé fon atténtion fur les différentes formes
des côtes de la mer 8c des grands baffins
de l’Océan, fur le mouvement général de
l’Eft à l’Oueft, qu’il- préfente avec de.-;
développemens très-curieux, 8c dans un
enfembîe très-inftrudif, quoiqu’il'foit le
premier auteur qui en ait parlé.
J’ai cru qu’il conve-noit de placer parmi
les auteurs qui ont le plus contribué aux
progrès de la Géographie-Phjfique ,
Varénius qui a fu analyfer les obfervations
queles voyageurs avoient recueillies de fon
tems fur cette-partie de nos connoiffances,
& donner aux rdfultats de fes recherches
& de fes méditations uneforme auffi méthodique'
-que lumineufe. Le tableau des différentes
propofitions qu’il a rangées par
ordre fur les objets intéreffans qu’il a
traités , me peut être que très-utile dans
cette notice, parce que cette fuite 8c cet
enchaînement de vérités a guidé depuis
Varénius tous ceux qui fe font occupés
des mêmes .objets-, 8c qui ont cru devoir
donner a leur travail la même forme éic-
mentajre & inflruâive.
Comme Varénius a embraffé dans fon
ouvrage un plan beaucoup plus étendu
<}uede mien, je me fuis borné à préfen-
ter. p i le précis des feules propofitions
HU1 m’intéreffoient.
J ai cru devoir écarter auffi toutes ' fe4
difcullions de phyfiq.ue générale qui' étoient
: agitées de fon tems & qui ont fait place
a “es fuites de. faits, bien liés dont l’en-
II en efl; de même de ce qui concerne
je flux 8c reflux de la mer, dont il offre,
non-feulcment les phénomènes généraux
mais encore ceux qui font des, exceptions
locales 8c accidentelles. If a lu lier enfuite
1 examen aes inégalités de la furface de
la terre , telles que les montagnes & les
collines, avec la circulation des eaux courantes
qui en dépendent d’une manière
particulière. Ce font .ces grands, rapports
qui rendent fon travail fi utile,, même
dans un tems ou les obfervateurs qui
s’étoient pénétrés de-fies premières Vues,
leur ont donné 8c plus de précifion 8c de
pius , grands, développemens.
C’eft à la fuite des grands rapports
qu’ont les amas d’eau avec lès. terres qui
les renferment, que Varénius nous parle
des changemens de terres en mers 8c de
mers en terres ; des changemens. des baffins
des lacs, des étangst des marais , des lits
des rivières en terres fermes & cultivables
, & réciproquement. Quoique cet
auteur n’ait pas toujours vu toutes les
reffources que peut avoir la nature pour
opérer ces révolutions, cependant ce qu’il
nous en apprend a été fufBfant pour mettre
fur la voie les obfcrvateurs. qui font venu«
apres lui, & pour fubftituer des agens