
les baies d’Hudfon & de Baffin elles font
à pic ; 8c l’on apperçoit aulli celles du
Groenland de plufieurs milles en m e r ,
comme une chaîne de montagnes. Les
côtes de N o rw eg e , fur lefquelles on ne
voit point de b o is , relfemblent allez à
celles de Groenland. Il y a plufieurs anfes
profondes fur les côtes de la Norwege , 8c l’on trouve une grande quantité de
petites îles à l’embouchure de ces anfes.
Nous avons fuivi , dans cette efpece de
Périple, les détails dans lefquels Bergman
nous a entraînés , & nous nous fouîmes
abandonnés à ce guide, quoique l’ouvent
il eut une marche incertaine , mais nous
avons voulu donner une idée des objets
qui l’ont occupé & des connoilfances qu’il
avoit recueillies de fan tems : on fait que
la géographie eft une Icience mobile &
fupette à des augmentations fi rapides &
fi confidérabies, que ceux qui fuivent ces
divers progrès, méritent'notre reconnoif-
fance , quand même ils raffembleroient des
matériaux où le vrai fe trouveroit mêlé à
quelques détails vagues & faux. Nous renvoyons
à l’article Périple du diétionnaire.
§. I I I .
Des lacs.
Bergman définit les lacs des amas d’eau
qui ont un écoulement vifible, & c’eft
par-là qu’il les diftingue des marais qui
n’en ont point. Il ne dit rien fur leur
pofidon & fur leurs formes ; il remarque
feulement que le plus grand nombre des
lacs feçoit plus d’eau qu’ils n’en verfe au-
dehors. Ainfî le lac IFetter reçoit les eaux
de quarante rivières, & n’a d’écoulement
que par le feul fleuve Molala ; de même
vingt-quatre rivières viennent tomber dans
le lac Dener, 8c le feul fleuve de Gotha
fert de débouché aux eaux de ce lae. On
doit juger par-là de la forme du terrein
dans, ces contrées.
Bergman parcourt enfuite les lacs, $
rapporte les diverfes cïrconftances qui lej
rendent particuliérement remarquables,
I.a quantité d’eau qu’on voit dans le baflîn
des lacs , varie ordinairement félon iem
fituation, & félon lé volume qui s’y raf-
femble. Dans les lacs qui reçoivent leun
eaux d’endroits éloignés , elles s élèvent
quelquefois fans qu’on obferve autour dt
leur baflin aucune crue d’eau extraordinaire.
Pour expliquer ces phénomènes, il
faut fe rappeller que l’eau parcourt quelquefois
cinquante ou cent milles pour fe
rendre dans un lac , & que le même tenu
qu’on éprouve fur fes bords , ne règne pas
toujours dans les contrées d’où fes eau*
tirent leur origine.
L ’eau croît dans les lacs par deux caiifes.
i ° . par une augmentation réelle y 2°. pai
la diminution de J évaporation ; car ul
tems humide & frais, enlève infiniment
moins d’eau qu’un tems chaud & ferein,
Il ne faut pas trop croire aux auteun
qui ont traité de la crue périodique dt
certains lacs. On dit , par exemple , qui
le lac Dener s’élève & s’abaiffe tous b
fer t ans. Mais ce fait n’eft fondé fur aucune
ôbfervation corüjante ; la hauteur dt
fes eaux varie confidérablement ; fouvent
dans i’efpacé de quinze jours ou trois fe-
maines, on les voit hauffer & bailler de.
fîx à huit pieds :.maïs cette variation dais
le niveau de fes eaux n’a rien de régulier, |
Comme ce lac reçoit fes eaux en grande
partie de très - loin , il n’efl pas étonnant
que les variations qu’il éprouve ne
dépendent pas du tems qu’il fait dans b
pays voifîns de fes bords.
D ’autres lacs perdent toutes leurs eaux
dans de certaines faifons , au point que
leur baflîn efl entièrement à fec. De ce
nombre eft le fîngulier lac ieZirknieç dans
la Carnioie ; il a î de milLes de long fÜ
un tiers de mille de large , 8c environ
[quinze pieds de profondeur , plus ou
Inioins en raifon de ■ l’inégalité de fon
t ond. Huit rivières y déchargent leurs
Itaux. Vers la fin de juillet ou le commen-
[cement d’août fes eaux baillent de manière
tu e dans vingt-cinq jours fon baffin eft à
Ifec du moins s’il ne tombe pas beaucoup
[de pluies dans cette faifon. Trois femaines
[après , on fauche l’herbe qui a cru fur fon
fond defféché, & cette herbe donne d’ex-,
fcellent foin alors on le laboure, & fon
ly fème du millet qui vient à maturité , &
ïju’on récolte avant le retour des eaux.
Billes reviennent par les mêmes endroits.'
bar lefquels elles fe font écoulées , c’eft-
[à-dire, par des fentes dans les rochers ,
|& par des veinés pierreufes, dans le fo.l,
»Mais le lac fe remplit bien plus promptement
qu’il ne fe deilèche; car dans vingt-
Iquatre heures & même fouvent dans huit
[heures, il eft plein. Il faut remarquer que
[l’eau en revenant jaillit avec une très-
Igrande impétuofité , & qu’elle charie des
[coiffons dans fon cours. A u fud-eft de ce
Bac, on.voit deux grandes cavernes dont
[l’ouverture peut avoir une braffe de dia-
[mètre : elles font fîtuées un peu au-deffus
[du rivage. L ’eau fe précipite deces cavernes
[avec un très-grand b ru it, lorfqu’il s’élève
[un orage violent & que le tonnerre gronde,
|& furtout quand ces tempêtes arrivent en
[automne. Alors il fort de ces cavernes une
[efpècè fingulière d’oifeaux de couleur
[poire, qui ne font couverts que d’un
[duvet de plumes , & font encore privés
[de la vue ; mais après un fejour de quelques
femaines fur les eaux du lac , leurs
[yeux s’ouvrent , leurs ailes croiffent 8c fe
Bonifient, 8c ils s’envolent.
Telle eft la conllitution la plus ordinaire
[de ce lac : quelquefois il éprouve ces varia-
[tions deux ou trois fois par an ; quelquefois
|d relie une année entière fans qu’elles aient
[lieu ; mais il n’eft pas entièrement à fec
[pendant douze mois confécudfs.
I On peut expliquer les phénomènes fin-
; Géographie-Phyfiquc. Tome I .
guliers qu’on vient de rapporter, en fup-
pofant qu’il fe forme des amas d’eau fou-
terrains dans les hautes montagnes qui
entourent ce lac; mais qu’il perd fes eaux
par différentes iflues , jufqu’à ce que les
réfervoirs fupérieurs à fon baffin lui four-
niffent des eaux.
Quant aux oileaux qui fortent des cavernes
, ils naiffent vraifemblablement dans
les cavernes qui font diftribuées autour du
lac. La faibleffe de leur vue quand ils en
fortent, démontre qu’ils ont commencé
à exifter dans un lieu obfcur : il en eft de
même du peu de développement qu’a
leur plumage : mais il n’efl pas étonnant
que leur paflàge au grand air 8c leur féj ur
fur l’eau, leur procurent un entier développement
de toutes les facultés dont ils
ayoient le germe dans leurs fouterrains.
On dit que, proche de Kantenen Pruffe,
il y a un lac qui , pendant trois an.s eft
rempli d’eau & de poiflons, 8c qui, pendant
trois autres années eft tellement à fec ,
qu’on y sème du grain ; après quoi il fe
remplit de nouveau. Au moyen de l’explication
qui précède fur le lac de Czirhnitz.,
on peut foupçonner les caufes de pareils
effets. Mais comme il. y a divers moyens
par lefquels la nature peut produire les
mêmes réfultats, ce n’eft que par la vue
& l’examen des lieux qu’on peut parvenir
à connoître les moyens particuliers qu’elle
met en oeuvre dans ces circonftances.
Il y a des lacs dont les eaux s’élèvent
& grofliffent beaucoup, tandis que l’atmof-
phère eft tranquille & ferein : il paroit que
, ces mouvemens font occafionnés par des
vehts qui fe font jour par des conduits
fouterrains 8c des- iflues dans le fond des
lacs avec plus ou moins de véhémence.
Près de Boleflaw en Bohême , on voit
fortir d’un trou , dont on ne peut pas
fonder la profondeur, des vents fi impétueux
qu’ils jettent en l’ air des morceaux
S f f f