
'& même fi l’on examine l’étendue des
courans & les différents lits des matières
fondues , tant de.ces deux derniers volcans
que des autres éteints , il faut bien affigner
une antiquité plus reculée à leurs, premières
éruptions: mais en fera-t-on plus
fondé à conclure que les matières combuf-
tibles des volcans ne s’épuifent pas , &
que ceux qui -font éteints ne-le font pas
faute de nourriture , mais faute de l’agent
néceffaire qui feul peut les rendre inflammables
, c’eft-à-dire faute de l ’eau de
la mer. Car outre qu’il eft affez difficile de
fuppofer que des pyrites feulesfoient affez
abondantes pour fervir d’aliment au feu
qui fond les pierres dans- les volcans, fur-
tout iorfqu’elles font abreuvées-par- l’eau
de la mer , il faudroit faire voir qu’il n’y
a pas de volcans éteints au bord de la mer
aécuelle, ni Hans les iftes, & enfin nous
montrer comment la fùbftance pyriteufe
ne fe. détruit pas par le feu , ou peut fe
régénérer étant-abreuvée par l’eau de la
mer. Or, nous fomtnes en état de montrer
un grand nombre de volcans éteints non
feulement en Iflande , mais encore en Irlande
, fur les côtes de l’Ecoffe '& dans les
ifles qui fe trouvent dans le golfe dont
les eaux baignent les côtes feptentrionales
de l’Irlande & occidentales de l’Ecoffe.
Tl faudroit nous expliquer auffi pourquoi
les volcans du Pérou , fi élevés au-
deffus du niveau de la mer , occupent la
Cordillère & éprouvent de temps en
temps des éruptions très-viyes & très-
violentes ; & comment les matières com-
buûibles qui fervent à leurs inflammations
peuvent à cette hauteur être abreuvées
par les eaux de la mer. Toutes raifons de
douter de la théorie des naturaliftes Suédois,
théorie qui me paraît avoir été adoptée
fans difcuffion par Buffph & par beaucoup
d’autres naturaliftes : il faut dire, que ni
les uns ni les autres n’avoient obferyé
les pays volcaniques avec foin.
J’avoue que j ’ai été toujours très-étonné
de ce que l’inflammation d’un volcan qui
brûle depuis fi long-temps jette depuis
cetems des flammes par la même cheminée,
& pourquoi fi ce font dès amas de pyrites
ou même des fiions de charbons !de terre
qui prennent feu , lors de- l’éruption
d’un volcan, les ouvertures des- cheminées
ne fui vent pas l’allure de- ces amas ou de
ces filons à mefure qu’ils fe - confu ment ;
pourquoi tant qu’il y a de l’aliment, le
feu n’éft pas - également entretenu- ; &
enfin par quelle raifon ce feu eft fujet
■ à des accès & à des reprifes qui-ont des
intervalles plus ou moins eonfidérables.
Au refte je ne, fais ces réflexions que relativement
au Véfuve , à l’Etna, au pic de
Téaériffe. Car dans d’autres contrées où
; l’on trouve des volcans éteints, ils paroif-
fent avoir fuivi par la rangée .de leurs cratères
& de leurs cheminées les filons, de
1 charbons de terre, e
Quoi qu’il en foit de.ces difficultés, les
igrands amas dés charbons de terre doivent
nous raffurer relativement à l ’aliment du
feu’ des volcans , -beaucoup plus que les
pyrites Se-l’eau delà mer , -& toutes les
‘contradictions que ce fyftême entraîne avec
lui. Au refte, comme je rappelerai ces
affertions -dans le dictionnaire à l ’article
~Volcans , j y renvoie en terminant toute
difcuffion à ce fujet.
Il y a encore une illufion qui a féduit
plufieurs écrivains qui ont traité des volcans
, c’eft l’immenfe quantité de laves
qu’ils ont imaginé fortir du trou très p ro fond
d’où fort le feu : ils n’ont pas vu que
ces laves font proprement fournies parles
parois intérieures du creufet ou de
la cheminée du volcan , qui fondent
àfaétion de la flamme qui lèche ces parois;
feulement on peut ajouter à ces matières
| premières les réfidus des fubftances inflammables
qui s’élèvent par trufion & s’y
mêlent à mefure qu’elles fondent ; & c’eft
ce qui occafionne'la couleur noire & le
mélange des trous qu’on remarque dan®
la plupart des lavés:. Par ce firnple detail
je réponds maintenant aux objections &
aux expériences incomplètes du profef-
feur Sauffure , qui .ne connoît ni les, laves
ni les .matières premières de ces produits
du feu. Voyez Laves.
HUITIEME CONSIDÉRATI O N'.
Sur là formation des Montagnes.
L ’auteur des Recherches tâche de jetter
de l’incertitude fur les lÿflêmes qui ont été
imaginés, pour rendre raifo.ri de la formation
des montagnes. Mais la route qu’il
a prife me paraît affez peu fuie ; if argumente
contre la facilité.de rendre raifon
dè cette formation , en objectant la nature
différente des maffés montuéufes qui m’a
toujours paru totalement étrangère à la
queftion. Q u ’une malle montueufe foit
cqmpofée de couches liorifontales pu inclinées
, de fables ou d’argiles , de .granits
où de fchiftes , il n’en eft pas moins certain
qu’il a fallu Ides agens particuliers qui
lui imprimaffent la forme de montagne,,
fort en creufant tout autour de profondes'
vallées., foit en donnant aux croupes la
figure de bords -efcarpés ou de plans
inclinés. O r , ce font ces formes qu’il importe
d’expliquer , & l’origine des mafîifs;
né jette que très-peu de jour fur les agens
que la nature a mis en oeuvre pour leur
donner la figure de pics arrondis ou
ifolés, ou de collines continues.
L ’organîfation de l’intérieur des montagnes
peut bien, il eft vrai, fe rendre fenfî-
ble à l’extérieur , mais ces variétés s’expliqueront
fans difficulté par la théorie générale
, & n’y apporteront aucune modification.
fenfibie. .
L ’auteur eft fi éloigné de faifir -la véritable
caufe de la formation des montagnes,
qu il regarde les pluies & les neiges fondues
comme les détruifant chaque jour ,
& comme lui faifant craindre la deftruétion
des pies en forme pyramidale de la
S aille.-
I l appuie- beaucoup fur la diftinélioia
des. pointes pyramidales qui terminent
les fommetsélevés1 des Alpes , & des hauteurs
convexes-, très-étendues , qui occupent,
comme celles du plateau deTartarie,
jdè'.'graiïis“ efpàeés à la fürfàce de la terre;
mais cette :diftiriétion qui peut être fondée
à certains égards , ne l’eftpas par rapport
à la formation des montagnes. Car les
hauteurs convexes de l’auteur ne font
pas proprement èes montagnes, mais une
continuité de terreins plus élevés que les
^environs. A u . refte dans l’état primitif des
choies , les Alpes & les Pyrénées étoient
peut-être autrefois des hauteurs convexes
comme le plateau de la Tartarie , & ces
maffes n ’ont pris la forme de montagnes
qu’après que les vallons les ont coupées;
ainft pour avoir une idée des caufes qui
ont formé les montagnes, il faut aller à la
recherche de celles qui ont creufé & approfondi
les vallons ou qui continuent ce
même travail : on , voit donc par-là que
ce font les formes extérieures qui doivent
attirer notre attention dans l’étude des
montagnes & de leur formation.
Ne u v i è m e C o n s i d é r a t i o n .
Sur les mouvemens des anciennes peu-*
- plades.
Dans le teins que la mer occupoit les
parties des continens qu’elle a formées
en dernier lieu, les hommes n’ont pu
avoir d’afyle que fur les montagnes & les
principales élévations du g lo b e , d’où
leurs1 defcendans fe feront fuccefliyement
difperlés vers les différens points des continens
abandonnés par la mer. C ’eft pour
cette raifon que l’on a découvert au pied
des anciennes montagnes & même fur
leurs fommets, les premières peuplades :
comme les Péruviens au pied des Cor