
140 H E N
entières, mais des fragmens d’agathe ou de
la calcédoine noire & grife fi connue ou
de file-x , on ne laiffera pas de trouver
par-tout des vertiges qui prouvent que
fi le déluge -a dérangé un grand nombre
de fubftances à la furface , & couvert quelque
pays de fables, & d’autres de limon
tout p u r , il n’en a pas moins mis &
lailfé la plupart des fiibftanç.es dans' une
.confufîon qui indique des caufes • qui
ont empêché les differentes efpèces de
terres de fe trouver dans la fituation-où
elles devroient être naturellement & qui
n’ont point permis qu’elles fe dégigeaffent
des autres fubftances étrangères.
Il n’y a même rien dans ce défordre
qui doive nous furprendre ; notre globe
n’a point fa figure d’une cuve dans laquelle
les terres, délayées , mêlées , agitées;
en tout fens , forment en fe dépofant
des couches régulières ; au contraire
comme ce globe eft d’une figure fphérique
& convexe, le mouvement des ‘eaux y
elt extrêmement violent à çaufé de la
Convexité de la furface, /ce qui a dû
empêcher que les cailloux ne pulfent
fe féparer entièrement d’unê marne déliée
avec laquelle ils font mêlés. On ' voit
par conféquent qu’on ne doit point regarder
les eaux du déluge comme celles
d’un lac. qui n’ayant point d’écoulement
violent , ne font remuées que par les
orages , les flots , & par le bouillonnement
des fources : il n’y a pas de courant,
point de gouffre qui ait égale la rapidité
& la violence de leur agitation. De plus
il faut confidérer que ce n ’eft pas lorfque
ces eaux fe furent élevées jufqu’au plus
haut degré, & lorfqu’elles furent entraînées
par une force fupérieure qu’elles pro-
duifirent les plus grands défaftres ; mais
que ce fut au commencement, & encore
plus vers la fin de cette terrible inondation
, que félon les différentes pentes du
fol ' les courants agirent & combattirent
les uns contre les autres. En effet on
voit que la même chofe arrive dans
les inondations locales & particulières;
H E N
lorfqne les eaux viennent à diminuer i
elles fe partagent en plufieurs lacs ou
étangs dont chacun cherche à fe frayer
un chemin & à percer dans l’endroit où
fe porte le plus grand poids des eaux,
& où la violence dé leur mouvement
peut forcer le plus aifément la réfiftance
du terrein.
Dans tout ce qui vient d’être dit ,
on doit fur-tout ne point perdre de
vue deux circonftances qui méritent
toute notre attention. La première concerne
les profondeurs, de la terre, les
,caverne,s & les conduits fouterraîns en
partie comblés de débris & de ruines ,
en partie excavés & aggrandis par le
mouvement des eaux, lefquels ont dû
nécefiairement être pénétrés & remplis
non-feulement par la. yâfe fhléè & fui-
phureufe de l’Océan, mais encore par
toutes fortes de terres enlevées à la furface
du glob e, & même par les débris de
végétaux & d’animaux.
La fecorrtjfiyle ces circonftances nous
fait voir H>R:aux du déluge , non-feulement
arràWaht des pierres, des mines &
toutes lès fubftances qu’elles rencontr-oient
au-deflaus du fol qu’elles vendent d’enlever
; mais encore les courants fortant
des abîmes emportant avec eux des plus
grandes profondeurs , d’autres pierres &
d’autres fubftances minérales qu’ils ont
mêlées & confondues avec la terre qui
couvre actuellement notre globe* : en un
m o t, on voit que le déluge a porté dans
l’intérieur de la terre des, fubftances
qu’elle avoiénj arrachées de fes entrailles.
Quant à l’intérieur du g lo b e , fil eft
certain qu’on peut difficilement y trouver
les preuves de ce qu’on vient d’avanper,
& quand même on pourroit parvenir à
en faire l’examen, on feroit autorifé à
douter fi avant le déluge les cbofes n’é-
tôient pas dans la même fituation où on
les trouveroit aujourd’hui.
M
Au refte pour fe convaincre de tous
ces grands effets , il n’y .a' qu’à faire
attention à la violence dés eaux qui en
fortant des plus .grandes profondeurs de
la terre, fe font ouverts dès .paflages à
travers dé tout ce qu’elles, ont rencontré,
& qui après avoir été renforcées par le .
volume immenfe des eaux delà mèr , ont
formé des courants en tout fens & fe font.
fait jour par-tout.
Comment décider s’il y a "eu des vo lcans
avant le déluge, ou ft ce ne font
point les fubftances animales & végétales
ou* du moins ■ la vâfe bitumineufe de la
mer que les eaux ont dépofée en quel-'
ques endroits'qui j ointes aux amas immenfes
des mines fulphureufes ont caufé c e s .
embrâfétpens ? Au moins faudra-t-il convenir
que la mer fournit encore journellement
des matériaux & des* alimens
propres à entretenir ces terribles feux Souterrains.
En effet [es volcans ne fe trouvent
jamais que dans le voilinage de la mer, .
& il faut attribuer leur durée à une çaufe
capable de fournir fans ceffeède l’aliment ■
à un feu qui continue toujours. .
Il eft vrai que plufieurs phyficiens
prétendent qu’il n’eft pas néceflaire de
confidérer comme les relies du déluge ,
les débris des végétaux 8c des animaux,
que l’on rencontre dans le fein de la terre ;
& fi l’on examine leur Tentinrent avec
attention, on. trouvera qu’attachés à leurs
fpéculations: vagues, ils ont négligé de
faire attention aux propriétés & aux
phénomènes remarquables que l’ôh découvre
dans ces fortes de foffiles.
Mais pour pouvoir traiter ce fujet , il
fuffit de montrer la différence qu’il y a
entre de Amples jeux de la nature & les
bois , les empreintes des plantes , des
poiffons , & les coquillages véritables qui
ont été pétrifiés.
Hencltel ne s’occupe au refte que des
mines, tant de celles qui après avoir été bri-
G éographie- Phyjique. Tome I*
fées & arrachées, foit du fein de la terre, foit
de fa fur-face , ont été les unes ralTemblées
& réunies , les autres dilperfêes & répandues
çà & là dans les premières couches
de, la terre ou au-deffous, que des mines
qui fe font formées de nouveau dans des
couches récemment produites , & qui
étoient propres à leur fervir de matrices.
N e • pour oit - on pas demander à cette
occafion lî le déluge n’auroit pas pu
former des filons qui méritaffent d’être
nommés des fiions capitaux & fuivis ?
D ’abord à l’égard des mines par fragmens
• transportés, on ne peut faire aucune
difficulté de le s . attribuer à une révolution
que le déluge lèul a pu. caufer J
les grands débordemens n’agilfent-ils pas
dans les vallées où ils détruifent les édifices
& difperfent leurs matériaux? Les rochers
mêmes & les collines fie font pas à
l’afiri de leurs -ravages, ils en arrachent
des morceaux confidérables qu’ils entraînent
fouvent à une très-grande difiance.
Mais tous.ces effets méritent-ils. d’entrer
en.comparaifbn avec ceux qu’a du produire
la plus grande de toutes les inondations.
Roesfler a raifon de dire que a le déluge
, -» a enlevé en certains endroits des plus
» hautes montagnes, la terre qui les
» couvroitj a arraché les. couches quel-
» quefois jufqu’aux roc v i f , & a misa
» nud les crêtes que nous voyons
» encore aujourd’hui entièrement, dé-
» pouillées. »
Il faut ajouter encore à cela que dan»
le même déluge, la force qui fit monter
| les eaux fouterraines, & qui dût rompre
; & élargir en plus d’un endroit leurs
réfervoirs, a extrait des pierres & des
mines de l’intérieur du g lob e , à des
profondeurs'où les hommes lie pourront
jamais parvenir, & les a tranfpottées à
la furface de la terre. Comme ces mines
de différentes efpèces étoient placées différemment
, c ’eû-à-dire , tantôt voififies ,
tantôt éloignées des grandes fources forties
de l’intérieur du globe, il eft naturel que les
H h