
1! animer quelquefois des matières com-
buftibles, que fa prodigieufe raréfaction
peut caufer des éruptions fi terribles qu’elles
chalfent des corps très-pefans à des dif-
tances tres-éloignées ; que les volcans
peuvent avoir des communications latérales
les uns avec les autres, à quoi on
peut ajouter une communication perpendiculaire
avec le feu intérieur du globe :
que le contaâ de l ’eau peut caufer l’ébullition
furieufe des laves, les'1 éruptions,
les ch oc s, les défaftres; que des fourçes
très-chaudes, pendant tant de fiècles peuvent
produire de nouvelles fubftances
comme la p la t in e ,& c . Je conçois que
tous ces effets peuvent avoir lieu ; mais eè
qui excède: mon intelligence, c’eft larai-
fonl pour laquelle le fe r , les corps com-
buftibles l’eau, portent fans eeife la
matière vers le fommet d’une montagne
pour l’ordinaire la plus élevée du pays ,
& que ce phénomène doive toujours arriver
ajnfi puifqu’on ne connoît pas encore da
volcans dans .une plaine ou fur une fîmple
colline; car on doit.regarder comme fans
çonféquence, les ouvertures acceffoires
pu fecondaires qui pourroient s’êu-e rencontrées
dans de pareilles pofitions. Je ne
fuis point fatisfait, quand on veut expliquer
un pareil phénomène par la nature
& par la légèreté même du feu.
t e s naturaliftes de profefîîon & les
voyageurs inftruits & curieux, ontramaf-
fé une grande quantité de morceaux de
roches de pierres & de terres qui donnent
de véritables indices d’avoir été fondues
& calcinées. Ils.en ont trouvé dans toutes
les parties du monde & dans les endroits
où il n’y a point de volcan enaftiv-ké. On
ne peut donc point douter qu’il n’y en ait
eu en plufieurs endroits, lefquels depuis
très-long-tems font éteints, & qui peut-
être l’ont été par un déluge ; car fi un peu
d’eau fuffit pour enflammer; fi un peu
plus caufe une éruption, il elt polfibie
qu’une plus grande quantité éteigne abfo-
lument.
J’ai trouvé des marques évidentes de
l’ancienne combuftion de plufieurs montagnes
d’Efpagne, quoique les hiftoires
ne faifent point mention de leurs incendies
, & que la tradition ne fupplée point
à l’hiiloire. Entre Almagro & Corral ,
dans la Manche, auprès de la rivière Ja •
vaion, & fur le chemin d’Aimaden, on
trouve des morceaux de roches qui con-
fervent des marques de feu , & dans les
champs une quantité de pierres un peu
pelantes, colorées comme la fuie de cheminée
, au-dedans comme au-dehors.
Entre: Garthagene & Murcie près de la
mer , on remarque dans une vafte campagne
un volcan dont l’ouverture exifte.
Les gens du pays croient que c’ell une
caverne enchantée. Dans le territoire de
Murcie, oh trouve cinq cavernes fem-
biables & tres-profondes. Auprès de Car-
thagene enfin ', on en trouve une fep-
tieme, où l’on remarque les vefliges d’une
mine d’alun, avec quatre fources d’eau
chaude qui dénotent les volcans plus particulièrement
encore.
La terre rouge d’Almazarron , qui à
St. Illedephonfe, remplace le Colcothar -
pour donner le poli aux plus grandes
glaces de l’Europe, l’ochre rouge de
Grenade & la majeure partie 'des terres
rouges des différentes provinces d’Ëfpagne
avec lefquelles on marque les brebis, &
avec lefquelles on polit les jafpes, les
agates , les ferpentines, les marbres , & c .
font des produits d’autant de volcans.
A l’entrée du Cap-de-Gâte, il y a une
montagne fur le bord de la mer , du côté
d’A lméria, qui eil compofée en partie
fpécialement de pierres plus groffes & plus
longues que le bras , cryftalliféès en plu-
fîeurs feuilles égales, encaiffées délicatement
jufqu’à une certaine hauteur, dé
couleur de cendres j parce que le'fer pour
colorer les quilles leur a manqu é dans
la fufîon , leur configuration même
nianiféfte l’effet d’un réfroidiflemerit' régulier
fuivant les loix de la crÿftallifation.
Il eff vrai cependant qu’il y a des mines de
fer blanchâtres & descorps cryftallifés d’un
blanc parfait qui reçoivent cette couleur
du fe r, & qui font de la claffe des vitri-
fiables. Je n’en ai point vu ; mais Godin
m’a alluré en avoir vu qui n’étoient pas
entièrement cryftallifés dans la prodigieufe
montagne de Q u ito , dont le fommet eft
toujours couvert de neiges, & dont l’intérieur
eft continuellement embrafé par
le feu d’un volcan épouvantable.
On remarque en Catalogne , entre Gé-
ronne& Figuerasallez près de la mer, deux
montagnes pyramidales d’égale hauteur,
qui fe touchent par leurs bafes & qui
prouvent par les indices les moins équivoques
avoir été anciennement des volcans.
Les trous remplis de coquiilagés pétrifiés-
qu’on rencontre au bas de ces montagnes,
font des.effets' poftérieurs aux volcans;
Car quand on trouve de ces pétrifications
auprès des volcans , elles en démontrent
1 antiquité , mais en cinq ou fix mille ans,
il y a plus de tems qu’il n’en faut pour
de pareils! phénomènes , & mênhe jpour
beaucoup d’autres plus confîdérables.
' Rien ne démontre les révolutions que
notre globe a éprouvées & éprouve comme
là montagne de Monferrate ; car les petites
pierres-dé-touche s’y trouvent fur une
mohtâgne entièrement calcaire, & parmi
des pyramides élevées, compôfées de
pierres: arrondies & conglutinées. Les
pierrès-de-tôuche noires & du même grain
que celles qu’on trouve en Catalogne,
font toutes l’ouvrage du fe u , & elles font
de la mêmé nàtùre ferrugineufe que les
hautes & ■ fiftgùlièrés colonnes . dé la montagne
d’Uflon en Auvergne. CeS colonnes
de bafalte ffe trouvèrent fans doute ‘eh état
de fufîon^ave'c1 le fer quand elles fe mêlèrent
avec lui : fi elles font dé figuré irrégulière
c’eft pour avoir éprouvé un ré-
froidiffement graduel comme le bafalte
blanc du Cap-de-Gâte, s ’il m’eft permis
de l’appeller ainfi. Les petits grains ronds,
blancs;, ôt vqïtsfdes.-.terieÿrifiBlûvéeï .au
pied de cette montagne d’Uffon ont toutes
été de fer , puifque j’en ai vu plufieurs qui
contenoient encore le métal au centre, &
qu’on reconnoiffoit pour avoir été de la
cendrée ou grenaille de fer. On peut expliquer
leur formation par le procédé des
fondeurs qui font de la grenaille de fe r ,
& qui prenent en conféquence de grande»
cuillerées de métal fondu, qu’ils, jettent
avec force par terre. Les mines de fer
compofées de grains ronds font toutes produites
par des éruptions de volcans ,
comme le font certainement les mines des
environs de Ronda & celles de Befort;
les unes & les autres comme celles d’A llemagne
font dilpofées en couches fu-
perficielles peu épaiffes, & donnent un fer
très-doux.
On pourroit faire des pierres-de-touche
avec les colonnes. d’Uffon, comme lgs allemands
en font avec les bafaltes de Heffe
& de Saxe, qui font des portions de pierres,
qui fortent hors de terre comme de grolfes
bornes , ou limites, mais d’une figure plus
'irrégulière que les-eolonnes d’Uffon. Ces
morceaux de bafalte ifolés portent des
marques d’une crÿftalïifation fai te •précipitamment.
Le pavé des“ géàtiïs du comté
d’Antrim , les orgues qui ëli fout partie
& d’autres malles pareilles qu’on trouve
dans le nord de l’Irlande font des colonnades
d’un nombre infini de piliers plus
ou moins réguliers de bafalte, femblables
par la couleur & par la forme à ceux d’Ufr
ion, & dont on fait aufiï en Irlande ,des
pierres-de-touche.
Les pierres ardoilières noires & tendres
qu’on trouve en fi grande abondance dans'
les Pyrenéès dé Catalogne1, & qu’on
appelle communément lapis, font aulli
un produit de VolCans éteints.
Je crois,avoir reconnu un volcan dans
la montagné de Sérante, Ijtuée au bord
dé>!la mer , à l’embOUchüre de la rivière
dé Bilbao ; cetté montagne reffemble ê
un, pàin de fucre , vue à quelque diftance ;