
la ville de Vafa. Ce rocher étoit à fleur-
d’eau il y a 40 ans, quand 1e vaiffeau
de Bu'lieh , citoyen de cette ville , y
échoua, & en 1742 ce • même rocher
étoit élevé de deux pieds au-deflus de l’eau.
Cclfius conclut, d’après ces ôbfervations : :
favoir d’après la premiers , que dans l’ef-
pace de 100 ans, là mer baille de 41 I
pouces géométriques 5 de la fécondé, 41,'
de la troifîeme, 70, de la quatrième ,
41 j. pouces. , " .j
Il n’eft pas étonnant que chaque ob-
fervatiori ne produife [pas le. même:
nombre de pouces, puifque. le nombre1
d’années afligné peut aifément manquer
de ju (telle, & que la hauteur ordinaire
de l’eau pendant l’été peut varier fpivant
les années & par divers accidens1.. Celfius
ne croit pas rifquer de s’écarter beaucoup,
de la vérité , en prenant un terme-moyen,:
& ce terme moyen donne en cent aijsf
47 pouces géométriques ou neuf quarts'
d’une aune de Sitede.
Les obfervations faites du côté de;
l’Océan préfenterent lés mêmes réfultats J
ce qui eft prouvé par le témoignage desj
pilotes de GulLJiom,, fur la côte de Bahus. j
Ces pilotes âgés de 60 à 80 ans déclà4 i
rent en 1742 à Kalm, que. dans leur]
jeunelfe ils avoient vu ' l’eàu de, là mer?
plus haute, d’une aune .7 que la pointe j
de Gudmund-Skaret étoit alors ..de fix?
quarts d’aùne au deffous de l’eau , tandis. ;
que prélentement elle fe tr ou voit au ni- ,-
veau de fa furface , & qu’on alloit actuellement
à pied fec dans les endroits où“'
dans ce téms on avoit de l’eau Jufqu’aux
genoux.
Celfius qui cherchoit-plus à découvrir
la vérité, qu’à fouteriir fon hypothèfe
en appelia au jugement de la poftérité,,
& chargea pour cet effet] Rudrnan de
faire tailler, dans le . rocher , nommé
Sivart-Ballfui, litué au Nora de i’iflé
de Lofrand, une ligne, hor ifontale au
niveau de h mer ; ce qui fut exécuté
dans l’été de ' l’année. 1731 , on -grava
même une infcription pour conftatér
l’époque.
Celfius préfume feulement , que la
caufe , de la diminution de l’eau peut être
attribuée,ou au changement d’une partie
de la. pluie en terre , ' Ou à des crevaflës
dans le fond de la nier , ,ainli qu'Hierne
les avoit füppofées , ou à ces deux caulès
réunies. Il fe garde bien d’appliquer le
réfultat de çes obfervations aux fiècles
palfés & à ceux à venir, parce . qu’on
n’eft. point certain fi , la hauteur de la
mer a diminué dans le teins • paffé , fi
elle diminuera, toujours dans la même
proportion , ou feulement pendant- un
certain nombre d’années. D’ailleurs cette
proportion peut varier d’une époque, à
l’autre par divers accidens j favoir par
l’évaporation inégale de la mer , par la
; quantité peu confiante des, végétaux , par
la diverfe étendue de terre cultivée fur
le continent, par la preffion inégale de
l’eau , refpeélivement aux différentes profondeurs
de la mer , d’après le nombre
& Ta forme variée des ouvertures du fond
de la mer:, Sec. En admettant k mefure
adoptée par Qelfins , la Suèdedevoit avoir
autrefois une face bien différente de celle
qu’elleoffre aujourd’hui. Dans fon fÿftême,
, les' contes , les hiftoires fabuleufss qu’on
a fabriquées fur la fituation de et: pays ,
ne paroîtroient plus incroyables. Tels
ont été les Fondemens de la façon de
penfer de Celfius.
Won-Linnéè , connu par tant de titres
dans toutes les parties du moirde lavant,
examinoit dans ce même tems les différées
, objets que préfente la nature. Dans fes
recherches ,il trouva dans le continent
tant de yefliges, du féjour de la mer
qu’il en conclut, fans héfiter , qtrautrefols
elle avoit entièrement couvert notre globe;
O s’efforça de prouver fon affertîon en
1743 par un dilcours prononcé à Üplàl,
de tellurls\ habitabllis iricremmentis, dans
lequel il démontre , d’apres un grand
nombre d’obfervâtions , que l’augmentation
du continent eft la preuve de la
diminution delà trier. Il publia en 1747
fon 'voyage -dans le Gotland ; celui de
Veftrôgothie en 1747,'' & celui de Scanie,
en; 1771. Rien de remarquable ne pou-
voît échapper aux yeux d’un tel obferva- ;
teur. Les montagnes, les vallées , la
terre, fes entrailles même, les rivages;
de la itier, les ports, les fleuves, &c.
offrirent' par-tout à fa vue des débris'
d’individus marins. Notre naturalifie établit
pour principe que la marche de, la nature
eft uniforme, qu’elle ne fait point de;
fauts; d’après ces principes, il démontre
la probabilité de la diminution de la mef ,
&' comment elle a été produite, fans
rien déranger à l’ordre naturel.
Quelle fera donc l’idée qu’ün hiftorien
doit, fe former de la géographie actuelle
de la Suède, d’après les obfervations
de Celfius & de Linnée , fur-tout quand
lés annales du ‘pays la repréfentent comme
une ille ou plutôt comme un aifembiage
de plufîeurs ifiés?
FeuDaiin publia en 1747 k première
partie de l’hiftoire de la Suède, dans, laquelle
Après, avoir examiné Chaque objet fé-
parement,: & fous fon point de. rapport
ou d’éloignement avec les autres , il?
adopta Beau; de la mer pour fource, &
pour mere commune de toutes efpèees
de pierres & de terres. Selon lui l’argile?
eft le fédimextt terreux de la mer -, les,
fables unis à la chaux & réduits en particules
très-fines,, fe condenfent,en pierre,-
fàbloneufe, St forment en fe coagulant,
fesgraviers & les cailloux de differente
groftènr. -La terre calcaire anêlée, avec
une certaine quantité d’argile, fournit
le marbre & la pierre à chaux. De la
pierre à,. chaux vient la pierre blanche ,
de,celle-ci la craie , & de la craie la,
pierre à fuiil. Le limon ou tourbe limo-
meufe donne i ’exiftence à l’ardoife qui fe
change à fon tour en - terreau ou terre
cqmmune noire. Le mica, le fpath & le
, quartz doivent, félon lui , leur origine
. à l’eau de la mer retenue dans les fentes'
des montagnes , lorfque les exhalaifons
' pierreùfes s’y mêlent. Les cryftaux naiiïent
de l’union de ces deux dernieres efpèees
ayec le Tel, St les roches font produites
par un fabicn peu différent du primitif.
Au relie , ce: font les ouvrages même
■ fie ce grand homme qu’il' faut confuker
. ce fujet,
il rapporte les preuves delà diminution
1 de l’eâu, tirées des ouvrages de
New?ton, d’Hierne, Siiedenborg, Stccbée r
Linnée , & principalement de Celfius ; il
y en réunit plufîeurs autres, prifés dans
les anciennes annales , & il remarque
qu’on a défîgné la plupart des habitations
par , des noms tirés des lieux même où
elles étoient fituées. comme . de Holnt,
F ik , Sutid, Nas , Fors , Srom , &c„-, ce
qui lignifie ille, golfe , détroit , ifthine,
fleuve , torrent, lac , marais , quoique
ces lieux ïoient aâueliement très-éloignés
de la mer, ou de l’eau, ou du lac dont
ils tirent leurs, dénominations. Il dit
d’après Celfius que Pytheas qui étoit
venu-dans le Nord. 300 ans avant 1,’èfe
chrétienne., ïepréfente Thulé, & Bafîlia
Balthia, .comme deux ifles ; que P.tolém.ée,
qui’ vivoit 139 ans après J. C. parle
de la Scandinavie , comme d’un pays
formé de quatre ifles, favoir , d’une
grande & .de deux petites; que i’anonyme
de Ravenrie fait mention d’une grande ille
nommée Sehant^a. , lituée dans le pays
des anciens Scythes ,. d’où font fortis
plûfieurs peuples qui habitent aujourd’hui
la, partie occidentale du mondé. Il y
ajoute qu’.ÆWa.r Silvius, qui fut pape
fous le nom de Pie II appelle le royaume
de Suède, un pays bordé de tous côtés
, par la mer; que Lundau. neuvième liècfe.
: étoit une ville maritime ; que - tfVpfal
à Lagga, il y avoit vers l’an 1030 phï-
fîeurs communications,'entre lelac Moeler
■ & la mer Baltique , &c. Mais la preuve
la plus forte que rapporte Daim,. eft
une infcription gravée par un- nommé
» IJloy ou Gifle fur un rocher peu éloigné