phyfique dont cm trouve là réfutation
dans les ouvrages de Formey, Bertrand,
& principalement de ceux de Brouwal-
lius, évêque d’Abo. Maillet: pénfè que la
conformation cfu fond de la mer eü la
meme que celle dolafùrface & de 1 intérieur
de ls terre : il croit que la partie qui
forme aujourd’hui le continent, & qui
efl à fec , a d’abord été couverte par
les eaux de la mer. Il prétend que les
courans qu’il a examines dans 1 immeRfe
abîme des eaux ont été capables de produire
, dans la fuite des teins; les inégalités
que la furface de la terre nous
préfente. Maillet trouve dans chaque
montagne -, dans les ifthmes, dans les
iiles & au fond delà mer , des particularités
qui favoriiènt fon hypothèfe, à laquelle
il donne tcut l’agrément & toute la vivacité
qu’une tête auffi légère- que la Renne
pouvoitlui prêter. Tous les êtres, -fuivaiR
fon fyflétrie , doivent leur origine a
l’eau de la mer ; il ne lui faut que cette-
mere-féconde pour produire les différens
objets vivâns répandus fur notre globe.j
Suivons cet auteur dans quelques uns des
détails de fort ouvragé.
Maillet trouve par les me.fures prifes
f tr les ruines de Carthage & d’Alexandrie,
cre le niveau de_ la mer a baiffé dé trois
"i.îeds quatre pouces en .mille ans, ou
Simplement de trois pieds , -ainfi qu’il
l’adopte dans fon ouvrage; Il mefure,
■d’après ce .‘point, dorme, le teins, qui
s’eft écoulé depuis que le fommet des
plus hautes montagnes commença à
paroitre au defiiis de 1 eau, &-celui qui efl
encore néceflaire à la diminution ‘totale de
la mer. Cette diminution comparée au
teiirs qui s’eft écoulé , efl fort peu confié
rab le ; le réfultat des calculs qu’il fait
ti’aptèîfon hypothèfe a donc été de donner
au monde une antiquité prodigieufe. L’élévation
du mont Chimboraço dans le Pérou
au-deffus du niveau aduei de la mer , n’a
pu le former qu’en 6,7po,ooo ans , ce
qui efl contradifloiré avec les idées reçues-.
Si nous fuppofons, avec.'Fauteur que l’eau
de la mer ait été autrefois au fiivëau dés
marques qu’il indique à Carthage &. a
Alexandrie, & qu’il compare au niveau
préfent de.la mer-, alors .il aura-raifon
d’admettre un pareil abailfement. Mais
tant que des obfervateurs inftruits A non
prévenus , n’auront .pas fait fur'lfs. lieux
des recherches exaâes;, on pourra^ dire
avec autant de probabilité 8c de vraifem-
blance , que-ces anciens édifices & tous
ces monumens-. nnaflifs fe font enfoncés
par leur propre poids pendant, un laps
de tems fi eonfîdér&ble.
Des côtes d’Afrique tranfportons nous
fur celles de Suède, où l’hypothèfe de la
diminution de l’eau de la nier- a‘. déjà
beaucoup de partifanL Celfius, âftronomè
célèbre & obfervateur exaft, commença
dès l’année 1724, àraffemblér des obfer-
vations en voyageant dans les provinces de
Relfingcland 8c de Médeipad, Ces obfer»
varions lui firent penfer que la .mer Bal-
tidue a jadis été plus élevée qu’elle ne
l’eft aftueilement. Il fut perfuadéren 1732
par de nouvelles découvertes faites dans
les environs de Bahus , que l’Océan efl
pareillement abaiffé, & enfin il fut en
1736 confirmé-dans fon Opinion par le
voyage qu’il fit a Tcrnéo & dont -la relation
efl inferée dans les mémoires de
l’académie royale de Stockholm , année
1743. Nous ne raporterons pas les raifons
"qu'il allègue, pour prouver qu’une grande,
partie de la terre actuellement- habitée ,
a été autrefois couverte des Taux de la
mer. C?eft un fait que perfonne ne peut révoquer
en doute. Nous parlerons feulement
des moyens que Celfius prit pour découvrir
fi le niveau de la mer s’abaiffe peu à peu
& par gradation , & quelle efl la proportion
de cet abaiflement.
La pofition prëfente & paffse des
villes de Eudorh-JFall , de Pilea , de
Lulea , fur les bords du golfe de Bothnie.
attira fes regards. Il vit qu’on âvoit fuc-
ceffivementrapproché ces villes du rivage,
& abandonne les anciennes -habitations;
Celfius fixa principalement Ton attention
fur; les grandes pierres où les chiens
marins viennent prendre l’air & fur lef-
quell.es on les ■ tue. Ces pierres ne leur
fervent que quand elles font à fleur d’eau.
La première, qu’il obferva efl fituée à
la pointe de Rumjkacd près de l’ifle
IggaiV à trois lieues au Nord de Gefle.
‘Du"rems île Guflave. & de Erix IX ,
; ^irj payfyi nommé Riknfis, prenoit des
; veaux marins fur ie fommet de cette pierre.
L’eau defeendit, durant fon vivant, du.
dôminet, jadqa’a une couche horifoiitale
plus -baffe où le -veau marin fe plaçoit
alors ; maïs comme le fommet de la
pierrê qui était hors de l’eau empêchoit
Riknits qui venoit du côté de la terre ,
de voir le veau marin , il travailioit à
brûler & à emporter pendant l ’hiver la
partie: qui furmontoit’ l’eau. Ses* fils
.achetèrent de la couronne cette, ifle en
1^83 s, &fes defeendans &Ies propriétaires
[ aéluels affirment que Riknits brûla cette
pierre environ 20 ans avant que fes fils
en euffent fait l’acquifîtion & par con-
féquent, en 1j 6j .
Le polît de la ville de Teraéoifut.conflruit
en i$2Q; & en 1736 il étoit fort éloigné
de la mer. On obferva la même chofe
dans les environs de Bahus & dans
les ports dé F anum 8c de Gribbefladt. Les
vieillards qui habitent ces côtes ont vu
dans leur jeuneffe de grands yachts venir
y aborder, tandis qu’au) ourd’hui on ne ,
peut y faire mouiller de‘'petits canots.'
H y 3 yo ans que de grands yaifîêaux
pàflèrent à Vafâ & a' Gefle; 8c les plus .
petits bateaux n’y trouvent pas afluelle-t
ment allez de; profondeur. Les pêcheur,®
de certainfes côtes d’ Oflrobotnie ont été |
forcés, en moins de 30 ans ; de chercher:
de nouveaux endroits .pour la pêche,
8c de changer .’ trois' fois d’habitations*
dans t’efpace de po ans pour fe rapprocher
de la mer. On laboüre1 actuellement la!
terré dans lés environs de la vieille ville
d’H-udirgsi-'Vaile-, & cetté'plage 1 étoit
couverte d’eau il y a 60 ans. Des prairies
immenfes environnent Fanum 8c Fafa,
tandis qu’on y voÿoit autrefois un Le
profond , où l’on pêchoit avec les : plus*
grands filets.
Celfius qui n-a d’autre but que celui
de dire la vérité, convient que ces
changemens peuvent êtré l’effet des
aterriffemens formés par les fleuves ou
par ,des amas, de fable que la mer jette
fur ces rivages; mais îorfque dans des
marais éloignés de la mer-, comme d'ans
ceux de Laghela-, de Vafa t c c ., il trouve*
des plantes marines, de s débris de vaifteaux,
des ancres , des crochets fixés dans des
rochers pour y arrêter les cables, alors j
il croit être en droit de prétendre que
c’étoit l’ancien lit de la mer. Les autres
preuves qu’il donne ne’ fènt pas moins
convaincantes. Il obferve ‘que de petites
montagnes & des rochers s’élèvent infen-
fiblement fur la liirface de l’eau vers les
côtes de la mer Baltique , comme à
Huflafari, Eafa, Fallbaka, & à Gudmundfi-
haret, près de Bahus. D’après-cés obfer-
vatio’ns, qui peut douter 4® l’abaiffetuent
ilu niveau de ît mer ?
Rudman, pendant l’été de 1731 &
dans le tems que l ’eau-étoit à fa moyenne
hauteur, examina de nouveau cette pierre,
à la demande de Celfius, & trouva qu’elle
avoir alors huit pieds d’élévàtiop au deffus ■
de'la furface de l’eau , ce qui préfeiite
un effet frappant , dans l’éfpacè de 168,.
ans.
Rudman vifita encore la même année
"une autre pierre a Lofgrand, fituée au
. Nord-Eft de Gefle , fur laquelle yo ans
auparavant on prenoit des veaux marins ,
& il trouva que le nivéau de la mer
avoir baillé de 20 \ pouces géométriques.
Celfius apprit encore en 1742 , par les
obfervations de Stenbeck en Ofirobonie,
que dans l’efpace de- 20 a 24 ans le niveau
-de ' la mer avoir baillé d’un pied ce
que Stenbeck avoit obfervé lui-même
fur plufknts rochers près de la^ mer,
• çpmme fur celui du golfe, à côfé de