
§. S.
L ’Epie dans.fbn curieux traite intitule :
JReckcrc-k.es fu r la jh'uàüon naturelle &
a3u(lU\de la Hollande, nous a prouvé,
clairement ou-que les terres en Non-H o llande
fe font baillées, ou que la mer y eft
devenue p'ius'haute -depuis trois cents ans ;
fi ce fait éfl vrai , il eft probable- qu’il a
eu de mêmelieu avant ce temps. Les terres,
qui ’dans les temps antérieurs avant que
Fels moulins-pour -l’écoulement des; eaux
eulTent été inventés, (invention que l’Epie
place vers l’an 1447 , ’mais que peut-être-
on doit mettre'quelques années plutôt)
s’èievoient au-deflus de l’eau , eurent déjà
befoia en 1471 près d’Enknuifen du fe-
cours de ces moulins. On fut obligé alors
dé Former un pëîl ou une hauteur pour lés
terres hantes, afin de ne pas leur tirer trop
dTèau, & pour en faire cependant écouler La
quantité que demandoient les terres baffes.
Mais en 1616 , & par conféquept itupanV;
après la confirüéiion des moulins, on fut :
oblige de mettre Je peil d’été à deux pouces
plus bas , Si le peil d’hiver à cinq pouces
plus haut que l’ancienne . hauteur-d’été;
Àmfi en id q ans la mer eft, du moins
dans Cet endroit, devenue plus haute de
deux pouces , ou les terres y ont baille
d"e - deux pouces ; ou peut être faut-il
attribuer cet effet à ces deux caufes réunies,
fi même on ne doit pas y en ajouter une
U'pifîéine*, ajnfi que nops ibbferyeron.s
plus bas, Enfuite , depuis 1816 jiifqu’er?
1 7 3 2 , & par conséquent, dan?, ~l’efpa<?e de
116' ans , on. a été obligé‘de bailler a Enk-
huifen. çl dans les environs , le peil d’été
d’environ onze pouces ; ce^qui de nouyeaa
donne en général q peu près ie ,même
ïéfujtat,
§ï 7-t
L ’Epie a encore fuivi une autre route
peur déterminer cet affaiffement fuppofé
des terres i il a naefuré par uriventd’efi la
hauteur des eaux in té r ieu re s au feuii de
l ’O v e r to om d’Ë n k h u ilen ( 1)y a in f i que la
hauteur de la mer au même, en d ro it au
moment du flu x ; & il c o n c lu t de -cette
m e fu r e 'q u e le s terres font 6 pieds lO p ou -
,ces i d’ Amfte rdarn ( ce qui fait à p eu p rès 6
pieds-J f p o u c e s du R hyn ian id ) p lu s b iffe s
que les marées-de la mer devant ce tte v i l l e ,
lo r fqu’ i l y a p le in e ou n ou veU eluné ;- & a u x
temps ord inaire s 6 pieds 7 i p o u c e s d’A m f-
terdaro. P u ifq u e néc-eflâifement cé s terretf1
ont d û fe t ro u v e r au deflus',-ou; du moins
à hauteur ég a le d e la mer ou de la marée
Ordinaire^ Sc qu’elles fe tro u v en t au jou r d’
hui au m o in s 6 p ied s y ( (^ u c e s p lus
baffes , il p a ra it qu’on d o it en- c o n c lu r e ,
qu’elles fe r o n t affàiffées tte ƒ pieds 4 (p o u -
Ges , ç e qui en tren te ans fait un p ie d j
cep end ant depuis 1616 ju fq u ’à 1732 cet
aïFaiflement n’a dû ê tre q u e d’e n v iro n un.
2 de p ie d en 3 0 ans,
Quoique ces raifonnemens 1 ne foient.
nullement à rejetter , il faut cependant
obferver i ° . :éque par d’anciens témoignages,
on.peut démontrer que la WefhFrife,
avant que d’être entourée det.digués , ne
confiftoit qu’en des morceaux de terre
entrecoupés dVaux-marécageufes & fau*
mâtresj déforte que là vafe’des rivières, n’a
pas pu contribuer beaucoup à les .Kauffer ;
cependant -pfiifîeurs des écrivains, qui regardent,
l’affaiflèment des terres comme un
fait avéré & certain , penfent que cet àfFaii-
fement .Provient de la. cohfolidation des
fables ,de la vafe & des autres fiibfiances
que les rivières-y ont charrié & qui fe font
précipitées près de .leurs embouchures ; &
que ç’eft de cette manière que la Hollande
(1) L’Overtoom eft un endroit élevé ou uns
chauffée, par deflus laquelle on tire des bateaux
à force de bras, & par lë moyen d’une grands
roue, pour les paffer dans une autre eau 5 c eft
lin ponc à rouleaux.
doit en grande partie fa formation aux
rivières. Je neciteraipointd’anciensmonu-
m_ens.pour prouver ce que nousvenons de.
dire de la W;eft-F rjfe ,•& pour êtr'e fuccint,
je m’appuierai fur les preuves affemblées
par Eikelenberge. 2 °. Si j ’ai bien compris
l ’idée ded’fîp ie ’,' on trouve-peu de rapport
entre-les obférvàtioris ;que nous avons ci-
téesplushaut : fi depuis 1472 jufqu’à 16 16 ,
.les terres ont baiffé de 7 pieds 4 £ pouces ,
comment a-t’on donc pu réparer: en qùei-
que forte cetràvail en ne baiflànt en 1616
la marque du peil que de deux pouces par
année ? je fais bien qu’iln’efl pas néceffaire
de baifiér ce peil entièrement des 7 pieds!
4 5 pouces ; puifqu’il fiiifit de porter l’évar
euation dés. eaux à la hauteur moyenne du
Zuyderzée quipeutêtre nedifférepas beaucoup
à Enkhuifen de la hauteur moyenne
de l’Y , près Sparendam, Où cette eau eft
plus baffe de 8 pôuCes. que les marées,
ordinaires : mais on voit cependant que'
labamément de deux pouces n’auroit
pas pu fuffire pour un affaiffement des
terres de tant depieds. 30. L'e ventd’Eft au-
roit-il fait defcençlre l ’eau - intérieure de
manièreque la différence entre fa hauteur
& pelle, du Zuide.rzéè"en foit devenue
plus; grande ? Pour ne pas parler-encore
dë l ’élévation du Zuiderzée , qu’on remarque
certainement aux éclufes de Sparendam
& .de Halfwegên , & que quelques
•écrivains attribuent avec vralfemblance à:
l’élargiffèment des bouches par lefquelles'
il communique -avec la mer du Nord ;
du moins ne peut-on pas exclure entiè-'
rement ceci du nombre des caufes vé- ;
ritables.
§• 9-
Néanmoins, comme les obfervations
de l’Epie .fenjbient .prouver que;, la
mer eft aujourd’hui ■ plus elevée au-déflus
des terrés de la ’Wleitfrife qu’elle né l’é-
toit il y a 300 ans ; on pourrait deman--
der ‘s’il ne faut pas attribuer Yen partie'
ce changement à un écroulement ou éboulement,
8c lion pas uniquement au feul
affaiffement des terrés ^ principalement
dans cés' endroits où l’on fe fert demou-
Jins. Il eft vrai que l’eau de pluie en
s’écoulant vers la mer ou vers lc& rivières.,
les ruiffeaux, Sec. traîne1'avec elle- une
certaine -quantité de fable, des, hauteurs
, vers lessj,fieux bas;"mais la plus grande;
j partie dë l ’eau de pluie s’imbibe dans la
' terre ,. pénètre , peut-être',; en quelques
endroits jufqû’aux fources. , & laide'par
'conséquent lés' terres -, pour àinfr dire1,
dans leur ancien état:, & dans leur an-
-dienne hauteur. -Il en eft,tout autrement
lorfque l’eau de pluie,-de même que l’eau
de fource, qui. filtre fouvent au travérs
des digues*, eft enlevée par les moulins ;
car ces moulins contraignent l’eau à fortir
des terrés fui' iefquefies elle fe trouve,
& l’entrainent avec violence ; de forte
qu’elle ne peut pas' s’imbiber dans la terre,
.mais qu’elle eft emportée avec -quelques
parties terreitres oü de fable. Ne pourrai
t-on pas auffi attribuer en partie cet
accroiffement journalier des eaux' intérieures
de la Nort-Hol lande , & la né-
ceiîité de baiffer le -peil au grandnombre
de defféchemens ? pùifque fuiv'ànt l’efti-
ùnation- qu’on en a-faite ,' la Nort-Hol-
lande à depuis l ’an raoS bien i 8dc3o ou
4^700 arpents, de Paris d’étendue d’eau,
de moins.
Je ne donne ceci que comme de pures
conjeélüres , qui cependant ne font peut-
être j.-asi tout-à:fai! à rejetter , & qui
peuvent feryir à mettre fous lès , yeux des
caufes, qui avec le véritable affaiffement
des terres, & lé hauffemènt délia mer , co.n-
tourènt à opérer, des changements affez
çonfidérabies. 1
§. 10. |
Si véritablement on remarque un tel
affaiffement des terres .de la Weft-Frife ,
ou plutôt, en général., un tel changemen