
Qu'on réfléchiffe que les de l’ancien
Monde & au moins les j du nouveau font
au nord de l’équateur , que la mer eil
au moins plus légère que la terre dont une
partie coniifte en pierres dures , & l’on
verra clairement que la moitié du globe,
qui tfl vers le pôle avélique, (êruit beaucoup
plus pefante que l’autre moitié , s’il
n’y avoit pas au fud de contrepoids fuffi-
fant pour maintenir l’équilibre.
Si l’on confidère encore que les lignes ,
tirées au milieu des deux continens , pris
dans leur plus grande longueur, s’inclinent
vers l’équateur dans des direétions oppo-
fées, & que dans leur.prolongement elles
s’écartent l’une de l’autre d’environ 180
degrés de longitude, tandis que leurs centres
ne font éloignés que de 127 degrés , 011
verra que le continent Aultra! doit être
v ci fin de la Nouvelle-Zélande, ou du
moins qu’il doit en être peu éloigné.
(Malgré ces raifons, le contrepoids n’a pas:
été trouvé de ni s jours tel qu’on le
foupçonnoit , & furtout Buffbn, de qui
Bergman paroit avoir emprunté ces idées
& ces raifonnemens. )
Nous ne pouvons connoître l’exaâe'::
proportion entre (a fur face de la terre
apparente & celle'de l’eau ; cependant il
paroît certain que la mer couvre au moins
la moitié du globe. A la vérité, on ne peut
faire entrer dans ce calcul l’efpace qu’y
occupent le nombre des petites îles qui
nous font connues ; mais comme on en
diftraitj auffi les amas d’eaux qu’on trouve
dans l’intérieur des terres , tels que les
lacs, les marais, les fleuves, &c. , on voit
que cette queflion ne peut être d’une grande
importance.
Quant à la queflion, lï la proportion
d’étendue aâuellement exiflante entre la
terre & la mer a toujours été la même ,
ou n elle ne doit jamais changer par la
fuite, nous la difcuterons d’une manière
détaillée dans le chapitre de la diminution
de l’eau.
§• I I .
Apperçti des cotes dis continens.
Nous allons parler en peu de mots des
pays qui forment les limites des cômineni
aétueliament connus , limites qui but été
déterminées peu-à-peu par les voyageurs,
Un coup-d’oeil jette fur le globe tefreflrc,
inflruira .mieux de leur fituation ; mais
c’eft ici le lieu d’en faire remarquer h
difpofition particulière & les motifs qui
ont donné lieu à leur fixation.
De toutes les cartes quLont été publiées
fur les côtes de la Norwege , celle du Cap-
Vangenllein qui a paru en 17(51 , eft juf-
qu’à préfent la meilleure , quoiqu’elle ait
encore befoin de différentes améliorations,
particuliérement fur ce qui concerne la
latitude.des lieux. Les côtes de ce royaume
font, pour la plupart, hériflees de roches
efearpées , & forment une multitude de
courbures qui donnent lieu à beaucoup de
petites baies. Ces roches font hautes &
exadement entrecoupées de plaines. Le»
côtes de la Suède & de tous les pays qui
environnent la mer Baltique font plus ou
moins efearpées , & en particulier celles1
de Veftrobothnie, de la Finlande, de
l’Eflonie & de la Courlande.
Les côtes de l’Allemagne font plates,
& femblables à celles de la Scanie. Pour
les côtes de Suède fur la Baltique, on peu;
confulter la carte générale de Suède , publiée
en 1747 par le bureau royal d’arpentage
, & une autre carte particulière pour
la Scanie, la Sudermanie, le lac Meier,
le golfe de Finlande. Quant à l’Allemagne
, la carte critique du profeffeur
Meyers , publiée par Homan en 1770.
eft la plus exade , quoique les nouvelles
obfervations aftronomiques rendent cette
carte , comme la plupart des autres, fuf-
ceptible de plufieurs changemens..
Les côtes du Danemarck , du Jutland ,
de la Hollande & de la France font baffes
Irefque partout. Celles de Portugal & de
fa Galice en Efpagne , font très-élevées,
iean Meyer a fait une carte du Danemarck
fous le règne de Chriftian IV, que les
héritiers de Homan ont publiée avec des
èorredions ; mais celle de Pontoppidan eft
)a meilleure de toutes celles qu’on con-
loiflfc. A l’égard des côtes de Hollande &
fies autres pays qui s’étendent le long dp
l'Océan occidental , on peut regarder
lomme une dés plus' exaétss , celle qui en
a été publiée par l’ordre du comte de
Maurefâs.
I La France eft , de tous les pays de
l’Europe , celui qui a été le mieux décrit,
avantage qu’elle doit aux travaux de fon
académie des fciences. C’eft auffi lï partie
lu monde dont on ait les cartes les plus
larfaites. Quanta i’Efpagne, Outre celles
lont j’ai déjà parlé, on peut le fervir utilement
des dernières cartes d’Homan ; &
pour le Portugal, Rizzi Zannoni & Godin
îffltfait une nouvelle carte, conforme aux
calculs géométriques , & augmentée de
plufieurs obfervations aftronomiques. Cette
faite, en deux feuilles, a été gravée par
Lattré, à Paris , en 1762.
S Les côtes de la Méditerranée font dé-
fcrites fur la carte qui a été publiée à ce
fujet en 1737 , par les ordres du comte de
Maurepas. Les côtes, au nord de cette
mer, foiit en général élevées , & particuliérement
celles d’Italie qui, hériflees de
loches calcaires & de pierres de différentes
ifpèces , offrent de loin l’afpeèt de colonnes
He marbre d’inégale grandeur.
J Les côtes feptentrionales de l’Afrique
jjont plus baffes que les côtes de l’Europe
fpii en font la fuite, Prefque toute la rade
qui s’étend depuis le Cap-Monte jufqu’au
fleuve de la Volta fur la «ôte de Guinée,
offre d’abord une plaine qui s’étend l’ef-
^pace de quelques milles ; plus loin on
^pperçoit des montagnes & des forêts 011
•fjit même que près d’Acra , on peut dif-
Liguer, lorfque le tems yft clair, trois
rangs de montagnes qui vont en s’élevant
à mefure qu’elles s’éloignent de la côte.
Depuis la Volta jufqu’au Cap de Bonne-
Efpécante, les côtes font, pour la plupart,
montueufes & efearpées.
Quant à la fituation de ces cotes , les
cartes deDanville & de Belin font les plus
exaèhs. On peut confulter, pour les côtes
de Guinée , la carte de Romer , & celle
du Cap de Bonne-Efpérance faite d’après
les obfervations aftronomiques de M. de
la Caille & de plufieurs autres.
Les géographes n’ont point été d’accord
jufqu’à nos1 jours fur la queflion , lî l’Amérique
& l’Alie ne fonnoient pas un même
continent. Cette queflion eft décidée depuis
plus de 120 ans, quoique la relation des
voyages qui fervoient à la déterminer n’ait
été publiée qu’au commencement de ce
fiècle. On commença dès 163 <5 à cotoyer
depuis la ville de Jakutzkla mer Glaciale ,
& par des progrès fucceffifs on découvrit
les rivières de Lena , d’Indigirka , d’Alaska
& de Kolyma ; ces nouvelles connoif-
fances engagèrent à de nouvelles recherches.
On defiroit furtout de connoître la
rivière Anadir , fur laquelle onn’avoit que
des renfeignemens confus, & même qu’on
croyoit tomber ' dans la mer Glaciale.
Malgré quelques tentatives qui manquèrent
de fuccès , on ne perdit pas courage ; Sc
un Cofaque, nommé Simon Tefchneu ,
dépaffa le Cap-Tfchutkfchi ; fon vaiffeau
erra fur la mer jufqu’au mois d’oâobre,
& fut jetté fur une côte voifine de l’embouchure
du fleuve Olutora, affez près
vers le fud de l’embouchure du fleuve
Anadir ; dès - lors il fut décidé que les
deux hémifphères étoient féparés l’un de
l’autre ; ce qui a-été prouvé depuis par
de nouveaux voyages.
En I7<>4unvaiffeau marchandRuffefortit
de la rivière de Kolyma , cingla fous le
74e degré jufqu’au Cap-Tfchucktfchi, il
parcourut de-là 10 degrés vers le fud , &
il trouva dans >ce trajet des îles habitées,
nommées Aleyut.