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fin article. ) Sténon fait valoir fes moyens
de conviftion avec tout l’avantage que les
connoifîànces anatomiques lui donnoient,
ainfi que les nombreufés observations qu’il
avoît faites dans différentes contrées de la
Tofcane, où il avoit tiré du fein de la terre
des amas confid érables de ces foiïilesi-ce
travail va naturellement à la fuite du X e.
paragraphe. Il y a même apparence qu’il
a déterminé l’attention & le goût du phi-
lofophe , vers les autres objets d’hiffoire
naturelle fur lefquéls il nous a éclairé avec
des talens auiïi fupérieurs.
§• I.
Principes furies corps filides confidérésfeuls,
ou relativement à d'autres corps filides
qui leur fervent d'enveloppes.
Premier P r i n c i p e .
Si un corps folide eft enveloppé de toutes
parts par un autre corps folide , celui-là
doit avoir acquis le premier la dureté qui
dans tous les points de contaét mutuel a
donné à la fuperficie -de l’autre toutes fes
inégalités : de-là fuivent plufieurs confé-
quenees.
i ° Les cryftaux,, les fpaths, les .mar-
caffites, les os , les coquilles , les matières
végétales, & autres corps liffes ou figurés
qui fe trouvent renfermés dans des enveloppes
terreufes , dans des pierres & dans
des cailloux , étoient déjà folides , lorf*
que la matière des terres & des pierres
qui les renferment, n’étoit encore qu’une
pâte molle. Ainfi non feulement les terres
& les pierres n’ont pas produit les corps
contenus darts leur intérieur, mais elles n’é-
toient pas même dans le lieu où ces corps
contenus furent produits.
2°. Si uncryfial efl en partie renfermé
I dans un autre cryftal, ou un fpath dan*
un fpath, les corps contenus étoient déjà J folides lorfque les corps, contenants croient
i fluides.
3 °. Les coquilles pétrifiées-fous forme
cry ftallineou autrement,les veinnes de marbre
& de lapis , les filons déminés d’argent,
de mercure, d’antimoine , de cinabre , de
cuivre & des matières minérales de ce
genre,. que l’on trouve dans les terres &
dans les pierres, étoient encore dans un
état de mollelfe & de fluidité , lorfque les
corps contenants avoient déjà pris une certaine
confillance & dureté. Amfi les mar-
caflites ont été produites les premières,
enfuite les pierres qui renferment les mar-
caflites. Mais il n’en eft pas de même des.
filonsdes minés qui font pc ftérieur* aux rochers
dans les fentes defquels ils font
logés.
§. I I.
S e cond P rinc i p e .
Si un corps folide relîèmble à un autre
corps folide, non feulement par la forme
extérieure &par la fuperfîcie, mais encore
par la ftrudure des plus petites parties,&
par la conftitution intérieure, ces deux
corps auront été produits dans le même
lieu & de la même, manière. Quand je
di; dans le même lieu , j ’excepte toutes
les circonftances locales qui font étrangères
à la production , & quine peuvent ni l’aider
ni l’empêcher. Il réfulte de ceci :
i ° . Queles lits de terres ont des rapports
frappans avec les couches de fédimens
que dépbfent les eaux- troublés , & quant
au lieu où ils ont été formés & quant à
la manière dont ils font étéj 2Q. que les
mêmes Rapports ié trouvent entre les cryfi-
taux de roche & les cryftaux dé nitre,
quoiqu’il ne foit pas évident que le fluide
où/e font formés les cryftaux de ro*he ait
été un" fluide aqueux, fi*, que ces corps
que l’ontire de la terre, & qui reffemblent
en tout point à des parties de plantes ou
d’animaux , ont été produits dans le même
lieu & de la même manière que leurs analogues
,' c’eft-à dire que les vraies.parties
de. plantes & d’animaux auxquelles ces
corps -reffèmbl'ent. ,
Mais-pour écarter toutes les difficultés
qui pourroieiit naître du fens équivoque
du mot Uett, Sténon entend par lé mot
lieu d’un corps, toute matière qui touche
immédiatement % •'fuperftci&de ce corps.
Cette matière peut fe trouver, en des états
différens ; car i Q. elle eft ou toute fluide,
ou toute folide, ou en partie folide ou
en partie fluide.
2°. Ou elle eftcontigu'ëpartousrespomts
au corps qu’elle renferme., ou bien feulement
par quelques-unes de lès parties. .
3°. Ou elle eft toujours la même ., .ou
bien elle change imperceptiblement. Le
lieu de la production d’une plante eft cette
partie de matière appartenante à un'e plante
femblable,& dont la jeune plante eft ébauchée.
Le lieu del’açroiffemem d’une plante
eft cette malle de terre & d’a ir, ou de terre
& d’eau , ou quelquefois de terre, d’eau &
ctair , Où même de pierre ' & d’air qui
touche immédiatement la fupérficie-de.
cette plante. Le lieu du premier développement
d’un animal, ce font en partie l’eau de
1 amnios dans laquelle il nage & qui lui eft
contiguë , & en partie les vaiffeaux ombilicaux
auxquels il tient par lé’- lien- de
la continuité', & quife répandent dans le/
ehorion.
§. I I I .
T r o i s i ème P r i n c i p e .
Tout corps folide
l°ix de la-nature a été
produit , fumant les
produit d’un fluide.
Pour bien concevoir la produflion d’un
corps folide, il faudroit en confidérer les.
, premiers linéaimens, enfuite leurs dévelop-
penrens fucceflifs. Sténon avoue que nous
fommes condamnés'à ignorer entièrement
-les. premiers Jinéamens des corps, orga-
nifés pmâisil foutîenten même-temps que
nous connoilTons beaucoup de vérités fut
leurs déyeioppemensi
L ’accroiffement d’un corps fe 'fait par
^addition des nouvelles- particules tirées
d’un fluide externe, & appliquées aux particules
propres de ce corps. Cette addition
fe fait ou par l’action immédiate du fluide
externe, ou par celle d’un ou de plufieurs
fluides internes. Dans le premier cas , ce
~ font quelquefois des molécules pelantes
qui tombent au fond .du . fluide.par leur
propre poids & qui forment les fédiments.
D ’autres fois ce font des particules déterminées
vers, un corps folide par Faction
d’un fluide qui pénétré un autre corps
folide , lesquelles particules s’appliquent
à la fürfaéfe entière du premier, en forme
d’incruftation , ou s’attachent feulement à
quelques parties de iafurfàce, fous la forme
de filets, de ramifications & de corps anguleux.
Il faut remarquer que dans certains
cas., le cours de ces accroiffemens dure
tant qu’il refte de l’efpace à remplir. D ’où
réfultent des-amas tantôt coinpofés de
matières homogènes , comme des fédiments
d incruftations ou. de corps anguleux
, tantôt compofés dé ces diverfes
chofes combinées diverfement.
Si donc on vouloit divifer méthodiquement
& par claflès les .corps folides
contenus naturellement dans d’autres corps
folides, on pourroit mettre epfemble
tous ceux qui font formés par la juxta-
pofition des particules qu’un fluide externe
a apportées. De ce genre font tous
les fédimens , -tels que les lits parallèles de
la -ferre. Toutes: les iricruftations comme
les agates , les onyces , les chalcédoines,
lespierres d’aigle, les bézoars , &c. Toutes