
qu’ont tirée des deux faits .également
inconteflables , de grands & de célèbres
phyficiens -, trouvant par les obfervations
du thermomètre , une fi legere différence
entre la température de l’hiver 8c celle de
l’été dans nos climats, ne pouvant d’ailleurs
fe perfùadér que la chaleur du foleil fût
bien réelle , puifque malgré la maffe
qu’il paroiffoit devoir nous en fournir ,
la plus forte chaleur n’ excédent que d’un
trente-deuzième celle de l’hiver le plus
rigoureux ; loin de chercher fi l ’évaporation
ne pouvoit pas être la caufe de
ce phénomène , en apparence contra-
didoire , ils aimèrent mieux füppofer
gratuitement à la -terre Un fonds de chaleur
;aa moins cinquante-fois plus con-
fidérable que celle qu’elle recevoit du
foleil en hiver, '& vingt-cinq-fois plus que
celui des rayons d’été. Conclufion aventurée
& qui, comme on le verra, n’ell étayée
d’aucune preuve, folide. C a r , fi l’on,
excepte la chaleur propre du globe ,- &
que l’expérience nous apprend n’être que
de dix dégrés au-deffus du terme de la
glace , il n’y a aucune chaleur locale &
particulière qui ne tire fon origine du
mouvement produit à la furface du globe
par î ’adion des rayons folaires , ou dans
fon intérieur par le concours de l’air &
de l ’eau , en fuppofant même celle-ci
réduite au. degré de chaleur nécefîàire
pour la rendre fluide. Il
Il y a pourtant ici une différence
effeéfive de trente-deux dégrés entre ces
deux extrêmes de la chaleur d’été &
de la chaleur de l’hiver , & cette différence
eft confidérable , relativement à nosfens,
feuls juges de la fenfation que l’on nomme
chaleur. En effet s’il n’exiiloit point d’êtres
animés , il n’y auroit point dans la nature
ce qu’on appelle de la chaleur , mais
feulement des femmes , plus ou moins
grandes de mouvement ; la chaleur n’étant
que la fenfation que nous éprouvons, par
ce mouvement. Puifqùe la chaleur !qui
réfulte du foible mouvement indiqué fur
le thermomètre , par le terme de la glace,
efl déjà nülle pour nous , à plus forte
raifon, les mille dégrés de chaleur qu’on
fuppofe au-delfous de ce terme , n’exiilent-
ils point pour nos fens ; ils ne font qu’une
chaleur purement hypothétique, c’efl-à-dire
un extrême diminution de mouvement.
§ X I I I .
« Mairan a dit que cette chaleur
» étoit intérieure c’efl-à-dire inhérente
V au globe ; c'était l'hypothèfe la- plus
» fimple qu'on pût imaginer pour rendre
» raifon d'un fait f i fingulier, & en même-
» temps fi bien démontré. S’il i’a regardée
» comme centrale ., c ’eft qu’il a confî-
» déré que , répandant fies influences bien-
» finfantes fur tous les points de la furface ,
» elle agiffoit comme partant d’un centre ;
. » mais il n’a point prétendu par cette
» qualification déterminer ni le lieu , ni
» l ’origine de ce quiproduit ces influences.
» Ibid. pag.
» Du relie , dit Mairan, que ce foit un
b feu véritablement central ou très pro-
» fond , inné avec le globe tcrrcllre ou
» acquis au moyen des rayons du foleil
» qui échauffent toujours égalçrpent ou
» à peu près un de fes hémifphèpes ,.. ce
» que je ne difeuterai pas ic i,, quoique
b bien des raifons me perfuadent qu’il
» tient à la Itruéture interne de la terre
» 8c de? planètes en général, il me fuffit
» que l’exillence n’en foit pas douteufe. »
Dijfertation fu r la glace, part. I , chap. X I.
pag 5g.
Réponfe.
En cela Mairan a très-fagement fait : il
voulut éviter l’écueil où avoient échoué
ceux qui l’avoient devancé dans cette hy-
pothèle. Il n’ignoroit pas les objeâions
infolubles qu’on avoit faites à ceux qui admettant
unefournaife ardente au centre du
globe1 s’ étoient peu embarralfés- d’àffi'grter1
d’où ce feu droit l’air & l’aliment qui l’en-
tretenoient. A u relie quoique Buffon ait
imaginé depuis une hypothèfe fort ingé-
Rieufe pour expliquer la caufe 8c l’origine
de ce1 feu- central , il fernble- que eet-ililife
tre écrivain auroit dû cèmménçêr pas1
confiâter l’exillence de ce feu , & fon degré
d’intenfiîé : car nous verrons bientôt
que loin de répandre fes influencés bieii-
Éfifantes fur tous les points, dfe ia; ferlaCte-
dji g lob e , ce leu n’a pas même la foree,
de fondre la glace à ry ou ao pieds .fous
terre. Après,ce que l’qij a dit,plus haut-,
(j Rép. au § X , ). du rafraiçhiflçmênt de;
la furface. du globe par l’évaperadop , lés,
vents,& Les autres,météores,on fs.ijt.qu’il;eli,
parfaitement inutile de recourir à la caufe
obfcutje du feu central, & que le, .point,
doù partent toutes fes influences, vivifiantes
de,la furface, n’ell. antre que.fe fpfeil,
,§. x i y.
« On a objeélé à Mairan que cette cha-
»,feur intérieureipouvoit avoir fa fource
» dans les vapeurs bitumineufes qui s’éfe-
» .vent des entrailles de la terre , dans la
^fermentation qui fait bouillonner les eaux
B & produit les volcans. : mais qu’ell,-çe
» que la fermentation,, fi ce n’efl un roour
» vejrienti/ feteffin , excité, dans certains
-corps à, l’aide d’un degré de chaleur &
B» dq .,fluidité convenables ? La fer.menta-
*• lÂÇ® naît d’une chaleur préexifiantg dans
StfefliIftitàSMS .qui en font fu fe ep tib fe s&
b même. temps d’un .état, de fluidité,pu
>>. d’humidité qui en exclut la, congélation j
» ‘c efl donc . .alléguer p„our çaule ce qui
» n.efl,qu’un effet : c’ell à dire que les ma-
B, tièîiesiOÙ il y a de la chaleurjprfiduifenç
B -la chaleur du g lo b e . ». Ibid.
m Mairan parlant des chaleurs infuppôrta-
bles qu’on n ’éprouve igueres, ditt-ii-,- qui
dans les mines tris-profondps & asV.dej.à dt
deux OU trois ■ cents toifes » îdic qu il les
b croit plutôt l’effet des vapeurs fulplui.
» reufés , ou des feux réels qui s’allument
[îJST en ces endroits par le confliét de l’air &
». de quelquesàutues'circonflancesiocaies,
» que du plus de proximité du foyer
».central. Cefoyer, ajoute-t-il, ou ce feu.
j »■ -‘Central en e f bien la.. caufe en ta: t qu 'il
» s'exhale plus. abondamment par des terres
' » plus poreufes ou par de plus larges canauxÿ
» - mais il ne l’efl pas relativement à la
* » dillance. ,. & proporlioneilement à fon
t » plus '. de’ proximité: C a r , qu’efl-ce que
! b' 5 'oo toiles', par exemple , de plus ou de
I » moins fur plus de trois millions qu’en
| b contient ‘le rayon du, globe' terrellre ?
j b C e r i en efî pas la 'dix-millième partie ,
» &" lfeugnfen cation ou diminution dé
■ b chaleur qui enréfulteroit, n’iroit guères
I » qu’à un cinq millièrrtè en prenant le
:b rapport inverfe du quarré de dillance,
i » comme il convient à toute émanation
! b centrale. Diflertatv fur la glacé pag.
» 6 1 .
Réponfi,
La première cbjeclion cil en effet
très-futile,. & fent bien la phyiîque du
fiècle d e rn ie r .P a r ces vapeurs bitumineufes,
qui, s’élèvent des ..entrailles de la
terre, p.ar céttefermentati.on.quifait bouillonner.
les eaux & -produit les. volcans , ■
il ,ell clair que. l’on entend la fermentation
pyriteufe & les divers phénomènes
qui en font la fuite. Mais cette*fermentation
& cette inflammation des pyrites
&def fubltances bitumineufes,loin de pouvoir
,être-affignée pour, caufe du feu centra
l, fen elt totalement indépendante &
n’ayroit même pas lieu fans le concours
des' eaux qui, tie la furface , ont pénétré
dans l’intérieur de la terre.
En-fécond lieu , on voit par le paffage
que j’ai cité de Mairan -, i 9. qu’i l attri-
buoit les feux fouterrains aux émanations
du feu central, lorlque ce feu pouvoit
s’exhaler plus abondamment par des terres
plus pweufis ope par de plus largfs canaux j