
ordres de fofliles eft précifcment dans
l ’Egypte & aux environs, dans l’Afie mineurs
, dans l’Arabie & la L y b ie , le même
à-peu-près qui a été obfervé & reconnu
en France j & qu’en général la France
poflède les mêmes matières que l’E gypte, 8c en particulier les granits rofes & gris
comme cette célèbre contrée. Guettard
infifte beaucoup fur les beaux ‘granits de
France, auxquels il trouve des qualités
auffi remarquables que dans ceux d’E gypte.
Nous ne le contredirons pas entièrement
fur cette' affertion, nous dirons
feulement que cette partie bien étudiée &
travaillée par des mains induflrieufes, peut
fuffire abondamment à tous les beloins
des arts en France.
Nous finirons par une remarque que
l’on fit dans le tems fur la bande fablo-
neufe, qu’indique ici Guettard , & que
nous avons Fait connoître ci deflùs ; on
douta beaucoup dans le tems où „ce natu-
râiifte publia fon mémoire, que le fol &
le terrein naturel qui fe trouve couvert &
inondé par les fables de la Lybie fût réellement
compofé de fables. On fe rappella
que dans le tems des anciens -, une grande
partie de ces contrées qui ont difparu fous
ces fables , étoit occupée & cultivée par
des peuples qui ont été chaffés d’un fol
fertile & qui probablement n ’étoit pas
du fable dans la difpofition p'rimitive des
chofes; ainfi la bandefablonéufe, qui dans
le fyflême de Guettard feroit' compriie
dans l’état naturel des chofes , ne figure»
roit ici que comme un amas de débris
accidentels pouffés par les vents, & cheminant
par anticipation fur les deux autres
landes,
V I .
Comparaifon d'é la Suiffe Cf du Canada,
relativement au JjtJleme 4e là dftrïbution
des fubflances minérales à la Jurfa.ce de
la terre.
Pour continuer de faire connoître Iesre
cherches que Guettard a faites dans les vues
d’appuyer fon fyflême de dillribution des
fubflances minérales à lafùrface delà terre ,
nous parlerons de fon travail fur la com-
parailon de la Suiffe & du Canada, relativement
à l’arrangement que la nature
femble affeâer entre les différens foflîles.
Guettard crut voir en examinant quelques
colleâions de ces foiïiles , que la Suifle &
le Canada contenoiènt abfolument les
mêmes pierres, les mêmes terres , les
mêmes minéraux, & qu’ils y étoient difpo-
fés dans un ordre tout-à-fàit femblable.
I l trouve d’àbord que la Suilfe peut être
divifée en deux parties par une ligne qui
partant du lac de Confiance , v a . en fe
courbant un peu vers le Midi gagner
le lac de Genève ; que la partie méridionale
eft remplie de mines de différens métaux,
d’ardoifes, de marbres , de granits, de
cryftaux de roches , en un mot, de tout
ce qui fe trouve dans la-bande fchijleufe.
La partie feptentrionale au contraire
ne contient plus aucun minéral, excepté
le fer ; on n’y trouve que dés pierres cal-
cairès , des pierres crétacées, des coquilles
foflîles , du plâtre , de la marne, &
toutes les fubflances placées dans la bande
marneufe.,:...
Lorfque. nous avons dit que la parue
fchifteufe de la Suifle étoit féparée par
une ligne ce la bande marneufe, nous
n’avons pas voulu faire entendre que cette
ligne fût une courbe uniforme ; elle
éprouve au contraire un grand nombre de
Imuofités.
Ainfî voilà les deux bandes JchiJleufe St
marneufe, qui font contiguës l’urté ' à
l’autre conformément à l’hypothèfé de
Guettard; mais il n’a pas indiqué la bande
fabloneufe , qui fuivant le même fyflême
devoit les accompagner; il ne s’eft attaché
ni à la placer , ni à la décrire , parce que
dans la fdiflribution des foflîles du Canada
la bande fabloneufe ne fe trouve point,
ou ne fe trouve guères que dans la mer.
Dans le Canada on .rencontre d’ailleurs
les mêmes minéraux & les memes fofliles
que dans la Suiffe. Ic i on voit des marnes,
des pierres crétacées , des craies,_ des coquilles
fofliles, des pierres calcinaMes,
qu plâtre; c’eft la partie la plus voifine de
la mer qui offre toutes ces fubflances appartenant
comme on voit a la bande mar-
netife. En avançant davantage dans le
pays', on commence à s’appercevoir à
quelque diflance de Quebec , que le ter-
rein change de nature ; on y trouve d abord
des marbres, des fchiltes, des mines de
toutes fortes dans des talcitcs, dans dcsr
granits, des cryftaux de roche, de fa -
miaiite , des eaux minérales Ce tout ce qui
dans le fyflême de. Guettard conftitue la
bmàefchfteufe. O n croit même que ce.tte ;
bande fe continue dans la partie de l’A mérique
.qui eft voifîne de la baye.d-Hud-
fon, & que de-là elle fe prolonge dans le
Groenland.
Si l’on confidère l’Amérique lêpten-
triohale fous un point de vue général, les
côtes- orientales font partie d’une bande
ina r heu fe comprenant tout lé pays qui
s’étend dep uis les cotes de la mer , jufqua
la ligne où le terrein commence à s’élever ;
c’efl alors que fe trouve la bande fch fte u je ,
qui occupe tout le nouveau Mexique, le
Mexique , les hauteurs où font les lacs &
les fources des rivières.
A l’égard de la bande fabloneufe d’Amérique
, Guettard n’en trouve que quelques
vefiiges; mais il préfume que la plus
grande partie eft enfeveiie fous les eaux de
la mer , Se que le grand banc Se ceux qu on
obferve aux environs en font les parties
les plus hautes dans le baflin de la mer.
Quoique tous ces objets fqient indiqués
dans les trois mémoires de Guettard d’une
manière allez vague, aiüfi que leurs difpo-
fidons refpeâives, on ne peut guères
douter qu’il n’y ait dans le Canada',
comme en Suiffe, deux fyftemes de matériaux
allez femblables Se difpofés de la
| même manière ; feulement on auroit dé-
firé des obfervations plus précifes St plus
fuivies, & enfin l’indication des gîtes naturels
& primitifs de tous les fofliles qui
font entièrement omis..
Quant à la bande fabloneufe ,, comme
on n’en a trouvé ni les caractères ,
ni les matériaux dans aucune partie
de la France, il n’eft pas étonnant que
Guettard qui n’en avoit pas lui-même des
idées bien nettes , n’en ait figuré ni 1 emplacement
, ni les limites fur les cartes de
. Suiffe & du Canada. On peut croire qu’il
avoit déjà pour lors commencé à fentir le
peu de fondement de cet ordre de chofes ,
& qu’il a faifî le premier’prétexte qu’il a
trouvé pour fe difpenfer de préfentêr cette
bande aux naturalifl.es ; nous avons déjà
indiqué lesraifons quipouvoient 1 engager
à en abandonner la diilméhon, Se nous
y reviendrons encore, V o y e z Sables ?
Rouelle, & P allas.
Je terminerai ce que j ’ai à dire fur le
Canada, à l’occafion du travail de Guet-
! tard, par une conlidération que je crois
i très-importante. J’envifage la belle & fin-
1 gulière vallée du grand fleuve Saint-Lau-
rent , comme- un de ces golfes anciens
qui renferment différens ordres de dépôts.
Il eft certain d’abord qu’il y a un maffif de
l’ ancienne terre graniteufe, puis des maf-
fifs de fchiltes , enfin des dépôts de la nouvelle
terre fous -des formes très-variées. Je
fais que les lacs , du moins les plus grands,
font dans ces derniers dépôts Sc particulièrement
fur leurs limites; c’efl encore
entre le Canada & la Suiffe, un caraétère
de reffemblance qui a échappé à Guettard ,
je veux dire, la pofition des lacs; voilà
les-- différentes bâfes du fol du Canada,
que j’ai «trouvées dans Calm. Si à ees bâfes
p-n ajoute la eenlideration de la vallee du
fleuve , de l’étendue de fon embouchure
Se des matériaux qu’il a dû y dépofer, on
ne fera pas furpris d’y trouver autant de
fables; mais on ne pourra jamais fe déterminer
à joindre la bande fabloneufe aux