
longue , l’eau s’eit chargée à proportion
de matières terreufes , & que les couches
le font formées plus épailles ou plus
minces en même raifon. On voit aulîi
que fuivant ce fyftême d’explication de la
diftinftion des couches 7 l’eau a eu fur
l’ancien fond oe mer que nous habitons
autant d’alternatives de repos & de mou-
vemens qu’il fe trouve dans un malïif ue
couches différentes.
de certaines couches dans les montagnes
annonce.les différentes caufes des change-
tnens qu’elles ont éprouvés. Tels font
les differens degrés d’inclinaifon dans ces
couches. Car puifque toutes les couches
primitivement dévoient être dans une fitua-
tion'parallèle Ji l’hofifon , parce qu’elles
ont été formées par des matières que les
eaux de la mer ontdépofées,ileft néecffaire
que leur incünaifon foit due à des caufes
étrangères. Outre cela, il faut qu’elles
annoncent de grands défordtes pour qu’on
puille attribuer leurs déplacemens aux
tremblemens de terre , aux affaiffemens,
aux éboulemens&c .
Uneexpérience fort aifée à faire peut faire 1
comprendre parfaitement tout ce mécha- j
nifme adopté pour expliquer i’origine des j
couches&deleur diftinéliôn. Q u on prenne
un vafe plein d’eau & qu’on y jette deux poignées
de terre bienfeche avecun peu de fable:
enfuite lorfque l’eau aura pénétré & délayé
entièrement la terre , fi on la remue avec'
un bâton, de manière que la terre nage
dans l’eau & qu’on laifiè enfuite repofer
. ce méiange jufqu’ a ce qu’il fe foit formé
un dépôt fur le fond du vafe; il y aura-
ainfi une couche de faite : fi l’on agite
de nouveau l'eau qui recouvre cette couche
fans cependant b toucher & qü’après
y avoir jette un peu de fable , on çon-
tinue à l ’agiter , qu’on falfe luccéder un
certain repos à ce mouvement, il y aura
un nouveu dépôt. Si après avoir répété
cette fuite d’opérations à dïverfes reprifes,
. ori fait écouler l ’eau du vafe afin que la
fuite des dépôts puille fe deffécher , on
aura un amas de terre compofé d’autant
dè couches qué l’eau a paffé de fois par
les alternatives de roouvemens & de
repos.
Sixième proposition.
Les tremblemêns de terre ou d’autres
caufes , comme lés eaux courantes , ont
changé en to u to u en partie la première
aflietts & la forme extérieure des, montagnes.
Sulzer croit que la fituation irrégulière
De la figure des hautes montagnes.
Sulzer croit que l’origine de la figure
des hautes montagnes peut être rendue
fenfibie par cette expérience. Qu’on
prenne de la terre, des’cendres & du fable,
qu’on en rempliffe une caiffe & qu’on
mêle enfemble tôut'es ces matières , qu’en-
fuite on détache les quatre planches de la
caiffe en même temps : les matières fe
trouvant fans appui , couleront par les
quatre côtés ; ce- qui reliera prendra la
figure du fommet d’une montagne avec
plufieurs pointes. Sulzer rapporte qu’il
a vu un endroit en Suiffe, où la nature
femble avoir exécuté de la manière la plus
complette l’expérience dont. on vient
d’indiquer les principaux détails. Dans
le canton de Zurich, fur.les bords de la
riviere de T h u r , près d’Andelfîngen,
des éboulemens de terre offrent la plus
parfaite reffembiance avec les hautes montagnes.
Dans cet endroit les bords de h
rivière' avoient 30 à 40 pàeés de. hauteur;
l’eau ayant continuellement miné ces
bords , la terre eft -tombée en p a r t i e dans
la rivière , & ce qui eft refté a acquis paf
ce moyen cette reffembiance fi parfaite
avec les hautes montagnes & qui frappe
tellement les habitans des environs , qu’ib
nomment ces maffes de terres des W
- chers.
Autres confidirations fu r Us changemens
dû centre de gravité, fur les inondations ,
' O Jur l'origine des J durees.
Après toutes ces notions préliminaires,
Sulzer fuppofe que le centre de gravité
du globe change continuellement, & il
appuie ce changement fur le déplacement
confîdérable que les fleuves caufent à la fur-
face des continens. Ainfi par exemple les
fleuves d’un volume d’eau prodigieux qu’on
voit dans la Zone-Torride, & qui éprouvent
de grandes crues par les pluies continuelles
dans léfquelles confifte l’hiver de ces contrées
, doivent châtier dans leurs inondations
une imriierife quantité de terre qu’ils
vont porter allez avant dans la mer. On
rapporte qu’une rivière de la Chine charie
avee fes eaux au moins un tiers de terre:
fi l ’on fuppofe qu’elië ait deux cents dix
pieds de large & huit de profondeur,
& que fa vîtèffe foit telle qu’en une fécondé
elle parcourt deux pieds : d’après
ces fuppofiiions qui n’ont rien d’exagéré,
cette riviere porteroit à la mer en vn
jour 27,648,000 pieds cubes d’eau &
ÿ millions de pieds cubiques de terre ; &
en fuppofant qu’elle foit chargée de ces
terres pendant cinquante jours par an ,
& qu’elle en charie la même quantité à
la mer , elle portera dans fon baffin de
quoi former une montagne de yo pieds
de hauteur & de 800 pieds de largeur.
Que fera-ce fi l’on envifage l’effet de tous
les fleuves dans le baffin de la mer ? Quel
déplacement de terre confîdérable dans
le temps àétuel ï mais combien ne devoit-
il pas-être plus abondant, lorfque la terre
étoit plùs expofée à être enlevée par
les eaux courantes, entrainëes fur des
pentes encore plus rapides ?
De cette confidération, Sulzer conclut
que la mer doit im nder de temps en temps
plufieurs parties de nos continens, fuivant
que les changemens du centre ilb gravité
font plus favorables à ces inondations. Il
prétend même qu’elles ont été plus fortes
& plus fréquentes dans les temps anciens.
Parmi les autres queftions qui relient à
r.ëfoudre, je n’indiquerai dans cette notice
que celle qui concerne l’origine des fources
& des fontaines, fuivant Sulzer. Les
fources font dans les montagnes & même
les plus hautes, auflî fréquentes qu’abon-
dabtes. D ’après cette obfervation , Sulzer
s’eft occupé bien férieufement à rechercher
les differens moyens dont la nature a fait
ufage pour ouvrir les iffues par où l’eau
pluviale fe raffemble & celles par ou elle
s’écoule. Il croit donc que les montagnes
après s’être dégagées de l ’eau , en étoient
originairement fort empreignées, à-peu-
près comme ces amas de fables & de terres
qui fe trouvent accumulés dans les lits des
rivières, & qu’elles laiffent enfuite' à découvert.
C ’eft pour lors, que les eaux dont les
terres .étoient pénétrées , s'écoulèrent de
toutes parts : ainfi pendant que les couches
de la terre fe féchoient, l’eau cherchoit
des iffues & fe frayoit des routes entre
les affifes des bancs qui s’entroùvroient par
la defficcaticm. Ces conduits qui n’étoient
d’abord que des ouvertures fortuites , font
devenus les canaux de fources abondantes.
C ë ft ainfi que i’eau pluviale pénètre dans
le fein de la terfe,& qu’elle fe fait jour à
traversles maffes montueufes, pour alimenter
au - dehors les differens ruiffeaux qui
fe rendent enfuite dans les rivières & les
fleuves.
I I.
Expofition des ^effets qué Sulzer attribue
aux lacs difperfés à la furface du globe.
Sulzer a cru voir à la furface de la terre
differens amas de décombres dont l ’épaif-
feur varie beaucoup. Dans certains endroits,
cette croûte confifte dans des
couches.:allez régulières de terre, de fable,
! de gravier, de cailloux, de pierres pofees
horifontalement les unes fur les autres,
j mais très-rarement dans l’ordre des gra