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que d’ailleurslesmontagnes de làNorwège,
de laRulïïe, les Alpes, les Pyrénées, quoique
des montagnes du premier ordre , font
très-éloignées de la ligne.
Quant aux montagnes par couches.,
Schulze penfe que différentes parties de la
■ terre ont'.effuyé à plufîeurs reprifes des
inondations dillinétes & particulières,. qui
ont dépofé des lits différens, & dont les
dépôts fe font faits , tantôt dans dçs eaux
tranquilles , tantôt dans des eaux violemment
agitées. Ces inondations ont quelque
fois couvert le fommet des montagnes les
plus anciennes. C’eft pour cela qu’on
trouve fur plufîeurs de ces.fommets des
couches de terre & de pierre, ou même des
débris confidérables. C’eft ainfi qü’ilnous
apprend avoir trouvé fur le fommet du Mont
Rdgi.en Suiffe , un grand amas de pierres,
roulées & liées les unes aux autres , par
un gluten compofé de limon & dè fable;
Il pféîénd même qu’il y a eu autant d’inondations
qu’il y a eu de couches différentes
: que ces inondations fe font faites
à une grande diftance les unes des- autres ;
que les tremblemens de terre & lès affaiiîe-
mens qui en ont été U fuite , ont dérangé
& détruit quelques montagnes ; d’où l’on
voit qu’elles n’ont pu être formées ,
ni' en même temps , ni de la même
manière.
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g Enfin , Rouelle a fait connaître dans fes
leçons , à fes auditeurs , une opinion fer
la formation des montagnes qui fait partie
de fon fyftême fur la théorie de la terre
que nous expoferons en détail à fon
article.' II fuppofe que dans l’origine des
chofes les dtverfes fubftances qui compo-
foient p.our lors notre globe, nageojent
dans un fluide ; que les parties fimilaires
qui forment les grandes montagnes fe font
rapprochées les unes des autres & ont
formé au fond des eaux des amas im-
menfes de cryfiaux. Il regardoit donc
toutes les montagnes primitives comme de
grands affemblàges de çriftaux qui fe font
groüppés & réunis à la manière des fels, &
qui quelquefois fe font trouvés ifolés. Cette
opinion peut acquérir beaucoup de probabilité
fi l’on fait attention à la conûitution
intérieure des montagnes de granit & de
gneiff, où toutes les fübliances fe trouvent
diftribuées par malle, fans aucune trace de
couches, & où toutes les pierres , en fe
formant , ont fuivi une forte de régularité
dans le tiffiî & dans l’arrangement de leurs
parties. A l’égard dés montagnes ..par
couches, Rouelle en attribue la formation,
tant au fejour de la mer, fur les côntinens,
qu aux inondations locales 6c à tontes les
révolutions particulières furvenues en différens
temps à quelques contrées du globe.
L a z z a r o -m o r o .
Cet auteur mit au jour en 1740 un
ouvrage Italien qui a pour titre : des
coquilles & des autres corps marins qui.
Je trouvent fu r les montagnes. Le but
principal de l’auteur ,, eft d’expliquer !
comment les montagnes fe font formées
à la furface de la terre j il fembie appuyer
tout fon fyftême fur deux faits particuliers ;
favoir, l’apparition de* ifles qui forti-
rent de la mer près de Santoiin, en fécond
lieu la formation dé Monte Nuovo près
de Pouzzole , à la fuite d’une éruption
volcanique. Ce font, comme on voit.,
des événemens très-rares & très-bornes,
d’où l’on tire des conféquences étendues
& applicables aux phénomènes. généraux
du globe.
Au moment de la création , le globe,
fuivant Moro, étoit environné de toutes
parts par l’eau de la ’mer. Le trolfîème
jour de la création, des feux fouterrains
s’allumèrent & fouievèrent çà & là la
croûte qui formoit le fond de la mer ,
& la pouffèrent jufqu’à la hauteur où nous
voyons auj ourd’hui les fommets des montagnes
primitives, e’eft-à-dire } ces montagnes
compofées de pierres pures où
l’on ne remarque ni couches ni corps
marins. Ces montagnes forties du fein
de la mer, vomirent des torrens de laves,
de cendres , de pierres+ponces , de minéraux
de toutes natures, & fous toutes
fortes de formes ; & ces torrens s’étendirent
les uns fur les autres, dans le fond
de la mer, qui n’avoit éprouvé aucun
déplacement.
Dans la fuite les feux fouterrains , continuant
leurs premiers ravages, foulevèrent
au-deffus des eaux de la mer les partie*
du fond de fon baffin qui fe trouvoiem
recouvertes de courants de laves , &
formèrent à cette époque les montagnes
à couches ; mai* qui n’offrent point de
corps marins, parce qu’alors la mer n’étoit
„pas encore peuplée d’animaux 6c fur-tout
d’animaux à coquilles. Outre cela, de ces
montagnes produites à la fuite de
ce* éruptions , il fortit à travers de
nombreufes çrevaffes une grande quantité
de foufre , de bitumes , de tels
qui commencèrent à donner à l’eau delà
mer fon amertume 6c fà falure : ce fut
à cette époque que la terre , auflï bien ,
que la mer, devinrent fécondes en animaux
comme: en végétaux. Enfin les feux
fouterrains continuant leurs inflammations
& leurs éruptions, ces dernières montagnes
du fécond ordre, continuèrent aufli
à vomir des flammes., des cendres, des
laves,„des.minéraux qui formèrent différentes.
couches, lefquelle.s, par conféquent,
fe trouvèrent compofées alternativement
des produits du few Sc des dépouilles
des animaux terreftres & marins , ainfi
que des débris de végétaux ;■ car ces
derniers matériaux établis mabord fur les
courants de laves , furent enfuite ■ enfevelis
fous les fuivans : & les feux fouterrains
ayant par la fuite foutevé à différente*
hauteurs les fonds de mer organifés:’ de
cette manière, il en r.éfulta des montagnes
à couches, & des. collines, dont les
les bancs fe trouvèrent remplis de corps
marins de différentes elpcces." C’eft ainfi
que la mer travaillant en 'concurrence
avec les feux fouterrains ,• recouvrit de
plus en-'vplus de corps marins tous les
produits" du feu, & nous offrit un affem-
blage de matériaux hétérogènes.
Rajouterai maintenant à cette expofi-
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