
Il eft queftion dans l’article XI I I de
l’origine des Méditerranées & de l’Océan :
on ne trouve à ce fujet dans les anciens que
cette idée vague , par laquelle ils s’étoàent
perfuadés que l’exiftence des mers & de
leurs badins adurls étoit auflï ancienne
que le monde. J’ai cru devoir modifier
ces fuppofitions par des faits pofitifs qui
prouvent inconreflablement que Les badins
des mers ont à differentes époques éprouvé
de grands- changemens & des révolutions
confidérables.
I l en eft de même de l’article X IV ,
OÙ l'on fait voir en détail les preuves des
déplacement du badin de la mer par une
fuite d’obfervations nullement équivoques,
& qui établiflent fon ancien féjour fur de
grandes parties de nos continens.
Je termine ce que j’ai recueilli de
Sénèque par ce qu’il nous dit du déluge;
j ’y préfente tous les détails qui pouvoient
nous donner une idée de ce que les anciens
penfoient fur les caufes & les effets de
cette catallrophe , que toutes les traditions
leur avoient tranfmife.
J’ai eu en même temps en vue de faire
voir que beaucoup d’écrivains modernes
avoient emprunté de Sénèque un grand
nombre de confîdérations fur les progrès
de cette inondation, fur l ’éruption des
fourcès , fur les réfervoirs des eaux qui
fe répandpient dans les diverfes contfées
du globe, fur la retraite de ces mêmes eaux.
On trouve ces événemmens expofés à-
peu-près de même dans Burnet. C ’eft dans
ces vues, que j e cite, à l’article de cet écrivain
hypc thétique, un paffage ,où tous les
objets font préfeiités comme dansSénèque.
Whifton , femble's’être attaché à copier
auffi cet ancien dans un grand nombre de
fes defcriptions. Ceci prouvé incontefta-
blement que les écrivains qui fe livrent à
leur imagination, fe copient de fièçles en
faciès, & navajicent aucunement les coanoifiànces
politives qui font feules fondée»
fur les faits.
C ’eft encore pour prouver comment
les modernes ont copié les anciens fur les
événemens qui ont amené, accompagné
& fuivi la catallrophe du déiuge, que j ’ai
placé ,. à la fuite de ce que je cite de
S -nèque , les idées hypothétiques de
Boulanger fur le déluge , qui ont
été puoliées par les éditeurs de fes
oeuvres.
La défcription que Boulanger, ou plutôt
fes éditeurs font du déluge dans fantiquité
dévoilée, me paroit alfez femblable
à celle de Sénèque. Ce qu’ils imaginent
les uns 8c les autres de cet événement,
fl auiïi vague , auffi peu conforme aux
monumens de l’hiiloire de la terre -dans
Fauteur moderne que dans l’auteur ancien.
Quoiqu’ils fe flattent l’un & l’autre de
11'avoir fait intervenir dans cette cataf-
trophe que des agens connus & naturels,
cependant iis forcent leur marche & leurs,
effets de manière à rendre tout ce qu ils
nous difent , incroyable.
Boulanger, par exemple, attribue au
déluge une infinité d’opérations de la
nature qui n’appartiennent p as à la .meme
époque , & qui fuppoffnt même des dates
fort éloignées les unes des autres; car il
confond des événemens de différens
ordres. Telles font d’un côté la formation
des couches- horifontales calcaires,
& celle des mines de charbon de terre
enfevelies dans des feuilles & autres maffifs
antérieurs de beaucoup aux couches horifontales
calcaires ; car ces deux fortes
de maffifs ont des caraftères de formation
bien différens; pourquoi donc les attribuer
à une feule révolution paffagère comme
celle du déluge univerfel ? Pourquoi faire
intervenir les ravages des feux fouterrains
dans le temps même où fe formoient les
charbons de terre qui ont dû exifter bien
longtemps avant, puifqu’ils ontfervi da-
litnent à ces feux ï
. En étudiant les monumens de tous les
changemens qui ont eu lieu à la furface
du g lob e , je vois que les produits du feu
fà-nt par-tout les mêmes, & que l ’Océan
n’y-a. fait-aucun déplacement; car je
trouve ia même diftribution des laves, des
-autres matières cuites '& même des fco-
ries , foit que la mer y ait iaiüè les traces
de fon féjour, foit qu’elle n’ ait pas pénétré
dans des pays volcanifés depuis les
éruptions des feux fouterrains. Voilà
donc des hypothèlès dont aucune circonf-
- tance ne peut fubfifter, fi l’on s’en rapporte
à la marche que Boulanger femble
■ tracer aux agens qui figurent dans la révolution
du déluge, comme il nous la préfente.
-Cependant Boulanger avoit étudié l’hif-
toire naturelle de la terre : on a pu voir
dans fon article avec quelle fagacité il
obfervoit ; mais l’on voit ici à combien
■ d’erreurs & de méprifes on eft expofé ,
lorfqu’on fait mouvoir des agens que l ’on'
n’a pas été à portée d’obferven Boulanger
n’a pas vu qu’il avoit. confondu des opérations
diftinâes , & qui av.ient appartenu
à des époques éloignées , par le'
defir qu’il avoit de ieis rapporter toutes
à la catallrophe du déiuge.
Je termine enfuite ce qui concerne le
déluge de Sénèque, par deux remarques
fort étendues fur cet événement. La première
a pour objet le déluge confîdéré
comme une inondation générale : on y dîf-
eute les moyens que la nature a pu y
employer, & les fuites que cet événement
a du avoir; la fécondé nous fait envifager
les caufes 8c les effets de la conflagration
générale que Sénèque mêle aux effets du
.déluge univerfel. Je montré les différens
moyens que nous avons de nous affurer
.des effets du fe u , & par conféquent de
l’étendue des ravages que peuvent avoir'
.produitlesccnflagratiohs que l ’on lùppqfe.
Je tâche dans ces écrits de ramener toutes
les hypothèfes à ce que les principes de la
phyfique & de l’pbfervation la plus févère
peuvent nous faire reconnoître à la fur-
face du g lo b e , & à réduire à leur jufte
valeur toutes ces traditions recueillies
fans aucune preuve folide.
A p p e n b i x
J’ai cru devoir ajouter aux nombreufes
citations de Sénèque & aux remarques qui
les accompagnent, un appendix qui contient
trois articles intéreffans. Le premier
noté X V I , contient l’expofé de ce que
les anciens penfoient fur l ’origine 8c la
fin du monde , & 'particulièrement fur
l ’embrâfement général qui devoit, félon
eux , confirmer toutes chofes. Ces détails
étoient néceffaires pour fervir d’éclaircif-
femens à ce que j’ai cité de Sénèque,
& à ce qu’on trouve d'ailleurs dans les
différens chapitres de fes quejlions natu- .
relies. Ce qu’il y a de fingulier, c’ell que
Bourguet, dans fon pian de travail fur la
théorie de la terre, avoit emprunté des
anciens & adopté cette idée de l’embrâfement
général, quoiqu’il eût trouvé dan*
fes obfervations de quoi fe détromper
abondamment fur cette idee bifarre.
Dans le fécond article noté X V I I , j’ai
raffemblé tous les pâffages des anciens qui
pouvoient nous donner une idée de ce
qu’ils ont penfé fur le globe de la terré,
de ce qu’ils connoiffoient de géographie
, des zones, des climats, 8c enfin
des habitans des diverfes contrées, de
leurs cartes géographiques & de leurs navigations.
Ceci vient naturellement à la
fuite de ce que nous avons emprunté de
Sénèque. .
Le’froifième article noté X V I I I , traite
dés; révolutions auxquelles les anciens
ont cru que la terre étoit fujette. C eft là
où l’on rappelle ce qu’ils ont penfé 8c écrit
1 fur les déluges, fur les débordemens de