
qu’à Tornëo , à l’ouverture d’une porte ,
l’air extérieur convertit aufii-tôt la vapeur ;
chau de de la chambre , en neige, qui
parut alors en gros tourbillons blancs. Un
pareil phénomène s’efl montré à Saint-
Pétersbourg, en l’année 1773 ; une compagnie
nombreufe fort reflerrée dans une
chambre, fouffrani de la chaleur , quelqu’un
brifa une fenêtre pour la foulager,
& l’air froid entrant avec violence dans la
chambre, y forma un tourbillon fenfible
d’une efpèce de neige.
Si la loi concernant l’évaporation
aqueule dans l’atmofphère avoit été établie
fur une économie différente de celle
dont l’on vient défaire voir l’exiftençe par
les efFets , la chaleur de l’été , qui eft le
principe de la végétation , n’auroit jamais
été accompagnée de pluies rarfaîchiflàntes.
Par la circulation du fluide atmofphérique,
la chaleur des régions torrides fe trouve
dilfipée , & le froid des régions polaires
fe tranfporte pour tempérer l’exceffive
chaleur , produite à la furface de la terre
dans le foîftice d’été. Mais s’il ne pouvoit
fe produire de condenfation d’humidité
dans l’atmofphère par la combinaifon de
fes parties , quoique faturées de vapeurs
aqueufes, & dans différens degrés de chaleur
, alors le froid naturel des régions
polaires , & le froid réfultant des neiges
accumulées pendant Phiver fur les pays
plus élevés , quoique tranfporté dans des
pays plus chauds, feroit abfolument fans
effet pour condenfer les'nuages & former
la pluie.
Le fyflême aâuel eft tellement calculé,
que toute combinaifon de différentes portions
del’atmosphè.e, inégales dans leurs
degrés de chaleur & laturées d’humidité,
doit produire une condenfation d’eau :
ainfi ce fyflême de l’atmofphère avec la
loi particulière relative à la chaleur & au
froid , eft calculé pour produire la pluie
par la combinaifon continuelle de fes
parties, qui font dans des températures
différentes.
Nous verrons dans ce fyflême que les
régions froides des cercles polaires ne
font pas inutiles & fans action dans les
opérations de la nature les plus intéref-
fantes De la même manière , les régions
glacées des Alpes du continent fervent à
une fin dans la conllitution de ces. parties
du Monde , en confervant dans -.les
neiges accumulées une forte de provifion
de froid pour l ’été , & en préparant ainfi
des portions froides d’atmofphère pour
être combinées avec des poriions plus
chaudes faturées d’humidité , & prêtes à
produire de la pluie.
L’atmofphère étant ainfi tempérée par
le tranfport du froid & du chaud des
pays éloignés, les régions de la terre les
plus diftantes de la mer, peuvent être
îuffi'amment abreuvées de pluie dans
chaque faifon de l’année, & dans toute
faifon , fuivant le concours de ces cou-
rans de l’atmofphère, qui font dans l’état
propre à produire par leur combinaifon
un degré moyen de chaleur & une fatu-
ration en plus , ou une condenfation de
vapeurs aqueufes. Ce fyftêint: fi fage n’auroit
pu avoir lieu fans cette loi particulière
de la nature de la condenfation
aqueufe ; car fi la combinaifon des vapeurs
atmofphériques ne produifoit point
de condenfation, l’hémifphère du globe,
affeâé à l’été , auroit été brûlé de féche-
reffe , & l’hémifphère affeété à l’hiver,
inondé de pluie.
Pour s’en convaincre , confîdérons
l’hémifphère d’été" du globe échauffé?par
l’aâion du foleil qui monte , il paroltra
d’après les loix de l’hydroftatique , qu’il
fe formeroit dans cette hypothèfe deux
courans oppofés dans l’atmofphère au-
deffus de cette moitié du globe : l’un fe
mouvant le long de la furface delà terre,
de la région polaire vers l’équateur ;
l’autre par - deffus , dans une direâion
contraire. Cette circulation fuppofée ,
voyons ce qui en réfulte fuivant la confi
titution aâuelle des chofes. D’un côté
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l’évaporation de l’humidité de l’hiver , de
la furface de la terre échauffée par le foleil
d’été, doit tendre à faturer d’humidité
l’atmofphère polaire , attendu que
d’après1 fa chaleur croiffante, elle acquiert
une force d’évaporation ; d’un autre côté,
lé progrès du courant fupérieur depuis le
tropique jufqu’au pôle , éprouvant une
diminution de chaleur par la caufe générale
refroidiffante, amènera naturellement
la maffe à un degré de faturation avec la
vapeur aqueufe qu’elle aura reçue. Dans cet
état des chofes , les deux courans oppofés
de l’atmofphère pourroient palfer,
tandis qu’ils font féparés, fans condenfer
l’humidité fuffifamment pour produire de
la pluie. Mais du moment que des portions
fuffifantes de ces courans faturées fe
combineront, il le produira , non-feulement
des nuages, mais encore des pluies ;
parce que la formation fubite d’un degré
moyen de chaleur, par la combinaifon de
deux portions de l’atmofphère dans des
températures différentes , doit condenfer ;
une quantité fuffifante de vapeurs pour
former la pluie.
Lorfqu’il aura plu dans un lieu en con
féquence de la combinaifon qui auroit
eu lieu dans l’atmofphère fupérieure , ^ il
s’enfuivra naturellement que le ciel s ë-
claircira & que le foleil paroitra , ce qui.
eft néceffaire pour echauffer la furface de
la terre , & pour donner de la vigueur
& de la force aux végétaux qui ont reçu
la pluie.
Mais fans une loi particulière à la recherche
de laquelle nous fommes occupés
, laquelle concerne l’évaporation &
la condenfation de la vapeur , il ne tom-
beroit ni pluie ni roféé fur l’hémifphère
du globe affeété à l’été, ni peut-être jamais
dans les latitudes voifines des Tropiques.
L’évaporation auroit bien lieu par-tout
plus ou moins ; la tendance generale de
faturer d’eau l’atmofphère ou de la remplir
de vapeur dans fa plus grande chaleur
s’établiroit par-tout, & la combinaifon
des différentes parties de l’atmof
phère auroit borné fes effets à tempérer
la faturation fans produire aucune condenfation
de vapeurs dans les degrés'
moyens de chaleur : mais lorfqu’en con-
féquence de la déclinaifon du foleil ,
l’influence de la caufe générale qui refroidit,
prévaudrait, l’atmofphère deviendrait
par degrés chargée de nuage» &
feroit obfcurcie. : ce tems nébuleui aug-
menteroit jufqu’à la diftillation générale
de la vapeur condeHfée ; & cette diftillation
feroit continuée uniformément, jufqu’à
ce que le retour de l’été changeât l’état
de condenfation & celui d’évaporation.
Un fyflême tel que celui qui nous auroit
donné fix mois de pluie & fix mois
de féchereffe , ne nous auroit pas offert
toute cette admirable variété d’objets que
nous avons fous les yeux ; & il né pa-
roîtroit pas, comme laconflitution aétuelle
de notre atmofphère, calculé avec toute la
fageffe de deffein que nous pouvons ob-
ferver. Car un tel excès uniforme dé
nuages & de condenfation d’un côté ;
d’aétion du foleil & d’évaporation de
l’autre ,,ne fembleroit pas devoir pourvoir
autant qu’il feroit poflible a la fubfiftance
& à l’agrément de tout être vivant. Au contraire
dans le fyflême aâuel dont nous fui-
vons l’économie , les extrêmes de la
chaleur & de l’humidité font fagement
évités ; la féchereffe & l’humidité fe
trouvent par - tout bien ménagées : les
pluies & les effets du foleil bienfai-
fant à toute l’économie de la nature ,
font tellement diftribués par-tout, que
la multitude de tous les êtres différens y
trouve les conditions néceffaires pour
leur vie, pour leur accroiffement & leur
maturité, & enfin, pour la perpétuité
des races.
S e c o n d e p a r t i r .
Théorie de la pluie appliquée aux phénomènes
connus de la nature.
Apres avoir formé une théorie de la