
des deux continens vers le Nard, que
toutes les conje'ôures hilloriques ou fim-
plement géographiques.
Les Ours des Illinois, de la Loui-
fiane , &c. paroiffent-être les mêmes que
nos Ours ; ceux-là font feulement plus
petits & plus noirs.
Le Cerf du Canada, quoique plus petit
que notre Cerf, n’en diffère au relie que
par la plus grande hauteur du bois, du
plus grand nombre d’andouiilers & par la
queue qu’il a plus longue^
Il en eft de même du Chevreuil, qui fe
trouve au Midi du Canada & de la Loui-
fiane, qui eft auffi plus petit & qui a la
queue plus longue que le Chevreuil d’Europe
: j’en dis de même de l’Orignal qui
elt le même animal que l’Elan, mais- qui
n’eft pas li grand.
Le Renne de Lapponie, le Daim de
Groenland & le Kariboü de Canada, ne
font qu’un feul & même animal, à en juger
d’après les defcriptions des auteurs dignes
de foi.
Les Lièvres, les Ecureuils, les Hérif-
fons , les Rats mufqués , les Loutres , - les
Rats , les Mufaraignes pies Chauve-Souris,
les Taupes, font auffi des elpèces qu’on
peut regarder comme communes aux
deux continens, quoique dans fous ces
genresiln’y en ait aucune qui-foit parfaitement
femblable en Amérique à celles de
l’Europe.
Les Caftors de l’Europe paroifîènt être
les mêmes que ceux du Canada ; ces animaux
préfèrent les pays froids ; ils peuvent
auffi fobfifter & fe multiplier dans
les pays tempérés ; mais ils n’étabiiffènt
leurs habitations que dans les déferts.
Les Loups & les Renards font auffi des
• animaux communs aux deux continens;
enles trouve dans toutes-les parties de l’Amérique
feptentrionale. Quoique la Belette
& l’Hermine fréquentent les pays froids
en Europe, elles font au moins fort rare»
en Amérique : il n’en ell pas abfolument
de même des Martes, des Fouines & des
Putois.
La Marte du Nord de l’Amérique paroit
être la même que celle de notre Nord :
le Vifou du Canada , reffiemble beaucoup
à la Fouine, & le Putois rayé de l’Amérique
feptentrionale eft probablement une
variété de l’elpèce du Putois d’Europe.
Le Lynx ou Loup Cervier qu’on
trouve en Amérique, comme en Europe,
paroit être le même animal. Il habite les
pays froids de préférence; il fe tient ordinairement
dans les forêts ou fur les montagnes.
Le Phoque ou Veau-Marin qui paroit
confiné dans les pays du Nord , fe trouve
également fur les côtes de l’Europe comme
fur celles de l’Amérique feptentrionale.
Voilà tous les animaux à-peu-près qu’ort
peut regarder comme étant communs aux
deux continens : & de ce nombre qui
comme l’on voit n’eft pas conlidérable,
on doit retrancher peut-être encore plus
d’un tiers, dont les elpèces, quoiqu’affez
femblables-en apparence, peuvent être cependant
très-réellement différentes ; mais
en admettant même dans tous ces animaux
l’identité d’efpèces avec ceux d’Europe ,
on voit que le nombre de celles qui font
communes aux deux continens eft allez
petit en comparaifon de celui des elpèces
qui font propres à chacun des deux. On
voit de plus , que de tous ces animaux,
il n’y en a que ceux qui habitent ou fréquentent
les terres du Nord qui foient
communs aux deux continens, & qu’aucuns
de ceux qui ne peuvent fe multiplier
que dans les’pays chauds ou tempérés ne
fe trouvent à la fois dans tous les deux.
Il ne paroît donc plus douteux que les
deux continens m’aient, été contigus vers
le Nord, & que les animaux qui leur fort
C-oÏÏimuns n’aient paffé de l’un à l’autre par
des trajets de terres favorables a la tra.nl-
migration. On feroit fonde a crcire fur-
tout , d’après les nouvelles decouvertes des
ruffes au Nord, & à l’eft du Kamtchatka,
que c’eft avecl’Afîe que l’Amérique a corn
muniqué , 8c il femble au contraire que le
Nord de l’Europe en ait été plus anciennement
fépré par des mers aifez confidé-
rables, pour qu’aucun animal quadrupède
n’ait, pu les franchir.. Cependant les, ani-•
maux du Nord de l’Amérique ne font pas
précifément ceux du Nord de l’Afie ,
ce font plutôt ceux du Nord de l’Europe ;
il en eft de même des animaux des contrées
tempérées. L’Argaii, la Zibeline, la 1 aupe
d'orée de Sibérie, le Mufc de la Chine, ne
fe trouvent point à la baye d’Hudfon, ni
dans aucune autre partie du Nord-Queft
de l’Amérique. On trouve au contraire
dans les terres du Nord-Eft de ce nouveau
continent., non - feulement les animaux
communs aux contrées du Nord en Europe
& en Alïe , comme le Renne, l’Elan
, &c-
On a remarqué comme un phénomène
général,, que dans le nouveau continent
les animaux des provinces méridionales
étoient très-petits en comparaifon des
animaux des pays chauds de l’ancien continent
; il n’y a en effet nulle comparaifon
pour la grandeur entre l'Eléphant,,1e Rhinocéros
, le.Chameau , le Lion, le Tigre,
tous animaux naturels & propres à l’ancien
continent, & le Tapir, le Cabiaï,;lè
Lama, le Jaguar, &c. qui font les plus
grands animaux du nouveau. Une autre
obfervatiôn qui vient à l’appui de ce fait général
, c’eft que tous les animaux qui ont
.été tranfpo.rtés d’Europe en Amérique,
.comme les Chevaux, les Anes, les Brebis,
les Chèvres, les Cochons y font devenus
plus, petits ; & que ceux qui n’y ont pas
été .tranfportés & qui y font aüés d’eux-
mêmes , çeux qui en un mot font communs
qu’en Europe, & cela fans aucune exception.
aux deux continens, tels que les»
; Loups , les Renards , les. Cerfs, font auffi
fenfiblement plus petits en Amérique
Cet effet paroît tenir à la qualité de la
terre , à la condition du ciel, au degré de
chaleur , à celui d’humidité, à la fttuation,
à l’élévation des montagnes , a la quantité
des eaux courantes ou ftagnantes, à l’étendue
des forêts & fur-tout à l’état brut
dans" lequel oh voit la nature ; la chaleur
. en général eft béàucôup moindre dans
cette partie' du mondé, 8c l’humidité
J beaucoup plus grande. Si l’on compare
f ie froid 8c le chaud dans tous les dégrés de
I latitude, on trouvera qu’à Quebec, c’eft-
à-dire fous celle de Paris,, l’eau des fleuves
gele tous les ans de quelques pieds d’épaif-
four ,. qu’une malle encore plus épaiffe de
neige y couvre la terre pendant plufîeurs
mois, que l’air y eft fî froid , que tous les
oifeaux fuient & difparoiffent pour tout
l’hiver.
Cette différence de .température fous
la même latitude dans la zone tempérée ,
quoique très-grande, l’eft peut-être encore
moins que celle de la chaleur fous
la zone - torride;' On brûle au .Sénégal ,
& fous la même ligne on jouit d’une
température plus douce au Pérou ; il en eft
de même fous toutes les latitudes qu’on
- voudra comparer.
Le continent de l’Amérique eft fituc
& formé de façon, que tout y concourt à
diminuer l’aétion de la chaleur; on y
trouve les plus hautes montagnes, & pat
la même raifon, les plus grands fleuves
du monde. Ces hautes montagnes forment
une chaîne qui femble borner vers l’Oueff
le continent dans toute fa longueur. Le
vent d’Eft, qui règne entre les tropiques,
n’arrive fin Amérique qu’après avoir tra-
verfé uhe grande étendue de mer for laquelle
il Te rafraîchit. Lorfqu’aprcs être
arrivé frais.fur les côtes orientales de l’A-
mérique , il commence à reprendre un
degré plus vif de chaleur en traverfant les
.plaines;, il fft tout-à-coup ..refroidi par