l’atmofphère, efl l’aétion du foleil échauffant
la furface de la terre expofée à fes
rayons. Nous avons fuppofé que cette
furface étoit d’une forme régulière &
d’une fubflance femblable , d’où il efl
réfulté que le progrès annuel du fo le il,
peut-être aulïï le progrès diurne,produi-
roient une condenfation régulière de pluie
dans certaines régions , & l’évaporation
de l’humidité dans d’autres ; & que ceci
auroit un progrès régulier dans certaines
faifons qui ne varieroient pas. Mais il n’y
a rien de plus éloigné de cet arrangement,
que la conllitution naturelle de la
| qui néanmoins peut être tellement dé-
| rangé , qu’à peine on puiffe en plulieurs
occafions, diflinguer cette régularité. On
devroit rencontrer des vents & des pluies
variables , fuivant que chaque lieu efl dans
une fîtuation plus ou moins irrégulièrement
terre.
Le globe de la terre efl en effet cont-
pofé de terres & de mers, dont les formes
ne font aucunement régulières : lafuper-
ficie même des continens efl même fort
irrégulière , offrant des élévations & des
enfoncemens dont les effets font fort variés
en raifon de l’humidité & de la fé-
chereffe , fur-tcut relativement à l’aétion
de la chaleur qui produit l’évaporation :
de-là , une infinité de mouvemens dans
l’atmofphère qui reçoit les effets de chaque
portion particulière de la bâfe avec
laquelle elle efl en contad : de-là , une
tendance des vapeurs aqueufes pour fatu-
rer chaque partie de l’atmofphère fuivant
que des circonflances naturelles favorifent
cette opération : de-là enfin, une fource
de combinaifons irrégulières de différentes
parties de ce fluide élafli que faturé ou non
de vapeur aqueufe.
Selon la théorie , il ne faut rien de
plus pour produire la pluie, que la combinaifon
de portions de l’atmofphère fuffi-
famment faturées d’humidité & dans diffé-
rens degrés de chaleur. En conféquence,
la pluie & l ’évaporation plus ou moins
abondantes, devroient avoir lieu fur toute
la furface de la terre par le jeu de ces
circonflances : on devroit aufli remarquer
dans tous les lieux ces viciflitudes,
avec cette tendance à cet état régulier y ce
formée de terre & d’eau ; tandis
qu’on obferveroit les vents réguliers en
proportion de la furface, ainfi que des
pluies régulières lùivant les changemens
réguliers de ces vents par le moyen def-
quels la combinaifon de l’atmofphère. né-
ceffaire pour la pluie peut être produite.
Mais comme on reconnoîtra qu’il en efl
ainfi fur toute la terre où la pluie efl ob-
fervée fuiyant les conditions qui viennent
d’être préfentées en détail, la théorie fe
trouve ainfi conforme à la nature, & les
phénomènes naturels font expliqués par la
théorie.
a ° . Des pluies régulières.
Les pluies & les chûtes de neiges variables
qui tombent irrégulièrement dans
la plupart des lieux , ayant été expliquées
d’après la conllitution naturelle du globe,
d’après la difpofition de fes. parties folides
& fluides , & d’après l’influence périodique
de la chaleur & du froid occafionnée pat
le mouvement de ce g lob e , & fa pofiiioti
relativement au fo le il, il nous fera maintenant
facile de concevoir les caufes des
phénomènes périodiques & plus réguliers
qui ont lieu dans quelques contrées de la
terre.
Lorfqu’ on cherche une caufe périodique
& régulière pour la combinaifon de portions
4e l’atmofphère dans différens degrés
de chaleur & fuffifamment faturées d’eau,
rien ne paroît devoir produire un effet
plus certain que les vents alifés dans la
mer des Indes , fouillant la moitié de
l’année dans une diredion, & pendant
l’autre moitié , dans une diredion contraire.
Car comme ces courans d’air font
bornés, ils doivent produire quelque part
une combinaifon de différentes portions
de cette maffe fluide ; & èn trouvant que
la pluie efl la conféquence de ces événe-
mens réglés, ou l’effet çorrefpondant à ces
caufes probables , nous aurons raifon de
conclure que ces portions combinées de
i l’atmofphère ont été lùffifamment faturées
d’eau , & dans dès températures différentes,
relativement à la chaleur; mais
c’eft ce qui a lieu réellement dans ces
circonflances. Nous trouvons dans cette
j partie du globe que nous avons indiquée
ci-dessus des phénomènes réguliers par
[rapport à la pluie, & qui correfpondent
[aux caufes régulières qu’on vient d’aiïi-
gner pour la combinaifon des parties de
l’atmofphère. Ainfi , cette correfpondanee
confirme fenfiblement la théorie en don-
nuit l’explication des phénomènes.
Les îles placées fous la ligne au milieu
de l’Océan Indien , femblent former pour
I elles les conditions néceffaires pour produire
une condenfation périodique qui
correfponde à l’influence diurne du foleil,
[ & aux mouvemens de l’atmofphèré qui ont
| lieu pendant la nuit. On ne prétend pas
I expliquer ici à priori, comment il y an-
I roit dans ces lieux des périodes journa-
I lières de pluies , foit confiantes, foit
I affujettiès à certaines faifons : c’ell alfez
I de trouver que tels font les faits , & qu’ils
ne peuvent être expliqués que par cette
théorie , dans laquelle nous admettons une
caufe diurne de combinaifons de différentes
parties de l’atmofphère ; car il efl aifé de
voir que non-feulement les montagnes &
les autres parties de la furface de la terre
font échauffées par la grande chaleur du
foleil, mais encore que quelques parties
de l’auitofphère s’y trouvent raréfiées ,
& éprouvent par cette même aciion , des
commotions fenfibles dans la maffe qui environne
les îles.
Il ne faut pas confîdérer ces commotions
périodiques qu’éprouve l’atmofphère
des lies fi tué es entre les tropiques comme
Géographie- ’’Iiyjique. Tome I.
un effet douteux & incertain dans fa nature.
Il efl bien aifc de s’en affurer en ob-
fervant les brifes de mer & de terre qui
fouillent régulièrement tous les jours dans
ces direâions oppofées. Il réfulte provi-
fîonnellement- de la théorie , que la pluie
devroit accompagner ces commotions,
au cas que l’on rencontrât dans l’atmof-
phère ainfi combiné , les conditions néceffaires
pour condenfer les vapeurs. Or,
par-tout où l’on rencontre des brifes , on
ne trouve pas toujours ces conditions.
Mais dans les îles dont nous examinons
les phénomènes, qui font fituées fous la
ligne & au milieu d’une mer qui doit être
plus chaude qu’aucune autre fur le globe :
mer, qui efl conflamment bornée entre
les tropiques, ou conflamment alimentée
par la région tropique de l’Océan pacifique
, ür n’efl pas déraifonnable de fuppo-
fer qu’on puifle trouver dans i’atmophère
une faturation fuffifante de vapeurs aqueu-
fes, ni que dans les commotions diurnes,
de ce fluide , il ne puiffe y en avoir des
portions combinées dans différens degrés
de chaleur.
On doit expliquer de la même manière
les pluies périodiques qui arrivent régulièrement
fur les différentes côtes de la
péninfui'e de l’Inde. Les mouffons régulières,
dans ces mers, occafionnent le tranfi
port de l’air faturé de vapeurs aqueufes :
cet air d’ailleurs a paffé lur la furface de
la mer , pour être enfuite enlevé & combiné
avec ces portions qui , ayant perdu
leur chaleur jufqu’à un dégré fuffifant,
font dans la condition propre à produire
par leur combinaifon une condenfation
d’eau fur la terre. Rien ne- peut mieux
appuyer cette explication, que leé grandes
pluies annuelles & périodiques qui arrivent
fur ce continent, & quife préfentent li en
grand, qufil efl prefqu’impoflible de leur
donner une autre explication. Examinons
donc ces circonflances fur lefquelles nous
.nepouvonsêtre abufés, & quifuffifent pour
décider cette importante queflion.
E e e e è