
des couches régulières & diyerfes pétrifications.
Cet ordre de montagnes a été , comme
les montagnes fecondaires, en proie aux
changemens & aux bouleverfemCns que
les volcans ont occasionnés. De-ià vient
la ffiagularité de rencontrer do gros morceaux
de pierre a chaux, des pétrifications
& d’autres corps étrangers- dans des
laves & d'ans des produits du feu. Vrai-
femblablement la lave étant encore dans
le ta t de molieffê, a enveloppé tous les
corps qu’elle a rencontres & les a retè-
ïjus en fe refroidiflànt. Une partie de ces
montagnes tertiaires nes’ellformée qu’aprés
les éruptions des volcans fur les produits
defquels ces maffifs font affis ; & fi l’on
y trouve des. blocs de lave & des pierres-
ponces , e ’eff que les corps ont été réunis
& enveloppés par les dépôts d e là mer
qui ont formé çes montagnes.
Pluffeurs de ces collines du Vicentin
âc du Véronois font renommées par le
grand nombre & la beaute de leurs pétrifications..
les ^dlonti-Berici près de Viçence
font de ce nombre ; il en efl de même
des collines de Montecchio,.
La couche- inférieure de la colline de
Brendola, à dix milles d’Italie de Vicence
efl compolee d’un lit d’argille bleue, remplie
de corps marins. Au-delfus de cette
argillé efl un nombre infini de couches
de pierres calcaires pleines de coquilles
pétrifiées d’efpèces différentes de celles qui
font dans l’argille. Du côté de l’eft ces
couches s’enfoncent obliquement fous la
terre. Tout le côté occidental de la colline
efl couvert de la ve , dans laquelle il y a
quantité de boules ovales allez confidéra-
bles & feuilletées. Rien n’eft plus intéref-
fant que de voir ici le mélange des corps
marins & des matières volcaniques ; mais
il n’eft pas aile de circonfcrire chacun de
ces maffifs. Les montagnes du Véronois
les plus remarquables dans ce genre font
Jes deux bords de la vallée de Rouca -
ces collines font très-abondantes en beaux
corps marins très-bien confervés : ils fe
trouvent non-feulement dans les couches
calcaires , mais encore dans les laves &
les matières volcaniques, fous forme pulvérulente
; ces matières compofent des
breches avec des pierres calcaires qui fervent
de ciment.
Les environs de Bolca offrent auffi une
infinité de produits volcaniques couverts
par des couches calcaires qui ont éprouvé
toutes fortes de dérangemens par l ’enlèvement
des matières volcaniques que les
eaux, intérieures ont minées. C ’efl des
environs de Bolca que viennent cesfameufes
impreffions de plantes & de poiffons dans
des pierres calcaires feuilletées.
Montagnes volcaniques.
Il paraît que les anciens volcans du
Padouan, du Vicentin & du Véronois
ont leur foyer dans les couches fehifteufes
des montagnes primitives. I l en eû réfulté
que les couches calcaires dont lapofition
étoit horifontale, font devenues obliques.
C efl auffi par une fuite de cette dilpofî-
tion des feux fouterreins que les fentes
des rochers calcaires font remplies de laves
qui occupent l’intervalle des différens lits.
A u relie, tout le détordre caufé par les
volcans efl: en partie recouvert par les
couches accidentelles des montagnes tertiaires
; de nouvelles éruptions ont eu
lieu , & il efl facile de reconnoître que
ces événemens peuvent s’être réitérés un
grand nombre de fois. Ces lùcceffions
de révolutions, dues alternativement au feu
& a l’eau, ont fans contredit occafionhé
une grande confufion & un mélange fur-
prenant des dépits fous-marins & des
produits volcaniques. Il ne faut donc
pas s’étonner fi au milieu des matières
volcaniques pulvérulentes, on trouve des
pétrifications qui font noircies par ces
matières : on peut citer les montagnes des
environs de Ronea.
L ’étude des volcans efl allez difficile
au milieu de ces dépôts fous-marins, parce
qu’ils marquent l’arrangement & la diftri-
bution des laves, la pofition des centres
d’éruption , & qu’il efl même fouvent
impoffible de découvrir les différens états
où peuvent fe trouver les produits des
féux fouterreins. J’avoue qu’en vérifiant ce
que Arduino avoir décrit ainfi que l’abbé
Fortis,ilm’a été impoffible de reconnoître
ni des cratères, ni des courans modernes ,
comme ils fembloient les fuppofer. I l
en efl de même de la fuppofition que
Arduino a faite , en difant que toutes les
argilles & les bols qu’on trouve aux environs
des volcans du Vicentin ont été
vomis par ces volcans, & font une dif-
folution du fchîfte ; il efl plus fimple d’attribuer
ces argilles blanches & ces bols à
une décompofition des laves, & les faits
parlent en faveur de cet effet. Enfin, je ne
puis croire que les différentes fortes de cailloux
qui font feu avec l’acier, tels que des
pierres à fufils , des jalpes , des agathes
rouges, noires, blanches, verdâtres, des
calcédoines, des opales, des jalpes, comme
ceux qui fe trouvent dans la S c a g lia ,&
qui quelquefois font enveloppées de
laves , foient des produits du feu ; il ell
évident que ces cailloux fe trouvent réunis!
aux laves par accident, & qu’ils exifloient
dans les couches intafles bien avant les
éruptions des feux fouterréins qui Ont
détruit ces couches fans en altérer les
métériaux, & que c’ell à la fuite de ces
éruptions que ces mélanges de matières
intaâes & fondues fe font faits. I l paroît
même que ce mélange ell l’ouvrage des
eaux.