
qui paroilfent éffentielles , i c . que les
fragmens dont-elles font compofées n’appartiennent
pas aux couches poftérieures,
mais aux couches antérieures ; 2 ° . qu’on
ne trouve aucuns fragmens dans les différentes
natures de baucs qui exiftent entre
les paffages 5 3Q. enfin , qu’on obferve un
grand défordre dans les couches auxquelles
ces fragmens ont appartenu. A in fî, l’on
trouve des brèches à fragmens entre les
granits & les fchifles : mais là les granits
font bouleverfés, & tous les fragmens de
la brèche appartiennent à cette clafl'e.
Viennent enliiite les fchifles , parmi' Jef-
quels on ne rencontre point de fragmens,
excepté en quelques endroits de la maffe
qui ont été bouleverfés avant qu’elle fût
complette. On trouve auffi des bancs de
brèches entre les fchifles & les pierres
à chaux, & leurs fragmens font encore du
genre des fchifles , mêlés quelquefois avec
des granits : mais il paroît que les fchifles
avoient été bouleverfés avant que la pierre
calcaire fût produite. Dans la clalfe même
des pierres calcaires , lorfqu’il y a palfage
d’une forte à l’autre , on trouve quelquefois
des bancs de brèches qui renferment des
fragmens calcaires , & toujours ils appartiennent
à la plus ancienne des deux fortes
entre lefquelles on obferve le palfage. On
remarque auffi qu’il y a eu un grand dérangement
dans cette plus ancienne couche
ou mafle , lorfque dans les palfages ou
tranfitions des pierres calcaires aux grès ,
on voit les couches des premières lubf-
tances en défordre ; là il y a auffi des
bancs de brèches dont les fragmens font
furtout calcaires , mêlés quelquefois- de
genres plus anciens , mais jamais de grès ,
ni de fijex q u i, comme nous l’avons dit
ci-devant, elt un gravier de la fuperficie. .
•
Les obfervateurs attentifs , à qui nous
devons ces faits, en ont déduit cette con-
féquence évidente : c’ell que tandis que
les couches fe fonnqient dans la mer
( quelle que fût la caufe de cette formation
) , elles ont été fouvent rompues &
bouleverfées , & que leurs fragmens dif-
perfés par le mouvement des eaux , ont
été par la fuite enveloppés dans les fubf-
tances qui leur fuccédoient immédiatement
, & qui continuoient alors à former
une maflfe de bancs homogènes , jufqu’à ce
qu’une nouvelle révolution arrivât au fond
de la mer. C ’ell dans ces tems de catallro-
phes que tous les anciens bancs en y comprenant
ceux de brèches, étoient de nouveau
renverfés : quelquefois une grande
partie de leur maffe s’eft enfoncée , & a
été recouverte de bancs de fubflances de
nature différente.
Il fuit donc des phénomènes que nous
venons d’expofer & d’une infinité d’autres,
que la plus grande partie des graviers qu’on
trouve fur nos rivages & fur toute la fur-
face des continens , provient de la même
caufe qui a produit les bancs de brèches :
ces graviers fe voient dans l’intérieur & à
la furface ; ce qui indique des fucceffions
de révolutions ïbus Jes eaux de la mer.
Je dois dire que toute cette fuite de faits
dont le détail précède , quoique non renfermée
dans la théorie de Hutton, ne la
contrarie pas entièrement. J’ajoute même
qu’elle a pu infpirer aux naturaliflesfqui
l’ont difcutée de bonne fo i, les-recherches
qui ont jetté du jour fur certains événe-
mens des révolutions les plus remarquables
, & furtout fur la fucceffion de la
formation des claffes de couches que nous
avons diflinguées.
Il elt vrai que fi l’on fe borne à cette
partie de nos continens , que le doâeur
Hutton nous annonce comme étant immédiatement
co.mpofée des dépouilles d’animaux
marins , ou de matériaux , tels que
ceux qu’on voit fur nos rivages, on 11c-
gligeroit beaucoup d’autres parties qui font
entrées dans la malle folide de nos continens
; car on ne s’attacheroit pour lors
qu’à certaines couches fuperfîcielles qui
fe trouvent au deffiis des fchifles.
Pour faire envifager ces objets importans
qu’on négligeroit, il faut remonter aux .
grandes chaînes de montagnes & à ces :
énormes fraâures. Ces traits principaux de ;
nos continens nous apprennent, que fur
les fchifles repofe immédiatement une >■
malle énorme de couches calcaires fuccel- ■
fivement dans des états différais, lefquelles
dans leur état aétuel de fubverfion non-
feulement compofent les bords extérieurs
de ces chaînes , mais un grand nombre de
cil aînés plus éloignées; qu’aux couches
calcaires ont fuccédéimmédiatement, dans :
beaucoup d’endroits de l’Océan, des couches
de grès ou pierres de fables en mailes '
confidérables : après quoi & à la fuite de
quelques révolutions, diverfes couches
particulières homogènes , chacune dans
leur nature en y (comprenant les houillés ;
& leurs bancs contigus , furent produites
fur les débris des couches antérieures. Il
faut dire ici que c’ell le doâeur Hutton
qui, par le be-foin de fa théorie , nous
a fait penfer à rechercher dans quelle
partie des continens ou de la mer étoient
en réferve les fables , les. graviers , les
argiles &c. tandis que les dépouilles des
aûimaux marins formoient, immédiatement
furies fchifles , les mafles prodigieufes des
couches calcaires :& où réfidoient les débris
des coquillages marins & les graviers,
tandis aue les bancs de grès fe formoient
immédiatement fur certaines couches calcaires?
C’eft furtout le doâeur Hutton qui
nous a fait fentir le befoin de faire entrer
toutes ces confidérations dans nos recherches,
quoiqu’il n’ait pas cependant réfolu,
à beaucoup près , ces difficultés.
Au relie , on doit dire que l’on trouve
en plufieurs endroits des pierres calcaires
fort récentes à côté des mafles confiléra-
bles de grès , & même fur les charbons
de terre & fur les couches qui les accompagnent.
Quoique tous ces faits ne foient pas
expliqués dans la théorie du D. Hutton,
comme nous l’avons d it, cependant nous
devons remarquer ici qu’il nous a fait envifager
les fucceffionsnéceflàires de certains
ordres de couches ; & que s’il s’efl borné
à nous indiquer feulement les matériaux
des derniers ordres1 & les plus récèns ,
parce que' fes recherches/, très-relferrées ,
ne lui ont fuggéré que les opérations de
là nature qui avoient pour objet ces matériaux
, cependant nous devons dire que
dans fes vues générales il nous a conduit
plus lo in , & montré lui même ce qui
manquolt à fes indications des matériaux
qu’on rencontré fur nos rivages , lefquels
ne peuvent nous repréfenter tous ceux qui
y ont réfidé autrefois. -
Suite des ajjertions de Hutton avec leur
difcujjion analytique. "
Nous allons fuivre quelques aliénions
du doâeur Hutton , parce que ce travail
nous fournit l’occalîon de parcourir des
faits principaux relatifs à fhifloire dé la
terre , ce qui peut avoir quelque avantage.
à raifon des progrès que la géologie
fait tous les jours. .
Le doâeur Hutton avance dans fa proposition
I I I , que « les vagues, les ma-
» réesôc les courans faillirent & difleminent
v fur ledit entier de l’Océan , les fragmens
» des continens en dellruâion , à mefure
». que les eaux courantes les entraînent
» dans ce baffin. »
L ’obfervation la plus commune nous
apprend .que dans la ; partie voifîne des
rivages de la mer où le mouvement des
vagues peut atteindre jufqu’au fond , leur
aâion efl précifément contraire à celle qui
efl annoncée ici ; c ’eft - à - dire qu’elles
pouffent les débris des côtes vers le rivage
; & la théorie auroit pu indiquer cet
effet ; car la vague venant de la haute mer ,
fe trouve preffée par une malle d’eau plus
conlidérable que la vague en retour. Nous
voyons en effet que partout où la mer efl
peu profonde ,1e rivage gagne fur elle ; &