
obligations, a fouvent été à portée de |
jyériner ces phénomènes ; enfin il a trouvé
à Chaumont en Vexin , dans un amas
nombreux de coquilles fofliles, qui efl
de celui des environs de Paris' & des.viffes,
un lithophite adhèrent à une roche., qui
n’efl elle-même compofée que de coquilles
pétrifiées, ...
Quant au fyflême de Lazzaro-Moro ,
qui. prétend que toutes les .montagnes ,
les couches de la terre-, les ifles, & c . ont
été formées par les feux fouterrains, on.
fent aifémsnt.que l’expofîtion générale de-,
ce 'fyflême efl trop vague & trop éten-'
due. ( Voye* fon article. )
I l paroît que cet auteur, qui étoit italien,
n’a pris pour bâfe de fes aliénions que
les phénomènes des pays qu’il habitoit, où
Certainement les volcans ont produit de
grands changemënsT Mais outre que Moro
ne connoiffoit pas à beaucoup près tous
ces Changemens , il ne paroît pas qu’il
ait été fen état d’en faire une jufte application
aux différentes parties-de la terre
où nous trquvoîis des montagnes.
En fuppofant même que les volcans &
les tremblemens de terre ont dû produire
des révolutions très-çonfîdérables , il faudrait
avoir étudié ces effets avant de les
annoncer : & quoique , ces effets fe rencontrent
dans des pays ou les volcans
qui ont exercé leurs ravages ont çeffé
d’agir depuis; un. tems immémorial, il efl
poffiblé de les r.çconnoître encore & d’en
déterminer ïétendué. - On peut juger de
l ’exillence antérieure des volcans par les
couches de laves qui font difpeifée,s autour
des ‘ Centres d’éruption , par les feories ,
les pierres ponces, les terres cuites , &c.
qu’on y trouve, fans que.pourtant aucun
monument liiitoriqu.e nous apprenne, que
ces pays aient été brûlés. Piufieurs, contrées
font encore de nos jours fûjettes, à
des fecoulfes & à des tremblemens de terre
pjefque continuels., tel efl le Pérou eu
les montagnes de la Corjliliière ne paroif-
fent être qu’une chaîne de volcans.
On ne peut donc nier que la plupart des
couches iüperficielles que l’on trouve dans
cesJ pays. ëxpofés aux éruptions volcaniques
, n’aient été formées par les
embrâfeniens fouterrains. Il efl même
bien étonnant que les obfervateurs éclairés
qui'ont vu Cette chaîne de volcans des
A n d e s a ie n t omis de nous inflruire fur
l’état de ces couches qui ont dû fôrtir
toutes enflammées des montagnes volcaniques
des environs de Quito. Les couches
ainfî formées diffèrent beaucoup de celles
qu’on rencontre communément dans le
fein de la terre au milieu des contrées qui
n’ont point éprouvé l’ aétion des feux fouterrains
& qui ne font point recouvertes
par les produits de ces feux.
Les tremblemens de terre joints au1î
inondations delà mer qui les ont ou fuivis
ou accompagnés, ont dû'opérer durant
une longue fuite de fîècl.es les changemens;
les plus étçnnans. Nous ignorons
par quelle révolution la Sicile a été féparée-
du continent de l’Italie ; mais il y a tant
d’ifles voifines des continens qui font dans
le même cas, qu’on peut faire de ces réparations
des éyénemens du même ordre
& qui tiennent aux mouvemens des mers
qui fe font introduites- dans l'ës golfes.
’Nous ignorons pareillement la caufe qui. a
produit la jonélion ,de la mer Noire à la
Méditerranée en forçant le détroit des
Dardanelles.; nous n’avons pas plus de
connoiffance des agens qui ont contribué
à la formation de la Méditerranée elle-
même, dont bien des circônflanc'es peuvent
faire croire que.ïe baflîn a été creufé
par des embrâfemen.s fouterrains. Peut-
être que des caufes femblables ont formé
de même lè bafïïn de la baye de Honduras
qui, fans l’ifthme de Panama ,'fé'pare-
rok entièrement la partie feptentrionale de
l’Amérique d’avec fa partie méridionale.Les
iiles Antilles dont piufieurs font encore de*
^olCâflS , font agitées par des tremblemens
de terre très-fréquèns , & quand l’une
d’elles ell ébranlée, les autres ne tardent
pas à refîentir les mêmes fecoulfes.
On fie nous, a tranfmis ni l’époque ni
la manière dont la grande Bretagne.a été
détachée du continent. S’il étoit permis
de pouffer plus loin les conjedures, ne
pourroit-on pas foupçonner que c’efl à
des tremblemens de terre fuivis'd’inon-
dations de la -mer que font dues d’autres
révolutions encore plus terribles , & dont
on chercheroit vainement des traces dans
l’hifloire. Qu’ell devenue cette- grande
ifle Atlantide dont l’antiquité la plus reculée
ne nous parle que par tradition ? En raf-
femblant piufieurs faits épars , il femble
qu’elle a réellement ex illé , mais qu’après
avoir été minée par les feux fouterrains
& ébranlée par les tremblemens de terre ,
elle a enfin été engloutie par les eaux de
la mer à laquelle if,paroit qu’elle a laiffé
fon nom, & que ' les ifles Açores , les
Canaries, les ifles du Cap-Verd , &c. font
ce qui-nous refie de cette malheureufe
contrée. Cette conjeâure femble être
conftiméè par le peu de profondeur que
l ’Océan Atlantique a en beaucoup d’endroits.
C ’efl un fait qui a été foupçonné
par Rouelle, & qui lui a été, attelle par
piufieurs navigateurs. Nous voyons de
plus que cette partie de l’Océan ell en
proie à des fecouffes fréquentes : d’ailleurs
c eft, de cet endroit qu’efl parti ce mouvement
violent de la mer qui pouffa fes
flots à une fi grande hauteur contre les
côtes occidentales de l’Europe dans le
ternis de la funefle cataflcophe de Lisbonne;
nous avons appris même depuis qu’une
des Açores avoit été abîmée fous les flots :
& tout nous indique que cette partie du
globe a été depuis long-tems le théâtre
des révolutions les plus étranges & les
plus violentes.
Tous ceS faits prouvent que' les feux
fputçrrains oqt néceflauemyit . contribué
à changer dans piufieurs-endroits la face
de la terre; mais on aurait le plus grand
tort de fè borner à ce.tte caufe qui efî
.accidentelle, & à la confidérer comme
la feule qui ait opéré..En effet, ne voyons-
nous pas que la nature efl toujours en
aétion Y Elle détruit d’un côté pour former
de l’autre, par conféquent elle efl continuellement
occupée à produire des changemens
à la furface de notre globe. Les
volcans font allumés dans, toutes les parties'
du monde: la mer fe retire de.certaines'
contrées pour aller en envahir d’autres J
les fleuves & les rivières entraînent &
dépofent du limon , du fable, des,troncs
d’arbres , & c : les caufes les plus foibles
font 'capables de produire ■ au bout' des
iiècles , les effets les. plus grands , fur-tout
lorfqu’elles agifîènt fans interruption &
fans relâche , & même, quelquefois pat
accès. Or nous ne pouvons.être juges de-
routes ces opérations de la nature, puif -
que nous né pouvons mefiirer la durée
d’une feule de ces caufes ni en fuivre les
.progrès. Que, feroit-ce fi nous pouvions
embraffer un certain nombre de ces caufes,
les voir toutes réunies & agir perpétuellement
fous nos yeux ?
Concluons donc de tout ce qui précède,
que le déluge, univerfel feu l, & les feux
fouterrains feuls , né fuffifent point pour
expliquer la formation dès couches de'
la terre , & qu’on rifquera toujours de'
fe tromper , lorfqu’on voudra déduire1
tous les phénomènes de la^ nature d’une1
feule & unique caufe , & d’en hâter les1
effets par des moyens tumultueux. Noua
ajouterons ic i , qu’il n’ell pas douteux-.,
q.ue.»piufieurs montagnes font redevables:
de leur formation aux feux fouterrains,
mais que les grandes montagnes ne font
point dans ce cas. Car les volcans fup-v
pofent eux-mêmes des révolutions idans
lé globe antérieures à leuraétion, & à leurs
ravagés. En effet pour former de fi. grands
& de fi terribles embrâfemens, il faut des
matières qui forent, non-feulement pro