
l’on a dit précédemment J lavoir , que
d’abord différentes molécules élémentaires
ont été produites -dans l’eau primitive j
que de ces particules ? il eft réfulté fuccefi-
fi veinent' des particules plus compofées &
que cet effet a reconnu pour eau le la force
d’attradion, la rotation du globe aqueux
autour de fon axe 9 8c le mouvement intérieur
qui a été- la fuite de cette rotation :
que comme Les particules, produites dans
la maffe liquide ou aqueufe formoient un
grand nombre!de variétés:* i’adion continuée
des mêmes caufes a dû faire naître
fèparément une infinité de concrétio/is 8c
de coagulations en railon de i affinité & du
caradère différent de toutes ces particules.
Ges coagulations & ces concrétions
ont néceffair entent; produit une multitude
d’élémens pierreux ou de glebes difperfés
ou mêles dans tes eaux & également variés.
Les uns formés par l'accumulation fuc-
ceffiye d’une glebe fur une autre, ou
bien par une coagulation ou une concrétion
fucceffives ,- ont pris le- caractère
lamelleux; les autres, produits plus
promptement, ont compolé des maffes
plus continues & -plus uniformes ; mais
tous fe font trouvés d’abord dans un état
de irjolleffe,& ont nagé,dans les eaux. Qu'on
fe repréfente la matière caféeufe coagulée
dans un. lait aigri, ou que l’on examine
la marche de quelques précipitations chimiques
, où la matière avant de fe pré
cipiter , relié quelque teins fufpendue dans
le fluide, fous la forme de petits grains, ou
comme des floccons de neige, & l’on aura
àpeuprèsuneidée dela première formation
des foliées dans le gio.be de Ja terre; C’ell
pourquoi Wàllérius .penfe que le • globe
aqueux -, après ces tems de coagulation &
de concrétion , a probablement reffembié
dans fon intérieur à la brèche dont on a
parlé ci-devant, où l’on voyait ces élémens
pierreux , aces glebes de différêns, volumes,'
nager dans un fluide, & inclinés fur
différêns plans. .
Telle eft la forme intérieure! que prc-
fenta probablement la terre dans les premiers
tems 5 les caractères des maffes pier-
reufes étant différêns , leur ccmpefition
plus ou moins (impie, elles fe font précipitées
peu à peu &ffuccefliveulent en
radon -de leur gravité fpcciiique, les unes
par couches ou fous la formelamelleufe ,
les autres limultanément de par maffes plus
grandes; d’autres enfin par rognons collateraux
, Sec. De-la vient que les maffes,
; compofées de plu-s grandes particules, ta
font précipitées plutôt que 'les autres, lori-
qu’elles n’ont pas rencontré d.obllacles
dans les maffes inférieures;, ou -que les
maffes formées de particules plus petites
& plus légères fe font précipitées plus
tard & ont occupé les parties fupérieures.
Ain fi iorfque les pierres mixtes ou les
: granits ne conftituent pas une montagne
toute entière , elles'-en forment ordinairement
le fond : c’cit ce que l’on a obfeivé
en Weft-Gothiand où lé granit forme toujours
la bâfe des autres rochers qui font
.placés deffusv
Mais comme la force centrifugé tend
perpétuellement à éloigner les corps du
centré ou du diamètre , ces maffes ont dû
être retardées dans leur précipitation J
fùbfifter plus près de la furface, s y accumuler
i’une fur l’autre, ou 1 une a cote
de l’autre, autant que lés efpaces ont pu
le permettre.
Il eft d onc probable que les maffes mon-
tueufes ont été formées plus près de- la
furface que du centre, il en eft donc réfulté
plus de vuides au »'.entre qu’a la furface
où les grandes inégalités font reftees & fe
font maintenues. ■ , -
Lors de l’accumulation & de la con-
denfation des maffes primitives, les forces
qui. les - maitrifoient ont dû faire que phi-
; fleurs • de ces maffes fe font bridées en,
fragmens de diverfes grandeurs, fur-toutl
fi l’on y ajoute le mouvement des eaux.
Les maffes plus petites fe font introduites
dans des maffes plus grandes, ou fe font
interpolées entre deux autres glebes. Celles
dont la compofition étoit Jamelieufe ont
été obligées de fe placer en pluficurs -
endroits parmi d’autres maffes : ici dans
une situation perpendiculaire à l’horifbn:
là dans une difpofîtion oblique: ailleurs
dans un plan liorifontal, félon les circonf-
tances.
En fuppofant , par exemple, qu’une
maffe de granit ait frappé en fe précipitant
l’extrémité d’une' autre maffe
lifnëlleufe qui nageoit dans l’eau , fur
un plan horifontal , elle aura fans doute
changé la direction de., cette' dernière
malle & l’aura contrainte de fe précipiter
par une ligne verticale ou oblique ,-
entre différentes malles , fui va ne les différentes
circonftances ‘qui en ont modifié la
njarché;
Ceux qui croient que les montagnes, &
en général le globe de la terre, font ïortis
des mains de Dieu avec la folidité , la
denlité ,-& tous les affemblages de matières
que nous y trouvons , ont pris la voie
la plus courte pour rendre raifon de l’état
afluel du globe. C’eft - là l’opinion de
Rey , de Hook , de Moro , &c. ; mais
il étoit facile de faire voir que toutes les
obferyations combattoient cette hypothèfe,
& prouvoient clairement que lès parties
folides de notre globe , & les maffes mon--
tueufes avoient été fluides & s’étoient
enfuite confolidées ainfi qu’on l’a montré
fort en détail.
Quelqu es-uns de ces naturaliftes ont
effayé d’expliquer l’origine des montagnes
par les éruptions des feux fo-titerrains;
féibnitz dans fa Protégée nous dit qu’il
conçoit comment, Iorfque la maffe du
! globe étoit liquide, FacHon des agens fou-
terrains, a pu faire renfler fa furface de
diverfes manières, &c. ; mais cette hypothèfe
fuppofe l’exiftence de la terre avant
celle des montagnes ; elle fuppofe mémo
un fouleyemenc où il n’y en a point
eu, attendu que la précipitation feule
paroît avoir eu lieu , fi l’on s’attache à
l’ordre de la nature ; enfin elle fuppofe
une caufe aâive qui pouffe avec force du
centre à la circonférence, & cela fans
aucune preuve décifive de mouvemens
auffi violens.
D’autres phyficiens ont imaginé qu’une
diffoiùtion de particules terreufes dans
l'eau , fuivie d une cryftaiiifation à la fur-
face du liquide:, avoit donné naiffartee aux
montagnes Sc aux folides. VV allcrius fem-
bie conte.lier cet état de diifolubilité des
matières terreufes, à moins qu’on ne convienne
d’attribuer cette propriété1 à l’eau
primitive, & qu’elle n’ait été un menf-
livie univerfel en état de tenir en diAblution
toutes les parties foiides. En effet, la
plupart des corps qui conftituent les parties
folides 'de notre globe font afcfolument
infolubles dans l’eau, & quelques-unes ne
donnent même aucune prife au menflrue
le plus fort. Cependant on peut répondre
à cela qu’il y a plufieurs fortes de cryf-
taux iicr.t les | articules élémentaires ont
été néceffairement folubles. dans l’eau , ainfi
l’expérience eft en cela conforme à l’ob-
fervation.
Wâlieiius prétend qu’on n’obferve nulle
part les traces d’une précipitation fuccef-
five dans les montagnes primitives. Cependant
il femble qu’il les auroit vues dans ces
grandes cryftallifations de gneiis où il y
a de ces intervalles de cryltaux qu’il faut
bien diftinguer des fentes de deflication ,
que tant d’obferyateurs ou ignorans ou pré-
fomptueux,ont prifes pour des couches; il
eft d ailleurs néceffaire d’admettre une fuc-
ceflion dans la précipitation des matières
d’une nature différente. VV allcrius * lui-
même nous en fournit un exemple tres-
reir arquable en nous citant des maffes de