
montagnes 8c les collines qn’on doit re- \
garder comme, les bords des vallées qui les
leparent, ont auiïi des fînuofités corref-
pondantes de la même façon,, ce qui pa- j,
roît toujours démontrer à Buffon, que 1
les vallées ont été les canaux des cou- j
rants de la mer qui les ont creufées peu.!
à peu & de la même hnmièreque les fleuves \
ont creufé leurs lits dans les terres.
Les eaux' courantes à la furface de la
terre ne font qu’une partie-de celles que
■ les vapeurs produifent, car il y a des
'veines d’eau qui circulent & quife filtrent
■à de -grandes profondeurs à l’intérieur de ,
la terre. Dans -plufieurs endroits , on eft
lur , en-fouillant, de faire un puits : dans
d’autres-, on ne trouve point d’eau.
Dans prefque tous les vallons & les plaines
baffes , on ne manque guere de trouver
de l’eau à des profondeurs peu confidé-:
■ râblés : au contraire dans tous les lieux’
élevés & dans toutes les plaines en mon- j
tagnes , Buffon penfe qu’on ne peut en ri
tirer. Il y a des cantons d’une vafte étendue
.où l’on rfa jamais pu faire un puits
«qui donne de l’eau : toutes les eaux qui;
fervent à abreuver les hommes & les ani-,.
•maux font contenues & confervées dans
dés mares' ou dans des citernes. En Orient,
fur-tout- dans l’Arabie , dans l’Egypte ,
dans la Perfe , &c. , les puits font extré-;
mentent rares, suffi bien que les fouroes;
■ -d’eau- douce. Dans d’autres, pays au contraire
, comme' dans- les plaines où -coulent
des grands- fleuves, on ne peut fouiller un:
•peu .profondément fans trouver de ; l’eau ,i
& dans un camp finie aux environs d’une,
-rivière, fouvént chaque tente a fon puits ,.
»au moyen de quelques coups de pioche.
Cette quantité fl’eau qu’on trouve partout
dans les lieux bas, vient desterres!
ftlpérieures. 8c des céteaux voîfins ., au
moins pour-la plus .grande partie,-; car-
..dans les temps de,.pluie ou de la-
fonte des ;neiges;, une. partie,-,dea,reaxut!
eo-ule .à la fnrfaeç- de: la-térre., ‘&ile relie!
pénètre dans ^intérieur. à-travers les ,-pe- 1
tites fentes des terres & des rochfirs, Si
-lorfqu’elle trouve des iffuer, elle, fourcille
en différents endroits , ou bien elle fe
filtre dans les fables ; 8c fi elle vient à
trouver un fond de glaife ou de terre
ferme & folide , elle forme des lacs, des
ruiffeaux , & peut-être des fleuves fouter-
rains. On connoît fur la terre quelques
lacs dans lefquels il n’entre , & defquels
il ne fort aucune rivière. ; il y en a un
nombre beaucoup plus grand, qui, ne
recevant aucune rivière confidérable, font
les fources des plus grands fleuves delà
terre. -Ces lacs ne peuvent être alimentés
que par les eaux des terres fupérieures
qui coulent par de petits canaux fouter-
rains, en fe filtrant à- travers les graviers
& les fables , & viennent toutes fe raf-
fembler dans les lieux les plus bas où l’on
trouve ces -grands amas d’eau. Les lacs
qu’on voit au fommet des plus hautes
montagnes dans les Alpes & dansles.autres
lieux hauts , font tous furmontés par des
maffes de terres & de pierres beaucoup
plus élevées 8c qui leur fourniffent des
eaux de la même manière que les eaux dés
vallons & des plaines tirent leur fource
des collines voifines ou des terres plus
éloignées qui les furmontent.
Il doit donc fe trouver & il fe trouve
en effet dans l’intérieur de la terre deseaux
répandues, fur-tout au-deffous des
plaines & des grandes vallées : car -les montagnes,
les-collines & toutes les hauteurs
qui furmontent les terres baffes , font découvertes
tout au tour & préfentént fur
leurs faces une coupe ou perpendiculaire
ou inclinée , dans l’étendue
de laquelle les eaux qui tombent fur’ le
fommet de la montagne & fur les plaines
élevées, après avoir pénétré dans les terres,,
ne peuvent manquer de trouver des ifïues
& de fortir en forme de ’fources & de
fontaines, & par conféquent cette eau-
étant-évacuée , peuts’épuïfer dans certains
temps.
Dans les.]piaines , au-contraire, consic
l’eau qui fe filtre ne peut trouver ^d’iffue ,
fl y aura une gTanûe quantité d eau dif
perfée & divifée dans les graviers & dans
les fables. C’eft cette eau qu’on trouve
par-tout dans les lieux bas, & qAon retrouve
dans la fouille des puits. Car H
-fond d’un puits n’efl autre cho'fe qu’un
-petit baflin , dans lequel les -eaux qui s’arrêtent
au milieu desterresvoifinesfe -raflent-
blent- en tombant d’abord goutte à goutte
& enfuite en filets d’eau continus , lorfque
les routes font ouvertes aux eaux les plus
-éloignées , enforte que celle, qui le rend
dans les puits, eft proportionnée à la quantité
d’eau difperfée au milieu des terres
plus élevées qui les fourniffent. _
Dans la plupart des plaines , il n’efl pas
néceffaire de creufer ju'fqù’au niveau de'
la rivière pour avoir dé Peau ; on la trouve
ordinairement à une moindre profondeur.
Buffon penfe que l’eau des fleuves & des
rivières ne doit pas s’étendre loin , en fe
filtrant à travers les terres. Il croit- de
même qu’on ne doit pas attribuer aux
eaux courantes des rivières, l’origine de.
toutes celles qù’.on trouve au-deffous de
leur niveau , & il en donne pour preuve,
qu’on ne trouve pas en fouillant dans le
lit des rivières qui tariffent., ou dont oh
détourne le cours, plus d’eau qu’on n’en
trouve dans les terres voifines. De même
fi l’on examine les ravinés qui fe forment
dans les terres £c même dans les fables1,
on réconnoîtra que i ’eaü courante paffe
toute entière , dans le petit efpace qu’elle
fe ôreufe elle-même , & qu’à peine les
bords font mo-uil lés à quelques pouces dans
ces fables. Dans les terres végétales même
on rie s’apperçoit pas que la filtration de;
l’eau s’étende fort loin. Ainfi l’eau ne
fe communique &.ne s’étend pas. auflî loin
qu ’on le- croit par la feule imbibition, cètte
voie' n’èn fournit dans l’intérieur de la
.terre que la plus petite partie,. Mais,, depuis
la furface jufqu’aux plus grandes profondeurs
, l’-eau pénètre par des -conduits natu-,
J-els., par de petite^ routes qu’elle .ç’eft
-ouvertes elle-même „ elle fuit les -fentes
des rochers , des terres, fe divife 8c s’étend
de tous côtés en une infinité de petits
rameaux 8c de filets , touj oürs en defeen-
dant, jufqu’à ce qu’elle trouve une iffue ,
après avoir rencontré la .glaife ou un autre
terrein folide fur laquelle elle fe raf-
femble.
Bien des gens ont prétendu que la quantité
des eaux fouterraines .qui n’ont pas
d’iffue,furpaffoit de beaucoup celle des eaux
qui font à la furface delà terre, mais cette
opinion rte paroît pas fondée à Buffon.
La principale raifon qu’il en dorine, c’efl
qne comme lés .eaux courantes produifent
à la furface de la terre des changemens
confidérables , & qu’elles déplacent tout
ce qui s’oppofe à leur paffage , il en feroit
.de même des fleuves fo-uterrains. Ils pro-
duiroient des altérations fenfibles dans l’intérieur
du globe; mais On n-’obferve rien
de-pareil, les couches parallèles & hoii-
fontales fubfiftent par-tout. Ainfi l’eau,
fouterraine lie. travaille pas en grand dans
l’intérieur de la terre ; elle y fait de l'ouvrage.
en petit. Comme elle eft difperfée
prefque partout-, elle concourt à la formation
de plufieurs fubftances terreftr.es qu’il
faut diftinguer avec foin des matières
anciennes.
D'après aes détails,' Buffon tire ces coïi--
fequences qui contiennent la fubftance de fa-
théorie. : « Ce font donc les eaux rafleru-
» biées dans la vafle étendue des mers qui,,
» par le mouvement cpntinugl du flux
» & du reflux ont produit les montagnes ,
» lès vallées & les autres inégalités de la
» terre. Ce font les courans de la mer qui
» ont creufé les vallons & élevé les collines
» en leur donnant des direétions corréf-
» pondantes » . Ce font c'es mêmes eaux
de la mer, qui en tranfportant les terres ,
les ont difpofées les unes fur ies antres eiï
lits horifontaux. Ce font les eaux du ciel qui
détruifent peu-à-peu l’ouvrage de la nier ,.
qui rabaiffent continuellement les mon-
11 tagnes, qui comblent les vallées", & qui
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