
effort pour déplacer les environs comme
le fiippofe Moro, dans fes deux dernières
époques.
Cinquième Confidération.
On a toujours objefté à Moro qu’il
ne nous avoit pas indiqué àja fùrface de
la terre & dans le fein des montagnes du
fécond & du troifîème ordre qu’il , fait
produire. & foulever par les feux fouterrains,
les laves, les cendres, les matières-
cuites ou altérées par le feu, foit feules, foit
mêlées aux matières calcaires, aux dépouilles,
des animaux marins. Enfin, il femble
que fuivant fon plan d’organifation du
globe , il s’obligeoit de nous montrer
tçjis ces matériaux partout, où fe trouvent
des portions de continens , qu’il fuppofe.
avoir été d’abord formées par couches
dans, la mer,, puis foulevées hors de fon
baffin y 8c nous verrons par la fuite comment
il pouyoit nous fatisfaire à ce fujet.
Sixième Confidération. ...
Une des grandes objeftions qu’on a
faite a Moro , c’eft la difficulté de concevoir
comment des mafTes énormes fou-
levées par des feux fouterrains , avoient
pu confervér la forme de lits'fui vis , &,
de couches horifontales d’une grande éten-
,due éh longueur & en largeur pourquoi
ces mafles -énormes ne nous offraient
quëpdes aflemblages de bancs calcaires,
fans- interpofitiops de matières volcaniques
}' pou'rquoi enfin ont ne nous mon-
troit pas'au pied de toutes ces chaînes
qù’on prétend foulevées , lés ' traces &
les im'preffions des embrâfemens fouterrains
• pourquoi , enfin , le feu avoit.
pu jouir de toute fon aâivité- fouS des
malTes d’une épaineur auflî confidérable
que peuvent être le Jura, par exemple ,
le Mont Ventoux, les montagnes Alpines
calcaires , qu’on trouve, du côté
de la Provence, où- l’on ne ' voit ni ces
défordres , ni ces boulevêrfemens que
nous offrent de toutes parts le Mezin,
le Mont-Dor & les environs de ces deux
grands volcans.
Septième Confidération.
Lorfque j’ai dit que Lazzaro - Moro
devoit nous donner des preuves incon-
teftables des opérations du feu dans les
montagnes du fécond & du troifîème
ordre j en nous montrant au milieu de
•leurs couches des matières volcaniques,
je n’ignorois pas qu’on avoit obfervé dans
le Vicentin , fur-tout le long de la vallée
de Ronca, des lits de laves , de cendres
& principalement de fcories fous forme
pulvérulente, défions des bancs de Coquilles
marines &- de pierres calcaires. Je favois
auffi par moi même que dans les ci-devant
provinces- d’Auvergne & de Velay, il y
avd.it des. couches, de laves defibus des
bancs de pierres calcaires ou des dépôts
terreux; mais je dois dire en même-tems
que ces productions volcaniques, outre
.qu’elles ne. font pas diftribué.es par lits
bien foivis J n’occupent pas de grandes
fuperficies. D’ailleurs elles ont toutes les
formes que nous préfentent les laves dif-
tribuées autour des volcans ordinaires,
& elles ne- paroiffent avoir aucunement ,
au-deffous des dépôts fous-marins, éprouvé
le moindre déplacement. Iln’eft donc pas
étonnant que ces dépôts fous-marins qui
recouvrent les produits du feu, aient auffi
confervé la plus grande régularité fur ces
matières , puifqu’elles n’ont pas été déplacées
ni avant ni depuis leurs dépôts.
J’ajoute ici qu’en examinant toutes les
contrées, qui nous offrent l’affociation de
ces matériaux, dans les montagnes &
dans les collines où on,les trouve, l’on
s’aflùrë aifément qu’aucune partie de ces
•aflemblages n’a été foulevéê , mais qu’ils
ont confervé leurs formes primitives, foit
celle que leur ont donnée les embrâfemens
fouterrains & les éruptions locales
qui en ont été la fuite, foit celle que la
mer dans fon baffin a donnée aux dépôts
poftërieurs dont elle a recouvert ces produits
du feu.
On voit donc par-là ‘combien il efi
inutile d’avoir recours aux efforts des Jeux
fouterrains , pour donner à ces maffifs la
forme de collines ou de montagnes.
D’ailleurs on efi »convaincu de cette
inutilité par Une autre confidération ; il
eft vifible que. les maffifs qui , foit dans
le Vicentin, foit en Auvergne & en Velay,
nous offrent cette affociation de matériaux
hétérogènes, doivent leurs formes extérieures
de montagnes & de collines à des
eaux courantes torrentielles, qui ont coupé
ces maffifs en crenfant tout autour des
vallées dont elles, continuent l’approfon-
diflement ; ainfi tout nous perfoade , fait
l’üïganifation intérieure des maffifs, >foit
leurs formes » extérieures , ' qu’il n’y a pas
:eu de foulevemens ni de dépiaCèmens
confine Moro, le fuppofe. Tout occupe
la place que le feu & l’eau' agiffant fuc-
ceffivement ont dû imprimer à leurs produits.
Au relie , j’èxpoferai en détail ces
ciïconflances à l’article du diétionnaire.bù
il fera queftion des volcans , dont les cratères,
les culots, & lés courans ont. été
recouverts enfuite par les dépôts de la
mer, & qui occupent des contrées corref-
pondantes . dans les ci-devant provinces
d’Auvergne du Vélay , & au milieu.
des belles vallées de la Loire d’un côté ,
& de l’Ailier de l’autre.
L.EHMANN.
J’ai partagé en deux parties la notice
des ouvrages de ce - minéralogifte qui
concernent la Géographie- Phyfique. La
première comprend le précis raifonné
d’un traité fur Ÿ.oréograpkie, qui eft un
des derniers ouvrages de Lehmann ; il
renferme la defcription des chaînes de
montagnes primitives qu’il fuppofe dif-
perféesà la furface de tous les continepsj
& fe prolonger jufque dans le baffin de
la mer par les itles, les bas-fonds , les
vigies , les" rochers . à fleur d’eau.
Il p.aroît que Lehmann a pris pour
bâfe de la . defcription de ces chaînes,
les cartes " .de Buachei & le tracé des
arrêtes qui indiquent fur ces caftes les
inégalités de la terre ; mais en jetlant les
yeux fur ces détails géographiques, on ne
peut s’empêcher de faire une réflexion, un
peu trifte, c’eft que toutes ’ces chaînes ,
tant celles décrites par Lehmann, que
celles figurées par Buache, n’ont été ,
ni reconnues, ' ni obfervéës par aucun
naturalifte. Seulement on a pu fe convaincre
à l’article de. Buache qu’il n’a
tracé fes. arrêtes que d’après les pentes
des eaux courantes ; mais ceci ne foffit
pas pour déterminer les maffifs ni leur
nature. Cependant fans cette connoiffance
& fur' de firnpleS préfomptions on nous
préfente un fyftê’nie général des.'montagnes
■ BÉE unes aux autres qu’on croit
compefées des mêmes, matériaux & or-
ganifées de la même manière i j’entends
parler ici des montagnes primitives dont
traité Lehmann comme naturalifte & miiié-
ralogifte. On voit que dans l’ordre des
recherches-, il a fait un pas de plus que
Buache ; mais dans celui -des découvertes
il n’a pas été plus loin que. lui.
J’ai joint à de traité quelques■ ïëmargiu'es
par lefquelles j’ai, eu eirvue .de modifier
îles généralifations hazardées que
Lehmann met en avant au fujet des
montagnes primitives , & particulièrement
for leur liaifon; & leur continuité
non interrompue , enfin fût leurs prolonge
mens dans le baffin de la mer par les
ifles 'Si les‘bas-fonds.
Dans la fécondé partie, je préfente
la fubftance d’un traité danslequel Lehmann
s’occupe de la comparaifon des montagnes