
d’indèrïvénieris & tant de conféquences
que je crois plus prudent de la lailfer ré-
foudre par des gens plus habiles ou plus
hardis que moi. le me contente de dire
que l’eau & le temps font des agens allez
puiffans pour opérer des phénomènes très-
iingûliers.
La terre offre par-tout des pierres arrondies
de toutes fortes de formes & de
différentes natures;,'oît-- en trouve1 ! 'dans
des vallées à une 'grande, profondeur, au
milieu des terres , fur les coteaux & fur
les montagnes les plus élevées» J’ai vu des
diamans. ; arrondis. couverts d’une. Jégere
croûte ; j’ai vu .des] faphirs & des topazes
orientales arrondis,, ainfî que des :cor-
nalines du Levant arrondies & greffes
comme un oeuf avec fa coquille. Les.cryf-
taux du Rhin n’ont pu s ’arrondir , parce
que de leur nature ils ne. font pas angulaires
•& ’'qu’ils' forment une, malfe déjà
très-arrondie par, leur compofition naturelle
; en , quoi ces eryflaux different des
cryftaux de roches.- ordinaires qui font
compofés de lames de figure régulière.
Plufieurs. favans ont été trompés à ces
eryflaux du Rhin ,- parce que comme, ils
en voy.oip.nt également a deux lieues de
Strasbourg ; au milieu des terres., ils fe.
font figurés que la riviere ayoit changé de
l i t , préoccupés'de. flopinion que la riyier-e
l,es, lenrportoit. dans!. fon cours ; mais ils
ne fsjfoiept pas. réflexion qu’on ne,trouve
pas tin feùl de ces, eryflaux à quelques
lieues au-deflus du Vieux-Brifach, ni au-
delfo.us de Strasbourg. ,, .
Enfin, fi les rivières rouloient .avec
elles le s . pierres arrondies, elles en raf-
fembieroient la totalité à leur embouchure
dans la mer; parce que les pierres
devrôient remplit tons lés ÿuides, des en-
droits.nù la-riviete^ft-tranquille, & franchir
les digues élevées,; ce qui n’arrive cer-,
tainementjpas, Le fond même de la mer
devroit changer en admettant qu’elle,reçût
une auffi grande quantité de. pierres qu’on
doit fuppofer.qu’elle en,doit recevoir par
toutes les rivières du monde ; & pour
lors les obfervations! des marins ferviroient
à peu dé chofe j mais ceux-ci favent bien
qu’on trouve toujours avec la fonde les
mêmes matières dans lés fonds , & ils ont
bien raifon de fe- conduire d’après des
expériences & non d’après une. hypo-
thèfe.
B U A C H E .
N o t ic e fur les travaux cle Buache,
relatifs à la Géographie-Phyfique.
Dans la notice- que je me propofe de
tracer ici des. travaux de Buache, fur la
Géographie-Phyfeque , je dois placer d’abord
quelques confidérations générales fur
le fond de--fon, fyftême ; c’eft là qu’on
yerra. le précis de fes1 vues .■ et de fes
moyens ; je mets à la fuite l’analyfe des
deux recueils de cartes qu’il a publiés en
différens terns , & dans lefquels ■ fe trouvent
joints des tableaux qui' contiennent
l’explication méthodique de ces cartes &
le dépouillement des objets qui s’y trou*,
vent figurés. C’ eft en fuivant l’auteur lui-
même dans, tous ces détails, en le faifant
parler, que je montrerai d’uné manière,
plus .nette & plus précife : les différentes
vues qu’il avoit fur le globe . terraqué
& les moyens variés dont il a fait ufage-.
pour en offrir, foit aux géographes., foit.
aux naturaliftes , les réfultats. Je divife-
rai donc cette notice en quatre parties ■:
dans la première je donnerai les confédérations
générales' fur les vues fyftémati-
ques qui ont-piéfidé aux travaux de Buache..
Dans la fécondé fera comprife l’analyfe
raifonnée du premier recueil de cartes &
de leur explication méthodique.
Dans la troifièrrle enfin , on trouvera
l’analyfe du fécond, recueil de cartes. On
' rencontrera dans ces extraits quelques redites
& des répétitions affez fréquentes , mais
elles m’ont paru nécfeffaires pour indiquer
la marche des nouveaux développemens
que Buache a donnés à fes vues diverfes
à méfure qu’il les a traduites fur fes cartes
& qu’il les a Biffes en aâion. Il faut con-
fidérer que c’eft l’expofition d’un fyftême
ébauché en 1745 & qui n’a reçu fon complément
qu’en ,1761 , après avoir été pré-
fenté fous différentes faces dans-cet intervalle
, c’eft-à-dire, pendant une vingtaine
d’années.
Dans la quatrième enfin , j’expoferai
ce qui concerne Voffature ou la charpente
du.globe, telle que Bua.che croyoit pouvoir
la déduire de fon fyftême de Géogra-
phie-Phyfique.
I.
Confidérations générales fur le Jyflême de
Buache, relatif à la Géographie-Phyfique.
Buache confidère la Géographie fous
trois, faces différentes ;, la naturelle ou
phyfique , l’hiflorique & la mathématique.
La Géographie-P hyfeque, peut être confédérée.
encore fous deux points d e 1 vue
différens , ou coiiime occupée des objets
extérieurs à la conftitution intérieure du
g lob e, ou comme bornée à cette conftitution.
Sous le premier point de vu e ,
elle donne la connoiffance des vallées ,
des montagnes,_ des rivières y dés lacs ,
des. jners , des détroits , des baies., des
ifthmes , des ifles. La partie de la Géographie
Phyfique intérieure a pour objet
ce >qui efl au-dedans de la terre & de la
mer commette qui concerne les minéraux,
l’origine des fontaines, les différentes couches
qui fe découvrent dans les montagnes
, la direction des courans dans la
mer, la forme du fond de fon baflin.
Un des objets de la Géographie-Phyfique
, auquel Buache s’eft le plus attaché ,
ce font les chaînes des montagnes de différens
ordres qu’il Regarde comme la charpente
du globe, comme le! foutien de fes
une ceinture continue qui le traverfe en
tout fens.
Buache a été dirigé dans cette recherr
che; i 0-.par les fources des fleuves, ou
des grandes rivières qui indiquent naturellement
parties. Il les confidère comme formant ;
les terreins les plus élevés, parce
que les eaux, courantes , à la furface du
globe fe portent toujours depuis les fom-
mets les plus hauts-jufqu’aux profondeurs
des vallées; 2°. !par les isles & vigies, que
l’etn connoît dans :1a mer & d’apres lefquels
Buache croit qu’on peut fe former
une,idée de la fuite de ces chaînes
qu’il appelle marines , ainfî que d’une
partie confîdérable {lu fond de la mer dont
il confidère. le niveau ou la furface comme
un terme moyen ou commun, qui peut
fervir de comparaifon pour y rapporter
les hauteurs d’un côté & les profondeurs
de l’autre.
Tous ces objets offrent ce qu’il y a de
plus frappant -fur notre globe puifqu’iis
embraffent non-feulement, la connoiffance
des continens par les hautes montagnes & les
terreins élevés, par la diftribution des eaux
courantes à leur furface , mais encore la
connoiffance méthodique des mers & de
. leurs balfins, par les ifles , les vigies, les
.récifs..
Buache a commencé fon travail par
l’examen des continens fecs pour établir ce
qu’il eonfîdere comme la charpente du globe.
lia cru qu’ily par viendroit en s’attachant aux
terreins élevés, & comme ce que l ’on a
connu jufqu’à préfent des chaînes de montagnes
ne lui a pas, paru fuffifant pour
! déterminer la fuite des lieux les plus éle-
! yés de la Terre , il a penfé qu’il y fup-
,pléeroit en fe fervant des indices que lui
fourniffoient toutes les rivières & tous les
fleuves.-
On ne peut difcônvenir effectivement
que l’origine des ' fleuves &' des. rivières
n’indique naturellement l’élévation des
terreins, dont lès canaux de ces fleuves