
fans qu’ elles aient appartenu à u» individu
cnt er.
Voici encore une autre objeâion que
détruit Sténon. Certaines perfonnes cou-
fidérant qu’il fe trouve des productions
marines dans des endroits qui n’ont pu
être fubmergés depuis le déluge de N o ë ,
c’e ll-à -d ire depuis quatre mille ans au
moins , ne peuvent concevoir que des
fubllances animales aient réfilté durant
tant de Cèdes-aux injures du temps , puif-
qu’ils voient tous les jours ces mêmes
corps f e ’ détruire fous leurs yeux en un
petit nombre d’années.
Tl commence par remarquer d’abord,que
la différence dans la durée des mêmes corps
confiés à laterie,dépend des differentes qualités
de la terre où iis font enfouis;q,ue C certains
lits argileux confumoient tous les corps
qui y étoient renfermés , des lits de fables
conlervoient au contraire dans leur entier
tous ceux que la mer y avoit dépofés.
Sur la confervation des coquilles, il cite
l ’obfervation qu’il a faite aux murs de la
viile de Volte rre , ainfî . que dans les
couches du coteau fur' lequel elt bâtie,
cette ancienne cité des Etrulques. Il eil
inconteilable, par exempte, que la ville
de Volterre étoit déjà floriflante lors de
la fondation de Rome. Or dans de grands
quartiers de pierres tirés des, ruines très-i
anciennes de cette ville , on trouve piu-
lîeurs efpèces de coquilles, lefqueües
étoient à-peu-près dans cet état au temps
où l’on commença la conllruétion des bâti-
mens à Volterre. Mais ce ne font pas feulement
les coquilles pétrifiées ou renferfixçes
dans les bancs de pierres qui fe font con-
fervées pendant un fi lông-tems. Tout le
coteau fur lequel cette ville elt bâtie, elt
compole de différentes couches de fédi-
mens marins parallèles à I’horifon , & ait
milieu defquelles on trouve, line -grande
abondance de coquilles véritables qui
réfident dans du fable, & qui n’ont fouffert
aucune altération. Il y a donc trois-mille
ans 8c plus, que les coquilles non altérées
& mèmè- bien confervces exiflenf .dans-* le
maflîf du coteau de Volterre; car l ’on doit
compter depuis la fondation de Rome,
jufqu’à l’année 1669 deux mille quatre-
vingt ans. Il a fallu d’ailleurs, pjufiôurs
fiècles pour que les premiers [hommes, qui
fixèrent leur, demeure fur le coteau de
Volterre changeaffent leur habitation en
une ville floriflante • ajoute? à cela le temps
qui s’eft écoulé depuis l’époque où la met
a dépofé le premier lit .de fédimenç qui
fert de bàfe au coteau de Volterre, ijuf-
qu’au temps où la mer a quitté cës .contrées
dont elle avoit formé : les maflïfs;. il, fera,
facile de remonter à l’époque du, dqluge
de Noë. Que fera-ce , fi l’on n ’admet pas
cette époque pour la première retraite de
la mer, car alors la durée des corps m^ins
feroit bien plus alongée?
Sténon cite enfuite.à l’appui,dêoepre-
r mier fait une auti:g;aneedo,te, gtteflçe -;pat.
•’ l’hiftoire , & qui prouve que les offemeii*
énormes qui font dans les environs d’Arez-
;zo- s’y fopt.confervés,'au moins,pendant
dix - neuf ficelés. Il elt certain d’abord
que ces oflemeni.jn’but pas appartenu à
: des animaux dû climat 'de fiPTofcane.
, a ° . Qu’Annibal paffapar cet endrpit ayant
j d’arriver au labjTrafiiïièné, où il défit les
- Romains;-j°. que té ^éffêrarlà voit dans fou
armée des bêtes de fommes d’Affi'quë, dès
éléphans qui portoient des tours chargées
1 de foldats; ^.qulil'perditutvgi-andnomEr«
; de ces animaux en defeendant les montagnes
ide Fiefole , & en faifant route dans des
j lieux marécageux & inondés par les pluies;
y 15, que le terrein d’où Ion tire ces offe-
mens.eft formé de plufieurs coaches
remplies de pierres, que les eaux.-torrentielles
ont détachées & entraînées des nion-
: tagnes voifines. Ainfi les détails hifloriques
étant confirmés par l ’infpeélion des lieux
& .par la nature des. os folïiles qu’on y
Itrouve , ne permettent pas de douter que ces os ne s’ÿ foient confervés pendant dix*,
neuf fiècles. Il faut donc en éotalùre
qae les dépouilles des animaux marins
& terreffres peuvent fe crnferver pendant
une longue fuite de fiècles, quand on ne
s’en rapporteroit qu’au feul fait de leur
exiftence aduelle.
§. X I I .
Des plantes & des végétaux conjervés dans
le feia de la terre.
Sténon a cru pouvoir appliquer aux
fubftance? végétales que l’on tire, des
couches de la terre ou même-de l’intérieur
des bancs de pierre, les mêmes diftindions
qu’il avoit admifes relativement aux fubf-
tances animales fofiiles. Il range donc dans
trois claffes les plantes & les-parties de.
plantes fofiiles : ou bien les unes ont une
parfaite refièmblance avec les véritables
plantes analogues, & ce font les plus rares ;
ou bien elles n ’en diffèrent que par la
couleur & le poids , parce qu’elles fe
trouvent dans un état charbonneux, ou
feulement pénétrées d’un- fuc lapidifique :
cettefeconde claffe eftbien plus nombreufe
que la première ; enfin celles de la troi-
fième claffe qui font encore les plus 110m-
breufes, different de leurs analogues en
tout, excepté par la forme extérieure.
• Il efl aifé de reconnoître que les plantes
fofiiles des deux premières claffes ont été
de véritables plantes, car leur ftrudure le
prouve inconteflablement. Sténon allure
avoir tiré da la terre un tronc dont l’écorce
& les noeuds ne perméttoient pas de douter
que ce ne fût un véritable tronc d’arbre
conièrvé , quoique les gerçures fuffent
remplies d’une matière minérale. Il penfe
même que beaucoup de corps fofiiles que
l’on regarde comme des morceaux de
bitumes , ne font autre chofe que du bois
réduit en charbon : ce que l’on reconnoît,
foit par les vertiges appareils de leur flruc-
lure fibreufe, foit par la nature de leurs
cendres;
Géogmphic-Pkyfiq^uc. Tome I ,
La troifîème claffe de plantes fofiiles,
préfente , fuivant lu i , plus de difficultés.
Ce font des efpèces d’empreintes ou de
copies gravées fur des pierres & fem-
blables aux herborifations que la gelée
trace fur nos vitres ou aux concrétions des
fels volatils. Ces empreintes de plantesfont
de deux fortes; les unes n’offrent que des
repréfentations fuperficielles tracées fur
les parois des fentes qui fe trouvent dans
les couches pierreufes. Sténon eft porté
à croire cependant que ces fortes d’em-
préir.tes peuvent avoir été faites fans le
fecours d’aucunes plantes, & lion fans
le concours d’un fluide quelconque ; mais
à l’égard de celles qui pénètrent dans l ’intérieur
de la pierre, il cft vifible que ce
font autant de plantes, ou de végétations
réelles qui exifloient avant que la pierre
où elles font engagées eût perdu fon état
de moileffe. Cela le trouve confirmé par
la confiflance peu dure de cette forte de
pierre, & par les cryftaux que renferment
les dendrites de l’ille d’E lb e , & qui ne
fe forment que dans un fluide libre. D’ailleurs
, on voit dans des lieux fouterrains
ou expofésau foleil, mais humides & marécageux,
des pierres compofées en partie
de moufles & d’autres plantes , & recouvertes
de nouvelles moufles.
Nous avons préfenté jufqu’ici , en
fuivant Sténon, différens corps dont les
j gîtes aétueis ont donné lieu à plufieurs
écrivains de douter du lieu de leur pro-
duûion première ; & nous avons indiqué
en même temps par des preuves fenfibles ,
ce qui pouvoit nous raflùrer contre les
doutes câufés par les emplacemens aâuels
des différens fofiiles. Nous partons aux
changemens qui font arrivés dans le fol de
la Tofcane,
§. X I I I .
Des changemens arrivés dans le fo l de la
Tofcane.
Sténon finit fa difiertation par faire voir
S f f