
entre le flux & le reflux, d’autres où le
tems du flux eft plus ou moins long que
celui du reflux.
Le flux dure, par exemple , fept heures
dans la Garonne, pendant que le reflux
n’en duré que cinq, & l’on a remarqué
que dans le port de Macao .,.Fur fa cote
de la Chine , la marée monte pendant
neuf heures, & n’emploie que trois heures
à defcendre , & même .moins encore quand
les vents d’Eft faufilent.
Au contraire, à la rivière de Sénégal,
dans la terre des negres , la nier monte
en quatre heures & emploie huit heures
à defcendre.
Les uns attribuent ces effets au courant
forcé & violent de certaines rivières , ou
même à leur cours ordinaire. Ainfi la
Garonne réfifle au flux & le retarde par
la force de fon courant; mais au contraire
elle aide, le reflux & le favorife. C’eft la
même raifon qui fait que la mer ne monte
que quatre heures dans le fleuve du Sénégal
; il faut remarquer que les lieux bas
paroiflènt avoir le flux plus long, & le
reflux plus court.
Dans tous les lieux les vents empêchent
ou favorifent fouvent le cours des marées,
& ce ne font pas feulement -les vents qui
foufflent fur les côtes où les marées s’élèvent
le plus, mais encore ceux qui foufflent
à une certaine diftance 5t élévation en
mer.
Des courans.
Un mouvement propre & particulier
à quelque partie de l’Océan, s’appelle un
courant. Les courans varient : & quant à
la direâion, il y en a de conflans 8c de
périodiques. Nous allons faire l’énumération
des plus fameux courans de cette
claffe.
ï*. Le courant de mer le plus extraor.
dinaire eft celui par lequel une partie de
/Océan Atlantique ou d’Afrique fe- meut'
vers la côte de Guinée, depuis le Cap.
Verd jufqu’à l’enfoncement que forme
la baye d’Afrique , & qu’on appelle Fernando
Poo, c’efl-à-dire, de i’Oueft à
l’Eft; on voit par-là qu’il e-ft contraire'
au mouvement général de l’Eft à l’Ouelf.
Telle eft la force de ce courant que,
quand les vaifleaux approchent trop
près de la Cote, il les pouffe avec violence
vers la baye 8c trompe les marins dans
leur eflime. D’où il arrive que les vaiffeaux
qui vont en deux jours de navigation de
la côte de Mouree a Rio de Hennin, ce
qui fait un éloignement de cent milles de
Hollande, font quelquefois fix à fept lèmai-
nes à revenir de Bénin a Mourée, a
moins qu’ils ne paflent dans le grand Océan.
Ce courant a fait perdre bien des vaiffeaux
avant que les marins le connuffént bien,
car il les chaffoit fur des rochers & des
bas-fonds & les faifoit périr par un naufrage
, ou les retenoit dans la baye où
les équipages mouroient de faim.
Au refte , ce~courant ne règne pas dans
tout l’Océan Éthiopique : ce n’êft que
dans la partie qui eft adjacente à la côté
de Guinee , à /extrémité'de la baye, 1
à environ un. degré de latitude Sud. Un
remarque d’ailleurs qu’il ne s’étend pas à
plus de quinze milles de la côte ; C'en
pourquoi les navigateurs Ont bien folff
de ne pas tant approcher de terre quand
ils navigent le long de cés côtes, car il
les dérangeiroit de leur courfe.
’ Il n’eft pas aifé de rendre raifon a un
tel courant ftvot.i de la terre, quand 1»
grande mer fe meut dans un Cens contraire
de l’Eft à l’Queft.
On peut dire cependant que l’Occa»
étant repouffé par la côte de/Amérique,
fe meut lentement à l’Éft ; que ce mouvement
ne s’apperçoit pas en pleine mer,
parce que l’autre le contrarié 8c le rend
moins fenfible; mais dès qu’il eft parvenu
vers la côte de Fernando-Poo qui, s’avançant
dans les terres , eft plus propre'à le
recevoir : 8c -enfin, que s’il ne fe fait pas
ifentîr âans d’autres parages, fur la Cote
rde l’Afrique, par exemple, vers le Congo ,
i c’eft à caufe de la rapidité des rivières qui
| le rompent, 8c le détruifent.
a0. Voici, les détails qui concernent le
fécond courant perpétMel,'i,;;,
; L’Océan fe meut avec vrteffe du 'Sud
t au Nord depuis les environs de Sumatra,
! dans 1« baye de Bengale , de forte qu’il
[tfl probable que cettfî baye a été formée
: par la rapidité du courant ; c’eft p'eut-
;être ce même «purent ; qui.» féparé.k
[prefqu’iEe de Malaye d’avec l’ïnffe. On ne
[fait ff. l’on doit en attribuer la çaufe à
[quelques ifles & au Cap Mabo , fur le
[ continent du Sud, qui peuvent bien.arrêter
/Océan dans fon paflàge à l’Oueft 8c qui
[l’obligent à .fe tourner au Nord. [ Quoi
qu’il en fort, il par.oît ■ ■ que, le courant né
[je porte pas droit au Nord, mais plutôt
r nu Nord-Oueft. Outre cela , ce même
[courant fe fait fentir entre Java 8c le çon-
[ tinent 4ji ffod » pour cela que les
: JiollandQÎs^; quand ils vont aux Indes ,
[gagnent d’abord le continent du’'Sud., &
dirigent enfuite leur cour’fe du Sud au Nord
[Jfour arriver à. Java.
, 3°. Le troifième courant perpétuel dont
| nous ferons mention, eft celui quife trouve
[ entre Madagafcar & le Cap de Bonne-
Efpéraiice., ou plus particulièrement entre
lia terre de Natal 8c le Qap. C’eft un courant
violent qui court .au Nord-Eft xau
Sud-Oueft parallèlement à la côte, & dont
le mouvement eft fi rapide Æ fi extraordinaire
que les yailfeaux .ont bien de la
peine à le franchir, même avec un vent
favorable, où à naviguer contre fà direction
pour fe rendre' à M adagafcar. Au
Géographie-Phyjique. Tome I ,
contraire, deux qui fortehtdu canall, entre
Madagafcar 8c l’Afrique , vers le Cap de
Bonne-Efpérance , y font portés fans le
fecours des vents & par la fêufe for.ce de
ce courant. Varénius croit qu’on peut en
attribuer la Caufe à ce que l’Océan Indien
étant pouffé'vers la .côte d’Afrique 8c détourné
de fon cours ordinaire, doit couler
naturellement vers le Cap de Bonne-
Efpérance où il trouve un paffage ; car
en pleine mer ce mouvement- rfépriotive
pas ce détour, mais fe trouve dirigé de
l’Eft à l’Oueft.
4°. Le quatrième courant perpétuel eft
dans l’Océan Pacifique, le long des côte*
du Pérou, 5c du refte de l’Amérique ,-
où la ruer coule du Sud au Nord-, ce qui
vient (ans do-utê' dos vents du : Sud qui
foufflent canftamment for Cés côtes; car
on né remarqué 'en --ptéifte -Hier ni: ce*
vents ni -cés courans.
.y®. Le cinquième .couvant perpétuel
& çoTiftani: fe porte dù CapjSàmt-;Auguf-
tin àu Bréfil, ié;‘ldhg de la[ côte orientale"
d’Am'ériquê. Parmi les Antfflej, dans
le golfe du Mexique, jnfqù’aux côïes de
la Floride, on voit que fa marche eft du
Sud au Nord ; car la mer étant chaffée
par fon mouvement général contre la côte
du Bréfil, s’y trouvé portée vers .le Nord,
où fon baflin eft plus large & plus
ouvert; c’eft ce qui détermine la direction
de ce courant.
On tfouve un femblable mouvement
de rôè&ah vers le Nord le ioffg' d'ei
côtes orientales de l’Alîe, à l’embouchure
des dëffioits -dé Manille ' l’une des ides
Philippines. C’eft auflï dans de ffembla-
bles circonftances que fe trouve uti courant
violent qui court entre le.Japon,
depuis le Port Xibuxia jufquesvers Ariinia.
S®. Le fixièmé fcourant perpétuel fe
reiicou.re dans le détroit de’lë Maire, oâ
L U I