
784 L A V
bafie mer de 20 pieds , ce ne fera que
flaas une, couche de 30 à 32 pieds que tes
flots produiront des effets contre les côtes
cil pourront rouler les cailloux qui fe^
rencontrent à la c.ôte; encore faut-il, pour
qu’il fe forme du galet, que la pente du
rivage foit afifez rapide pour que le galet
route & retombe de lui-même, après que
Fivnpulfion de la vague l’a forcé de re-'
m. nier. Il efl vifible que ce n’ell que par
ce mouvement d afcenlion ék de defcenfion,
réDété pendant une longue fuite d’années ,
que les angles des cailloux fe trouvent
ufés & atténués ; qu’ils prennent une figure
arrondie, qu’ils diminuent,peu-à“-peu de
croffeur , & qu’iis finiffent par n’être plus
qu’un fable plus ou moins lin.
Mais fi les caufes qui peuvent agir feules
fur les eaux de la mer ne l’agitent ainfi
qu’à la furface : s’il ne peut régner fur
fon fond que des courans d’une vîteflè
très-modérée. Tout ce qui a vécu , tout
ce qui a végété au fond de la mer & à une
certaine dillance des côtes , toutes les
couches qui s’y font formées doivent pré-
fenterl’imagedu calme & de là tranquillité :
des coquilles même, très-fragiles doivent
s’y trouver fans altération.
Il n’en efl pas de même du voifinage deà
bords de la mer : l’effet du flux & du
reflux augmente par la réfiflance que les
côtes lui oppofent : l’aâion des vents
tantôt favorables , tantôt contraires à fa
direftion , doivent donner aux eaux une
grande vîteffe, en conféquence da laquelle
elies viennent fe brifer contre le rivage.
C’eft , comme nous l’avons dit, par ce
mouvement fi violent que les cailloux
roulés font polis & arrondis.
De ces réflexions , Lavoifier conclut
qu’il doit exifter dans le règne minéral deux
fortes debancstrès-diftinéls ,lesuns formés
en pleine mer à une très-grande profondeur,
& qu’il nomme , d’après Rouelle ,
bancs pélagiens ; les autres 'formés à la
L A V
côte , qu’il appelle bancs littoraux : que
ces deux fortes de bancs ont des caraâères
dilliuétifs : car les premiers préfentent des,
amis de matières calcaires , des débris
d’animaux marins, de coquilles, accumulés
lentement & paifiblement pendant unefuc-
ceflion iinmenfe d’années : pendant que
les autres font compofés de matériaux
fournis par la dtftmâion des côtes, au
milieu d’une grande agitation dans les
eaux. D’ailleurs les bancs formés 'en
pleine mer ou pélagiens font compofés de
matière calcaire prefque pure, de la matière
des coquillages accumulés fans mélanges
; au lieu que les bancs littoraux
font formés -de matériaux d’uné infinité
d’efpèces fuivant la nature des côtes ;■ cependant
ces fubflances 11e font pas con-
fufément mélangées , étant difpofées &
arrangées fuivant certaines lois’que l’auteur
indique ainfi. Le mouvement des- eaux
de la mer allant continuellement en dé-
croilfant de la furface au fond jufqu’à une
certaine profondeur de 40 à yo pieds, il
doit s’opérer fur les. bords de la mer ,1. &
même dans une étendue d’autant, plus
grande que la pente de la côte eil moins
rapide , un véritable lavage analogue à
celui qu’on opère dans le traitement des
mines. Les matières les plus grolïïèrés ,
telles que les galets doivent occuper la
partie la plus élevée , & former la limite
de la haute mer : plus bas doivent fe ranger
les fables)grolliers qui lie font eux-mêmes
que des galets plus atténués : au-deflbus,
dans les parties où la mer efl moins tumul-
-tueufe & les moüvemens moins violens,
.doivent fe dépoler les fables fins; enfin,
les matières.les plus.légères , les plus divi-
fées , telles que l’argile , la terre filiceufe
elle-même dans, un état de porphyrifation
doivent demeurer long-tems füfpendues ;
elles ne peuvent fe dépofer qu’à une du-
tance affez grande de. la côte & à une profondeur
telle que le mouvement des, eaux
de la mer y foit prefque nul.
Le talus que prennent toutes cés ma-
Acres ii’efl pas même une choft aibitraife ; |
il dépend de la pflànteuiTpécifique de l’eau j!
dé U mer, de l’on mouvement à différentes j
profondeurs, du degré plus ou moins grand
de divifion des molécules -châtiées par
l’eau , de leur pefantéur fpécifique. On
voit, d’après plufieurs confîdératiôns , que
l’incünaifon de la côte avec l’horifoil doit
approcher de -qy degrés; qu’elle doit aller
en diminuant jufqu’au lieu où l’eau; de la
mer efl à-peu-près dans un repos «bfolu , ■
& qu’aîors fon fond doit tendre à devenir
horifontal.
Dans notre atlas , nous donnerons une
idée de ce qui fe paffe fur les bords de la
mer , tant dans la haute Normandiè que
fur les côtés correfpondantes de FAu-
gleterre.
Dansplufieurs endroits delà Normandie,
les cailloux devenus galets , accumulés àu
bas de la falaife y forment une efpèce de
rempart qui la défend : mais ce rempart
diminuèrent chaque innée, parce que lés
galets s’ufent & s’atténuent fi les ihëtëoreS
lie contribuoient à la deftruétion de la
falaife & à la multiplication des filex qui
fervent de- bâte aux galets.' Sans cela , il
arriveroit un teins où la falaife , n’ayant
plus rien qui la défende, feroit minée par
le pied fort irrégulièrement : au lieu qu’il
fe forme chaque année des ébouleiiiens
qui fourniffent matière à dé-1 nouveaux
lavages; & de nouveaux cailloux font
arrondis & forment de nouveaux galets
qui font détruits & remplacés par une
fuite de noyaux : voyez f.laifé dans le-
diâionnaire.
Lavoifier penfe que les opérations de la
nature feroient arrivées à un point d’équilibre
, & que les talus naturels fe feroient
établis à la longue , de manière à pouvoir
réfifter à la mer & à défendre la côte,
fi les eaux avoient toujours été renfermées
dans» les mêmes bornes ; 11 le niveau de
la nier avoit été toujours confiant : fi par
une caufe quelconque elle n’avoit pas eu,
dans destems très-reculés, des moüvemens
j r.ogreffifs ou rétrogrades.
En parlant de cette fuppofition des mou-
vrmens j rogreflifs& rétrogrades,Lavoifier
demande la permiffion d’examiner quels en
doivent être les réfui tais & les confé-
quences , relativement à la formation des
couches horifôntales récentes , fe réfervant
de montrer que cette fuppofition efl une
réalité , fi elle cadroit avec les phénomènes
obfei vés. Ce ne font donc plus les effets
d’une mer fédentaire qu’il examine, mais
ceux d’une mer qui fort de fon lit pour
y rentrer , qui fe déplace fuivant certaines
loix , & furtout en vertu d’un mouvement
très-lent.
On a déjà fait obferver .qu’il ne pouvoir
exiller de coquilles et de corps marins
en général dans les endroits voifins des
côtes-, qui sont garnis de galets. Ils feroient
bientôt fracassés et détruits par le mouvement
des vagues et des galets. On conçoit
auflî que les animaux marins , furtout:
ceux qui portent une enveloppe fragile ne
doivent point fe plaire dans le voifinage
des côtes , et qu’on n’y doit trouver que
les efpèces qui ont la faculté de s’attacher
aux rochers, ou bien des fragment et des
débris de coquilles dont les dépouilles
sont brisées, réduites en poudre et jetées,
a la côte.
Mais , à mefure que la mer a changé
de, niveau , 3 rhefure qu’elle a anticipé fur
les terres , ces mêmes bancs littoraux qui
s’étoient formés à la côte au milieu d’une
mer agitée, ont été recouverts d’une épaifi
feur d-’eaù de plus en plus grande, ils fe
font trouvés dans une région plus tranquille
: c’efi alors que les animaux qui
! font revêtus d’enveloppes fragiles , & qui
craignent l’agitation le mouvement ont
commencé a y établir, leur domicile. Mais
, les. animaux qui fe font placés à cette
1 limite précife , ont dû être incommodés'