
La furface de la terre elle-même eft aflu-
jettie à un très - grand nombre de chan-
gemens & d’altérations. Les rochers les
plus durs topibçnt en éclats : les pierres fe
décompofent peu-à-peu , certaines parties
du globe éprouvent des éboulemens & des
affaiflèmens très - conlïdérables ; les unes
font inondées , d’autres s’élèvent au-deflus
des flots ; certaines vallées fe creufent &
s’approfondiflent, d’autres fe comblent ;
des marais reçoivent des dépôts fucceflîfs :
les embouchures des grands fleuves fe
peuplent d’îles qui fervent à prolonger les.
bords de la terre & à reculer les rivages
des mers.
Lorfqu’on examine la compofition intérieure
des continens , on y voit ici des
fuites de montagnes à couches horifontales
régulières où fe trouvent de nombreux
amas de coquilles qui font les dépouilles
des animaux marins ; ces amas s’y montrent
litués de manière , qu’il eft aifé de recon-
noirre que les diverfes fubftances dont elles
font formées & furtout les coquilles , ont
été dépofées fous les eaux de la mer &
dans fon baflïn. Si l’on porte fes recherches
plus lo in , on rencontre des maflifs qui
renferment des filons métalliques, t^es c ry f
taux de toutes fortes de formes et de nature,
fans qu’on puifle trop favoir comment les
filons s’y trouvent , & par quelle force
aâive les molécules de certains corps fe
font arrangées toujours fous des formes
confiantes & régulières.
Bergman commence enfuite fa deferip-
tion phyfique du globe terrefire par nous
tracer un tableau de fa furface, d’après les
connoilfances géographiques q u i, de fon
tems, étoient encore beaucoup plus imparfaites
que dit nôtre; car les découvertes
de Cook n’avoient pas fait difparoître les
produits des fpéculations hafardéès ~de
Buache. Il remonte même jufqu’aux hypo-
thèfes géographiques des anciens qui ne
peuvent guères nous inftruire fur les véri- J
tables limites des mers & des continens
& , ce qui en efi une fuite , fur le rapport
de l’étendue de l’eau & de la terre- ferme.
Dans toutes ces difcuflions , il floue fur
plulîeurs points au milieu des incertitudes
que les modernes & Cook ont fait ceffer,
& particuliérement au fujet du troifième
continent dont B ......... avoit hafardé de
publier les cartes , & qu’il avoit placé fous
le pôle antarâique. Nous ne le fuivrons
pas lorfqu’il parle des terres peu connues,
& qu’il prétend fixer les bornes de l’Europe,
de l ’A f ie , de l ’Afrique & de l’Amérique
: qu’il .expofe les différentes tentatives
qu’on a faites pour découvrir un
paffage aux Indes Orientales par le nord-
oueft; qu’il décrit enfin les différentes navigations
qui ont embrafféie tour du monde:
ôn fait que c’eft depuis l’époque où il a
écrit qu’on a reconnu les cotes de la Met
Glaciale, l’étendue de la Sibérie à l ’efl,
le détroit entre l’Amérique & l’A fie , urte
grande partie de la fauffeté des prétendues
découvertes de l’amiral de Fuentes, delà
navigation de Fuca , de la mer de l’Ouefl,
du cap de la Circoncifion, &c. ; ainfî nous
ne pouvons le prendre pour guide fur
tous ces points de géographie fi impor-
tans ; car il prouve , comme bien d’autres
favans , qu’en fait de découvertes géographiques,
il faut attendre les déterminations
précifes des voyageurs & des afironomes,
fans les prévenir par des conjedures, qui
conduifent rarement à la vérité.
Bergman me paroît remplir, avec beaucoup
plus d’avantage le plan de fon travail,
lorfqu’il traite des inégalités de la furface
de la terre , & qu’il décrit les différentes
chaînes de montagnes, diftribuéesfurlapar-
tiefèche du globe ; je fuis cependant étonné
qued’après Phypothèfe de Philippe Buache,
il admette la continuation de ces chaînes
fous les eaux, fans; appuyer fur des preuves
nouvelles folides cette difiribution ha-
fardée. Il revient enfuite aux montagnes,
& après nous avoir fait connoître leurs
figures extérieures & la méthode la plus
fûre & la pi,us expéditive d’en mefurer la
hauteur , il nous donne le tableau des montagnes
les plus élevées que l’on connoiffe.
Il continue de nous expofer des- objets
très-inté reflans , lorfqu’il expofe très-méthodiquement
ce qui concerne la compofition
intérieure du globe de la terre ; qu’il
nous décrit les bancs , les aflifes , les
couches; qu’il nous indique l’origine des
lits de différens ordres, leur difpofition-
foit horifontale , foit inclinée à l’horifon ;
en un m o t, la conflitution phyfique dés
montagnes & des coliines. On le fuit avec
un égal intérêt, iorfqu’il nous parle de
la direétion , de l’inciinaifon & de la puif-.,
fance des filons , des gîtes de certains minéraux
, 8c qu’il termine cette favante
expofition par celle des lignes vifîbles des
bouleverfemens du globe. Pour donner une
idée de la manière claire & lumineufè avec
laquelle le naturalifte Suédois difcute des
matières auflî importantes , j’ai cru devoir
préfenter ces articles en entier dans cette
notice.
Ces difcuflions conduifent naturellement
Bergman à traiter, dans les mêmes vues ,
des pétrifications , c ’efi-à-dire, des dépouilles
des animaux terreflres & marins,
.en indiquant les contrées où fe rencontrent
ces amas différent, les états variés où les
naturalifies les ont obfervés , & les diverfes
fubftances qui les accompagnent le
plus fouvent. Et ce qui achève de nous
donner une idée de ces dépôts étrangers,
ce font les relies des végétaux, les veines
de charbon qu’il nous montre avec toutes
les circonflances particulières que les mineurs
ont obfervées & décrites.
Pour completter «e qui a pour objet
l’intérieur de la terre, il convenoit de faire
Mention des grottes & des phénomènes
que les diverfes cavités fouterraines ont
offerts , & c’eft ce qu’on trouve dans un
chapitre particulier, au inilieu d’un grand
nombre dé curieux détails.
Bergman ne pouvoit s’occuper de tous
les objets qui, p récèdent, fans cherchera
connoître par quelle fuite d’agens & d’évé-
nemens la terre avoit pu acquérir fa forme
aâuelle; & dès-lors on fent combien de
queflions il importoit d’expofer & de réfoudre
pour parvenir à la folution de ce
grand problème.
C’eft luivant toutes ces vues que le fa-
vant Suédois paffe à la confidération d’un
de ces agens. Il conlidère done la circulation
des eaux à la furface de la terre &
ce qui en dépend d’une manière particulière
; il examine ce qui concerne les
eaux pluviales , les vapeurs, les infiltrations
, & enfin les grandes quellions qui
ont pour objet l’origine des fources. Après
avoir fuivi la marche variée des eaux courantes
dans les rivières & les fleuves, il
indique quelles font leurs direâions , te
rapidité de leurs cours, les viciflitudes des
débordemerà qu’elles occafionnent, les
fubftances dont ces eaux fe chargent &
qu’elles charient avant que d’en former des
dépôts , enfin , les Angularités que les rivières
& les fleuves offrent, foit dans leurs
lits en fe perdant fous terre & reparoiflànt
enfuite, foit à leurs embouchures , où
leurs eaux contribuent , par de grands
dépôts , à la formation de bancs de fables
très-étendus, & qui deviennent des îles
plus ou moins nombreufes.
Pour nous faire envifager l’hydrographie
entière que nous préfente le globe de la
terre , il fallait décrire auflî & dans l’étendue
convenable , les amas d’eau qui s’y
trouvent difperfés. C ’eft dans ces vues que
Bergman diftingue en trois claffes les marais,
les lacs , & les mers Méditerranées ; qu’il
parcourt les phénomènes particuliers que
les amas d’eau des deux premières claffes
ont offert aux géographes & aux naturalifte*
; qu’il indique les lieux où ils
font placés , la nature de leurs eau x ,
la forme & la profondeur de leur*
baflins*
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