
fpaths ou de graviers & de fables terreux.
Dans les argilles , dans les marnes, on
trouve ces fentes ou vuides la plupart
du temps , ou remplies de matières étrangères
que les eaux y ont conduites.
Buffon attribue ces fentes à la
déification des matières dont ont été formées
les couches de la terre, qui d’abord
contenoient une grande quantité d’eau ,
qui peu à peu fefont relfuyées , à mefure
qu’elles fe font durcies , & qui en fe def-
fechant ont diminué, de volume, & fe Xont
fendues de diftance en dillanee. Les fentes
ont dû fe faire dans une direâion perpendiculaire
à l’horifon, parce que la diminution
de volume s’eftj opérée dans ce lèns.
Il n’efi pas étonnant que les deux parois
de ces fentes fe répondent dans toute leur
hauteur très-exadement, vû qu’elles fe
font faites peu à peu par le deffechement,
comme les gerçures dans les bois.
"L’ouverture des fentes perpendiculaires
varie beaucoup pour la grandeur; quelques
unes n’ont qu’un demi pouce , un
pouce, enfin d’autres ont jùfqu’à deux
pieds. Il y en a même qui ont plufîeurs
toifes , & ces dernières forment, entre les
deux parties des rochers , ces précipices
qu’on rencontre fi fouvent dans les Alpes
& dans toutes les hautes montagnes.
On voit bien que celles dont l’ouverture
eft petite ont été produites paT le feul def-
féchement ;• mais celles qui piéfentent une
ouverture de quelques pieds de largeur,
rie fe font pas augmentées par cette, feule
caufe ; c’eft aulfi vifiblement, parce que
la bâfe qui porte les rochers a cédé un peu
plus d’un côté que de l’autre. On conçoit
effedivement qu’un petit affailfement dans
la bâfe, par exemple j d’une ligne ou de
deux , a fuffi pour produire dans une hauteur
confidérable des, ouvertures de plu-
fieurs pieds. Quelquefois aulfi les rochers
coulent fur leur bâfe, qui eft. dé glaife
tui-ïbur lorfqü’èlle eft huinèdée' par les
eaux, & les fentes perpendiculaires deviennent
très-grandes par ce mouvement.
Buffon diffingue des fentes perpendiculaires
ces ouvertures fort larges, ces
énormes coupures qu’on trouve dans les
rochers & dans les montagnes , & qui font
produites, ainfî qu’il lepenfe, par de grands
affaiffemens, comme feroit celui d’une
caverne intérieure, qui ne pouvant plus
foutenir le poids dont elLe ell chargée ,
s’affaiffe & laide un intervalle confidérable.
entre les terres fupérieures qui relient en
place. Buffon appelle ces intervalles des
portes ouvertes par les mains de la.nature
pour la communication des nations. C’eft
de cette façon qu’il envifage les ouvertures
des détroits de la mer, les Thermopiles
, les portes du Caucafe, des Cordillères
, la porte du détroit de Gibraltar,
la porte de l’Hellefpont; Sec. Buffon
conlîdère ces grands affaiffemens, quoique
produits par des caufes accidentelles & fécondâmes
, comme tenant une despremi.ères
places entre les principaux faits de l’hiftoire
de la terre. La plupart font Caüfés par des
feux intérieurs, dont l’explofion fait les
tremblemens de terre & ,les volcans ; rien
n’eft comparable à la force des-matières
enflammées ; ori a vu des villes entières
englouties, des provinces bouleVerfées,-
des montagnes renverfées par leurs efforts ;
mais quelque grande que foit cette violence
, Buffon eft bien éloigné de penfer
que ces feux viennent d’un feu central,’
ni même qu’ils viennent d’une grande profondeur
; il s’attache à montrer par plu-'
fieurs confidérations fur la nature des
matériaux rejettes par les volcans, fur la
difficulté de concevoir comment ils peuvent
être lancés de foyers profonds , que le feu
des volcans n’eft-pas-éloigné du fommet
de la montagne, & qu’il s’en faut bien
qu’il defeende au niveau des plaines.
Cependaht Buffon n’en eft pas moins
porté à croire’, que l’aétion des feux fou-
terrains peut fe faire fentir dans lés plaines
pâr des fècouffes &. des tremblémens de
terre, qu’il ne puiffe y avoir des voiesfou-
tei'raines par ou la flamme Sc la fumee
fe communiquent d’un volcan a un autre.
Il penfe qu’il n’eft pas néceffaire pour
produire un tremblement dans la plaine
que le foyer foit au-deffous de fon niveau.
Ce qui paroit confirmer cette opinion,
c’eft qu’il eft. rare de trouver des volcans
dans les plaines ; ils font au contraire dans
les hautes montagnes ,. & ils ont tous leur
bouche ou leur cratère au fommet. D’après
cette confidératiqn , Buffon penfe que fi
le feu intérieur qui lès confirme s’étendoit
jufque dçffous les plaines , on le verroit
dans le tems de fes violentes éruptions s’échapper
& s’ouvrir un paffage à travers le
terrein de ces plaines.
Ce qui fait que les volcans font toujours
dans les montagnes, c’eft que les minéraux
, les pyrites Sc les foufres que Buffon
regarde comme les alimens du feu des
volcans, fe trouvent en plus grande quantité
& plus à découvert dans les montagnes’
que dans les plaines , & que ces lieux élevés.,
recevant plus aifément & en plus grande
abondance les pluies & les autres impr.ef-
fions de l’air, lés matières minérales qui
y font expofées fe mettent en fermentation
& s’échauffent jufqu’au point de s’enflammer.
Les volcans ont formé des cavernes
& des excavations fouterraines que Buffon
diftingué de celles qui ont été formées" par
les eaux qui s’y précipitent du fommet
& des environs ; qui s’y ramaffent comme
dans des ■ léfervoirsÿ d’où elles coulent
enfuite à laTurface delà terre lorfqu’elles
trouvent Ififfùe de la caverne; c’eft à ces
caùfes qu’il attribue l’origine des fontaines
abondantes& des greffes fources, &
tains ont produit à la furfaÇe Sc dans 1 intérieur
lorfqu’une de ces cavernes s’affaiffe & fe
comble , il s’enfuit ordinairement une
inondation.
Des changemens que les feux fouter-’
du globe, Buffon paflè à ceux qu y
caufent les vents. Ce n’eft pas feulement
dans le balfin de la mer & contre les côtes
que les vents produifent des altérations;
on ne peut fe diflîmuler qu’ils ne produifent
aulfi de grands changemens à la rnrface des
continens. Les vents éleventdes montagnes
de fables dans l’Arabie , 8c dans.1 Afrique,
ils en couvrent les plaines par des progrès
infenfibles, ils tranlportent ces fables a de
: grandes diftances, Sc ils les amoncelent en
fi grande quantité qu’ils y forment des
bancs , des dunes 8c des îles. Les ouragans
font le fléau des Antilles & de beaucoup
d’autres pays où ils agiffent avec tant de
fureur qu’ils font remonter & tarir Ici
-rivières, qu’ils en produifent de nouvelles,
Sc changent la furfaçe des malheureufes
contrées qui y font expofées.
Mais ce qui produit les changemens les
plus grands, les plus généraux fur la fur-
face de la terre, ce font les eaux pluviales
, les fleuves , les rivières, les ' tor-
rens ; voici comment Biiffbn nous expofe
l’origine &la fuite de tous ces effets. Les
vapeurs que le foleil eleve au-deffus delà
furfaçe des mers, foutenues & pouffées
au-gré des vents, s’attachent au fommet
des montagnes qu’elles rencontrent, y
forment continuellement des nuages qui
retombent enfuite en forme de pluie, de
rofée , de brouillard ou de neige. Toutes
ces eaux font d’abord- defçendues dans
les plaines , fans tenir de route fixe, mais
peu à peu elles ont creufé leur lit, elles
ont formé des ravines profondes en cou?
lant avec rapidité , & elles fe font ouvertes
des chemins jufqu’à la mer ; qui , par là ,
reçoit autant d’eau par fes fleuves qu elle
en perd par l’évaporation. Et de^ meme
que les ravines creufées par les torrens
& les canaux approfondis par les fleuves,
ont des fînuofités & des contours dont
les angles font correfpondans entre eux ,
enforte que l’un des bords formant un
angle faillant dans les terres , le bord op-
' pofé fait toujours un angle rentrant : les