
I l eft vifible que les maffifs de pierre
de fable , tels que ceux de pierre férène,
les maffifs de pierre calcaire ou d albareze,
ceux des beaux marbres de Carrare & de
Séravezza , fe préfentent fous forme de
bancs diftsnfis, 8c même féparés allez
foUvent par des intervalles terreux , quoiqu’ils
foient trè's-inclinés à l’horifon.
Dans les autres maffifs de faffo-morto,
de gabbro , de ferpentine, les réparations
des trions ne font que des fentes de defficca-
tion comme dans les granits ; c’efî ainfî du
moins que j’aivu 8c diftingué tous ces phé-
nomènesen Tofcane, comme je les avois
Vus & dillingues en France 8c ailleurs.
Je m’étendrai davantage à cefujet dans
les articles du difiionnaire, qui auront pour
obj et les montagnes primitives , l'ancienne
terre , la moyenne , &c.
Au relie, C ’Targioni n’a pas diftingué
en général les maffifs dont nous Venons de
parler , il en fait de quelques-uns des def-
criptions très-bien raifonnées. C ’eft pour
faire connoître l’efprit qui règne dans ces,
defcriptions ; & l’utilité dont ce travail '
peut être pour diriger la claffifïcation
qu’il importait de faire, que nous avons
joint ici aux morceaux tirés des voyages
de Targioni , la defcription des carrières
de la Goifoline.
S éflexions fur la formation des filons des
montagnes primitives , & fur les principes
de la clarification des pierres.
■ Un des premiers effets du travail de la
pétrification que fait envifager Targioni,
font les fentes perpendiculaires 8c meme
obliques qui traverfent 1 épaiffeur des
couches, foit inclinées , foit parellèles a
l’horifon II eft probable, fuivant lui, que la
force d’attrafiion qui apréfidé à ce travail,
a refferré les maffes qui y ont ete fouutifes, 8c que ces opérations ont eu lieu dans les
premiers âges du monde. Après ces con-
fidérations, il jette les yeux fur les effets
du déluge univerfel, auquel on attribue,
bién gratuitement fans doute , des char*
gemens confiderables dans les matières fuf-
ceptibles de recevoir l’infiltration des fücs
lapidifiques.
Il difcute enfuite les idées de l’auteur des
lettrés à un américain, fur la formation
des pierres qui compofent les filons des
montagnes primitives , & il trouve que
la limite de mille toifes. que Cet auteur
donne au travail des eaux-oü*cFéiuge , eft
refferrée dans des bornes trop étroites;
il combat de même la diftnbution des
coquilles marines dtriis les, couches ne la
terre par l’eau de cette inondation generale
comme contraire a tous les phénomènes
que préfentent ees couches, i l eit
naturel de conclure de tous ces tiicoin e-
niens qu’entraine i ’introdufiion du deiuge
comme un fait dans l’hiftoire naturelle,
de la terre, combieh les naturahlles qui
l’ont appelié à leurfecours ont retarde
les progrès de la Géographie-phyfique.
Targioni oppofe à tous ces fyftêmes
hafardés ce que l’obfervation de la nature
'ui a fait connoître fur la diftinfhon ces
nontagnes primitives 6c des collines, j
enrble infirmer■par-là quels font lesi raiw
jui méritent nos recherches & nos me-
litations, & combien il importe d ecarter
le l’hiftoire naturelle ce goût pour les
typothèfes hafardées, qui n ont pour ba e
tucun fait avéré , aucune obfervation lo-
ide.
Targioni revient enfuite au travail de la
jétrification, & parcourt les différensem-
alois que lanature a faits des fucs pierreux.
L’eau de la mer réunie aux vafes chariees
dar les fleuves, lui parottun ingie te11
ïvec lequel les filons des montagnes on
Au relie , Targioni s'attache à fe j*
voir que tout ce travail de la pétrificati
eft l’ouvrage de certains fluides aqueux oc
non des matières mifes en fufion par action
des feux fouterrains. II cornPre
dans ce même travail de la pétrification
les inétaux & les minéraux de tou tes fortes.
C’eft pour lors qu’il fuit bien en détail
l’emploi que la nature a fait du quartz, qu’il
eft fort éloigné de confuiérer comme une
pierre parafite & fecondaire , aiiili que
l’ont penfé Linné 5c Buffon ; mais comme
la bâfe conftituante d’un grand nombre
de filons fort folides 8c même de couches
très-étendues qui fe font durcies par Je
rapprochement des partie» fimilaires. Il
fuit de cette difcuffion que les méthodes
que plufieurs naturahlles ont imaginées
pour claffer les minéraux, ne font pas
fondées fur la eonnoiflânce des matières
premières, $c qu’on auroit dû faire une
dalle à part des pétrifications quartzeufés.
Targioni cite encore d'ans les mêmes
vues des veines très-Sonfidérables de quartz,
qui font incorporées 8c prefque renfermées
dans la 'pâte de la pierre morte ou
talcite, 8c il croit que ces veines datent de
la première formation ■ de cette pierre.
Enfin il paroît confiant, pour peu qu’on
examiné les c,ryftallifations dont le quartz
eft la bâfe , 8c qui ont pris tant de formes
variée», qu’elles nediffèrent que par le développement
plus ou moins libre, plus
Ou moins étendu des aiguilles de cryftaux
qui font le caraâère du quartz j à quoi on
peut ajouter encore le degré de pureté de
la matière , qui fe trouve quelquefois mal
quée par une pâte étrangère.
On voit par ce détail que Targioni s’é-
toit- occupé de la nomenclature & de la
elalfification des pierres, & en général des
minéraux , 8c qu’il aroit pris pour bàle le
travail de la nature en grand. On voit
quil en avoit .raffemblé les preuves'jufti-
ftcativcs dans les maffifs où les échantillons
d’une grandeur immenfe offrent toutes
les nuances du travail de la nature fur une
matière première queleonque, qui s’y
montre toujotiys avec fes carafières.
Précis du prodromo délia chorégraphia e
délia topographia' délia Tofcana,
Je dois terminer c'ette notice en indi-
Géographie-Phpftque. fonte I .
quant feulement ici un précis de l’ouvrage
de Targioni, fur la chorographie & la
topographie de la Tofcane. Je ne pourrois
ici én faire une mention un. peu étendue
& raifonnée, qu’en répétant ce qui fe
trouvera dans ce précis. .
9 §• i-
Réflexions fu r la formation des lits des
! fleuves , & fur les fyjlémes imaginés à
ce füje.t.
Les éclufes , dans le territoire de Barga,
font un défilé long de plus d’un mille, &
des plus difficiles à franchir. Cette" e!pèce
de folle eft large par-tout d’environ douze
coudées , haut 8c profond quelquefois de
quarante 8c quelquefois de deux cents ,
de forte qu’en certains endroits l ’élévation
prodigieufe des bords rend le jour
fi obfçur qu’on oroiroit marcher dans un
fouterrain ; le fond de ce foué eft un banc
de pierre incliné fur letjuefla Torrita roulé
fes eaux avec impétuofité , entraînant dans
fon cours des maffes énormes de pierres.
Les parois des bords offrent des fefiioiîs
perpendiculaire» de filons de pierres très-
élevés & continués avec le fond; ce qui
donne à ce folié l’afpefi d’un canal de
pierre. Dans les coupures des bord» , on
voit que les filons font ondés & tortueux,
& qu’il s prennent différentes d; refilons; que
parmi eux il y en a cependant quelques-un*
de verticaux fans vides & intervalles terreux.
Parmi ces filons qui fe touchent 8c
s’entrelaçent, il ÿ en a dont l’union, la
folidité 8c la dureté uniforme Font, fuivant
Targioni, que les eaux delà Torrita n’ont
pu fe crettfer à travers ces maffifs qu’un
foffé é tro it, & n’ont pu miner les deux
flancs de la montagne.
Si toutes las montagnes du globe terra-
quée relfembloient à. ce lle -c i, les eaux
n’auroient pu en altérer les faces suffi con-
lîdérabletnent qu’elles l’ont fait. I l n’ell pas
douteux que les eaux de la Torrita fe foient
ouvert cette route étroite en rongeant les
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