
Surgi lie durcie eft formée par Couches qui
contiennent de même du bitume & des
végétaux , mais en bien plus petite quantité
: & en même teins elle renferme
fouvent des coquilles, des cruftacées & des
poiffons qu’on ne peut rapporter, fuivant
Buffon,à aucune efpèce connue. Ainfi l’ origine
des charbons & des ardoifes date du
même tems , & paroît être due à des fédi-
mens fucceflîfs d’une eau tranquille.
La durée du tems pendant laquelle les
eaux ont couvert nos continens a été trcs-
longue , l’on n’en peut pas douter , en
conlidérant l’immenfe quantité dp pro-
duâions marines qui fe trouvent jufqu’à
d’affez grandes profondeurs, & à de très-
grandes hauteurs dans .plufieurs contrées
de la terre ; & combien ne devons-nous
pas ajouter de durée à ce tems déjà fi
lo n g . pour que ces mêmes produâions
marines aient été brifées , réduites en
poudre & tranfportées par le mouvement
des eaux, de manière à former enfuite
des marbres, des pierres calcaires & des
craies ? C ’eft pendant cette durée,. que les
dépôts des eaux ont formé les couches
horifontales delà terre, les inférieures avec
l’a rgille, & les fupérieures avec la fubflance
calcaire. Buffon va plus loin, en fuppofant
que c’efl dans la mer même que s’efi
opérée la pétrification des marbres &
des pierres-, de toutes fortes. Cette multiplication
des végétaux & des coquillages ,
quelque rapide qu’on puiffe la fuppofer,
lia p u fe faire que dans un grand nombre
de fi ècles, puifqu’elle a produit des maffes
auffi prodigieufes que le font celles deieurs
détrimens. En effet, pour juger de ce qui
s’efl paffé, il faut confidérer ce qui fe
palfe. Or combien ne faut il pas d’années
pour que des huitres qui s’amoncelent dans
quelques endroits de la mer, s’y multiplient
en affez grande quantité, pour former une
efpèce de rocher.
Comme le globe terreflre efl plus épais
fous^l’Équateur que fous les pôles, ôc que
i’aâion du foleii efl auffi plus grande dans
les climats de la Zone-Torride, il en ert
réfulté, que les contrées polaires ont été
refroidies plutôt que celles de l’Equateur.
Ces parties polaires de la. terre ont donc
reçu les premières les eaux & les matières
volatiles qui font tombées.de l’atmofphère :
le relie de ces eaux a dû tomber enfuite
fur les climats, que nous appelions tempérés,.
& ceux de l’Equateur ont été.
les derniers abreuvés ; l’équilibre des mers
a donc-été long-tems à fe former & à
s’établir, & les premières inondations ont
'du venir des deux pôles. I l y a grande
apparence que les eaux font venues en plus
grande quantité du pôle auftïal que -du
pôle boréal; c’efl pour cette raifon que.
■ toutes les parties des continens tgrréïtres
finiffent en pointe vers les régions auftrales.
En effet , les contrées du pôle auftral ont
dû fe refroidir .plus vite que celles du
'pôle boréal, et par conféquent recevoir
plutôt les eaux de l’atmofphère. Car le.
foleii fait un.peu moins do féjour fur cet
hémifphère auflral que fur le boréal.
Outre cela, dès l’origine & dans le com-
: mencement de la nature vivante, les terres
les plus élevées du globe & les parties
de notre Nord ont été les premières peuplées
par lesefpèces d’animaux terreflres,
auxquels la grande chaleur convient le
mieux. Les terres élevées de la Sibérie,
de la Tartarie, & de plufieurs autres endroits
de l’A fie , toutes-celles de l’Europe
qui forment la chaîne de Galicie , des
!Pyrénéesç de l’Auvergne , des Alpes, des.
'Apennins, de Sicile , de la Grèce & de la
iMacédoine, ainfi que les monts Riphées
•ont été les premières contrées habitées.
Ainfi les.régions feptentrionales, les parties
les plus élevées du g lob e ,. qui ne présentent
aujourd’hui.que des fommets Hérites
ont été autrefois des terres fécondes, &
les premières où la nature fe foit manifeflée,
parce que ces parties' du globe ayant été,
bien plutôt refroidies que les terres plus
baffes ou plus voifines de l’Equateur , elles
auront les premières reçu les eaux de
Farmôfphère, 6c toutes les autres matières
qui pouvaient contribuer a la fécondation,
C ’efl ainfi que Buffon préfume qu’avant
l’établiffement fixe, des mers , toutes les
parties qui fe trouvaient fupérieures aux
eaux', ont été fécondées & qu’elles ont
dû deffors 8c dans ce temps, produire les
plantes dont nous retrouvons aujourd’hui
les imprelfions dans les ardoifes , & toutes,
les fiibftances végétales qui compofent les
charbons de terre.
Buffon revient enfuite a ces premiers
tems où les eaux,.après être arrivées des
régions, polaires, ont gagné celles de l’E quateur
; c’efl: dans ces terres de la Zone-
T o r r id e , où il préfùme que le foht faits
les plus grands bouleverfèmens ; il en voit
la preuve dans cette immerife quantité •
d’ifles, de détroits, de hauts 8c de bas-
fonds, de bras de mer & de terre entre-<
coupés , dans les montagnes très-élevées , :
dans les mers profondes. C ’eft alors que le:
flux & reflux donnoit d’une part aux eaux
un mouvement confiant d’Orient en Oc-j
cident, 8c que d’autre part les aliuvions
venant des pôles croifoient ce mouvement
& déterminoient les efforts de la mer autant J
& peut être plus vers l’Equateur que versj:
l’O.cciderit. A mèfure que quelque grand.
àffaiffement prél'entoit une nouvelle profondeur
, là met s’abaiffoit, 8c les eaux
couroientpour la remplir. Cesaffaiffemens,
q u i, dans-les commencêmens , étoient fort
fréquens, font actuellement affez rares, &
par conféquent les mers baillent,peu, &
Buffon croit que là terre eft à-peu-près;
paryéjiuë à un état affez tranquille.
-Dans le même tems où nos terres
étoient couvertes par la mer , & tandis que
les bancs'calcaires de nos collines fe for-
moient des détrimens de fes produétions,
Buffon croit qu’il fe détachoit du fommet
des montagnes primitives & des autres
parties découvertes du globe, une grande
quantité de fubftances vitrefcibles, lef-
quelles font venues par alluyion, c” efi-àdire
, par le tranfport des eaux , remplir
les fentes & lés autres intervalles que les
maffes. calcaires laiffoient entr’elles. Ces
fentes perpendiculaires , ou légèrement
inclinées, dans les bancs calcaires, fe font
formées par le refferrement des matières
calcaires, lorfqu’elles fe font féchées^ &
durcies, de la. même manière que s’étoient
faites auparavant.'les premières fentes perpendiculaires
, dans les montagnes vitrei-
cïbles produites par le feu.
En cherchant des mines de fer dans de*
collines de pierres calcaires, Buffon a
trouvé plufieurs de ces. fentes 8c de^ ces
cavités remplies de. fer en grains, mêlées
de fables, vitrefcibles & de petits cailloux
arrondis , 8c il attribue ces dépôts de
mines à ces-çirconftances. L ’établiflement
de toutes ces matières métalliques1 & minérales
a fuivi d’affez près l’établiffement!
des eaux; celui dés matières argilieufes 8e
calcaires a précédé leur retraite ; mari
Buffon obferve que le mouvement général
des mers ayant commencé à fe faire al or*
comme il lé- fait d’Orient en Occident-,
elles ont travaillé la fur la ce de la terre dans
ce fens d’Orient en Occident, autant 8c
même1 plus qu’elles ne l’avoient fait auparavant
dans le fens du Midi au Nord.
La preuve1 qu’il en donne, .c’eft que 'dans
tous les continens la pente des terres'1, a la
prendre du fommet des montagnes , eft
toujours plus rapide du côté de l’Occident
que du côté de l’Orient; cela efl évident
dans le continent entier de l’Amérique 8c
le long de la côteoooç-identale de l’A frique
; de meme dans 1 Afie les pref-
qu’ifies, les' promontoires , les illes , &
toutes les terres environnées ■ d’eau ,
.offrent des pentes courtes & rapides vers
l’Occident, douces & longues vers l’O rient.
Les revers de toutes les montagnes
font auffi plus efearpés à l’Oueft qu’à l’E f t ,
parce que les mers, à mefure qu’elles fe.
font.abaiflees, ont détruit les terres, & dépouillé
les revers des montagnes dans
fçns de leur chute. •
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