
3«4 r A f
La premiere'remarque de l’auteitf efl
qu’il y a trois grands Caps qui regardent
le Midi : celui de Horn, celui de Bonne-
ErP crance , & celui de Diemen. I l (foup- j
çonne que la pointe de ces trois caps ’
dirigée vers le Midi , eft la fuite ae
pluiieur* irruptions de l’Océan qui s’eft
porté du Sud au N o rd , & qui, en creufant
des golphes , a aiguifé des caps. I l en
trouve encore beaucoup- d’autres dont
la pointe elt tournée à peu près de même ,
furtout lorfqu’on confîdère la forme des
continents d’une vue générale. Les détails
particuliers qui indiqueroient quelques
gifemens de côtes qui ne feroient pas
toüt-à-faitaffujettis à ce plan, ne-lui paroif-
fent pas mériter la moindre attention. ‘
L a fécondé remarque a. pour objet la
plus grande brèche que les eaux, aient ou- !
verte & qui eft félon lui ce grand golphe qui !
fe trouve entre l ’Afrique & la Nouvelle-
Hollande. G’eft l’ouvrage d’un . de ces
courans de l’Océan qui a entamé ite| partie
des continvns contenue entre le cap de
Bonne-Ëjp.érance , & le cap de Diemen'.
Paw va plus loin: il prétend qu’un autre
courant détourné de fa première route
a formé le baffin de la nier Rouge, & le
golphe Adriatique qui, fuivant fesprêhiiérês
idées , en eft la continuation ; l’eau de là
mer Rouge ayant nbn-féulement franchi
f'Ifthme de Suez, mais encore une partie
des Mies de l’Archipel -& de là Méditerranée
qui fe trouvent entre l ’ifthme de
Suez & le golphe Adriatique. L ’iftro.e de
Suez a été découvert depuis & mis à fec.
. La même cataftrophe a produit auffi
une irruption du même Océan auftral
qui s’eft étendue par le golphe Perlîque,
iufqu’à la mer Cafpienne, qu’il confidère
comme le prolongement de ce: golphe :
.il fe fonde fur la figüre du baffin de la
tner Cafpienne , allongée à-peu près dans
ia même direction que le golphe Perlîque :
fur les fables qui font dans l’intervalle de
deux mers & fw la {»ex Liée d’Js-
H V
pahafi : enfin il en conclut que c’efl parce
que la Perfe a été un ancien baffin de
POcean , qu’elle offre partout un fol aride,
ftérile & manquant d’eau.
Telles font les confidérations de Paw
fur quelques formes du baffin de la mer
dans ces parties du globe. Telles font les
conféquences qu’il tire des agens qu’il
met en jeu. J’avoue que je trouve de la
difficulté à déterminer les différentes caufea
qui ont creule à la nier le baffin qu’elle
occupe tout autour des différents con-
tinens : quels font les différents agents qui
ont contribué à lui donner la ligure qu’il
a ; mais je ne vois aucune raifon folide
qui. me détermine à fuppofer les courans
que l’auteur admet & imagine pour, donn-er
aux côtes de la. mer ia forme bizarre
qu’elles ont prife dans les parages dont
nous-avons parlé, & quine me.parpitnuH«-
ment affujettiç.à la marche, qu’il luppofe,
L’enfohcëroênt de ce grand golphe ,<par
exempte: me .paraît'' une lùppôfîtion
hafardé® au moins. Car quel effort ne
doit-on pas fuppofer dans les! éaux de
l’Océan, pour entamer tes côtes & enlever
une malle de terre de cett® -étendue ? &
quand même on aurait découvert dans
^économie: de la nature de ces -prétendues
forces , comment prouvera-t-on que l’eau
de la mer maitrifée par ! elles a été plutôt
entraînée contre cès côtes , qu’elle n’a été
naturellement déterminée à couler entre
l’Amérique méridionale & l’Afrique. I l faudrait
avoir fait bien d’autres obfevvations,
pour pouvoir remonter jufqu’à l’origine
du baffin de la mer. Mais lî ce problème
eft infoluble, lorfqu’on enyifage la vafte
étendue des mers , il e ft , ce femble , plus
facile à réfoudre lorfqu’on borne Tes vues à
tel ou tel -golphe de la mer Méditerranée.
Une des grandes méprifes des écrivains
qui comme Paw ont raifonné fur les
révolutions du globe , eft d’avoir eonfi-
déré un grand effet comme la fuite d’une
grande caufe qui agit tout-à-coup & par
P A ?
un effort rapide & violent. Ils n’olit pas J
penfé.que la nature a le fecrct, en confé-1
quence d’une aâivité foutenue , de ~pro- !
duire les plus grands évenemens , par !
les plus, petites caufes mues pendant un >
long elpace de temps.-
Si nous paffons maintenant aux différents
effets^ que l’auteur des Recherches nous
exp.ofe dans fa confidération , nous trouverons
la même incertitude dans les con-
féquencés qu’il a cru devoir tirer de la
marche hypothétique de fes courans. Bien
loin que l ’Océan ait creule le baffin de ia
mer Calpienne à la fuite du golphe Per-
fique, on voit encore qu’en conféquence
du travail des eaux des fleuves qui fe
rendent dans cet égout , la mer Cafpienne
aurait pu s’étendre j ufqu’au golphe Perlîque
fi le terrein l;’eût permis , où que la malle
des eaux des fleuves 8c des torrens qui
s’y déchargent eût exigé un baffin plus
étendu. Mais.l’extenfion du baffin n’aur.oit
eu d’autre principe , d’autre caufe . aâiye,
que i’accumuladôn des eaux des fleuves
qui fe réuniffoieiit vers- ces contrées baffes
& propres à lès recevoir.
Si donc quelques.obfervatipns confta-
toient d’ailleurs que la mer Cafpienne a
été réunie avec le Golfe Perlîque , cela
prouverait-que les fleuves qui sjy déchargent
maintenant ont exigé un baffin plus
étendu , & que les fleuves qui s’y déchargent
maintenant y portoient une. mafîe
d eau plus abondante , en conféquence
de laquelle le baffin de la mer Cafpienne
a pu atteindre le Golfe Perfique ; car. la
mer Cafpienne eft proprement a ra lac
dont les eaux font produites, comme je
l’ai déjà ,dit, par le concours de grands
fleuves; or depuis que/les canaux des
fleuves font creufés , la décharge de i’eaii
qu ils chanent a été néceffaire , & par-
conféquent le baffin ou l’équivalent dubaf-
lin aâuel a du fublifter du mêmetems, indépendamment
des courants venus du Sud
& de leur prétendue irruption Contre les
P a w '
côtes de la Perfe par le Golfe Perlîque. Si
donc la nier a couvert la Perfe , qu’elle
y ait laifi’é des veftiges de fon féjour , ce
fera plutôt la fuite d’un débordement de
la mer Cafpienne que de l’Océan. Je vois
d’un côté la caufe adive des‘eaux courantes
des fleuves , & de l’autre je ne découvre
aucune force capable de produire cette
invafion dans les terres. Car l’évaporation
étant une fois donnée , elle détermine la
furface du réfervoir qui recueille une certaine
quantité d’eau. Si les eaux qui affluent
font plus abondantes que le produit de l’évaporation
, les eaux s’élèvent, & leur fu-
perficie-s’étend jufqu’à ce que l’une & l ’au-
tie foient en équilibre.
Je puis raifonnér de même par rapport
au golfe Adriatique & à toutes les parties
de la Méditerranée. Les fleuves qui s’y déchargent
y portent une quantité d’eau qui,
pour être enlevée par l’évaporation, a be-
foin d’unbaffin égal au moins en fuperfîcie
à celui qu’occupe la Méditerranée.
Maintenant il relia une confidération a
difeuter, c’eft celle des veftiges du féjour
de l’Océan que l’on a trouvés fuivant l’auteur
entre ia mer Cafpienne & le Golfe
Perfique , ainfi que fur toute la largeur de
l’ifthme de Suez. En examinant, dit-il ,
la nature des terres fur l’ifthme de Suez, on
voit que-la mer y a coulé. Je demande à
l’auteur quel eft leearadère des dépôts que
la mer a laiffés dans les parties des conti-
nens où elle a fait des. irruptions paffa-
gères ? en quoi ces dépôts diffèrent-ils
de ceux qui font la fuite d’un féjour
aflez long de la mer ? & en quoi les
dépôts des mers Méditerranées & des
lacs occafionnés par des débordemens
fortuits diffèrent-ils des dép ôts de l’Océan
contenu dans fon baffin fixe & déterminé ?
Si l’on n ’efl pas parvenu par une fuite
d’obfervations comparées & difctitées , à
aiftinguer réellement la différente nature
de ces dépôts, il n’eft pas poffible d’en
rien conclure pour établir des événemen*