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celles de la partie de l’Autriche qui eft !
au-delà du Danube. Leurs fommets élevés 1
& effrayans qui font fouvent au-deffus des
nuages s’apperçoivent de fort loin. Les
rochers de ces montagnes l’emportent fur
ceux des Alpes d’Italie , de la Suiffe &
du Tirol , par les. bouleverfemens & les ,
efcarpeniens qu’ils offrent de toutes-parts.
Ils font prefque impraticables, & il faut
avoir l’amour de ces phénomènes pour
franchir les obllacles que ces rochers op-
pofent aux voyageurs.
Quand On ell arrivé au faîte des premiers
rochers , on en apperçoit au-deffus
de foi d’autres au ffi efcarpés, & lorfqu’on eft'
parvenu à franchir ceux-ci, on en trouve
d’autres plus élevés qui fe fuçcèdent continuellement
les uns aux autres. On trouve
cette fuite d’objets qui étonnent jufqu’à
ceTju’on foit parvenu au fommet. Quand
Froelichius &fes compagnons jettèrent les
yeux fur les vallées au-deffous d’eu x , ils
n’y apperçurent que le vague de l’air &
une couleur de bleu célefte ; mais à une
certaine hauteur , ils fe trouvèrent enve- .
loppés de nuages épais qui circuloient
autour d’eux & qui étoient tout blancs ;
ils apperçurent auffi dès qu’ils les eurent
quittés , d’autres nuages qui fiottoient fur
les fommets des montagnes de Sépufe,. les
uns plus haut , les autres plus bas , &
quelques autres enfin également éloignés-
de la furface des plaines ; d’où ils poncltirent
trois chofes.
i° . Qu’ils avoient palfé le commencement
de la moyenne région de l’air ; 2°. que
la diftance des nuages à la terre varie en
différons lieux, fuivant l’état de l’atmof-
phère & les vapeurs qui s’y élevent; 30. que
la hauteur des nuages les plus bas n’eit pas
auffi confidérable que quelques phyficiens
allemands l’ont prétendu, niais feulement
d’un demi-mille.
Quand ces voyageurs furent arrivés au
fommet de ces monts , ils trouvèrent i ’^ir
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li délié &■ fi calme qu’il n’y avoit nulle
part le moindre fouffle & la moindre agitation
, quoiqu’ils euüent fend un fort
grand vent fur les hauteurs qui fe troti-
voient au-deffous : ils en conclurent que
le fommet le plus haut du mont Crapaclt
a un mille de hauteur, depuis le pied le
plus bas jufqu’à la plus haute région de
l’air où ils croient que les vents ne s’élèvent
jamais.
Ils tirèrent un coup de piflolet au fommet
, qui d’abord ne fit pas plus de bruit
que quand on caiïe un bâton ; mais un
moment après il fe fît un long murmure
qui fe difperfa dans les vallées & les forêti
inférieures. En defcendant dans ces vallées
à travers les neiges anciennes , lé meme
piflolet ayant été tiré rendit un bruit confidérable
, & l’écho qui fe difperfa dans:
les réduits de la montagne fe fît entendre
pendant long-tems.
I l grele & il neige fort fouvent fur ces
montagnes, même dans ie coeur de l’été,
c’eft-à-dire, auffi fouvent qu’il pleut dans
les vallées voilmes ; il eft ailé de diftinguet
les neiges |des différentes années par leur
aouleu.r & la fermeté dé-leur furface.
Des vents, de leurs caujes & de leurs differentes
d'treclions.
Le vent eft un mouvement de l’air qui
fe tranlporte d’un lieu dans un autre. 11
y a plufieurs caufes qui contribuent ait
naiffance des vents ; i “ . la caufe général*
& principale eft le foleil lui-même qui)
par fe? rayons, raréfie &. atténue l’air 1
fur-tout celui qui eft expofé à fon aâiofl-j
Comme l’air raréfié occupe plus de plac*
que l’air condenfc, il s’enfuit que cet air
pouffe en avant celui qui lui eft. contigu>
& que le foleil ayant un cours circulaire de
l’Eft à l’Oueft , la preffîon fe fait à l’Oudlij
comme il paroît dans la plupart des lien*
| de fa Zôpe-Torride , & par-tout aux çn»
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rsns o ù i l r è g n e c o n t in u e l l em e n t fu r m e r
un v en t d ’E f t . C ’ e f t p a r t o u t e s c e s c i r -
icon fian c e s q u e l ’ a ir r a r é f ié p r è f fe - v e r s
I l ’O u e ft en d ed an s d e s t r o p iq u e s . I f y a
leffeé tive inent u n e p r e f f îo n t o u t a u t o u r d u
; g lo b e -, l ’a i r n ’a g i t p a s é g a lem e n t v e r s
[les au tre s p o in t s , p a r c e q u e la p r e f f îo n
;n’y eft p a s a u lïï g r a n d e n i a u ff i f o r t e q u e
du c ô t é ,d e l ’ O u e f t , a t te n d u q u e l e f o l e i l
le p o r te c o n t in u e llem e n t d e ce. c ô t é ; m a is
1 cela n’a r r iv e l e p lu s fo u v e n t a in fi d an s n o t r e
Iclirriat q u ’ a v an t & a p rè s le f o l e i l l e v a n t ,
[quand i l n ’y a p a s d ’a u t r e s v e n t s q u i f o u f -
[ fient, p lu s f o r t & q u i r em p o r t e n t . D a n s
[quelqu es e n d r o i t s q u i f o n t p lu s d i fp o f é s
U r e c e v o i r la p r e f f îo n la té r a le d e l’ air q u i
[fç p o r te v e r s le N o r d , o n ÿ é p r o u v e p o u r
[lors d es v e n t s d e S u d .
[ Il efl à remarquer, que quand le vent
j fouffle vers quelques points entre les points
[cardinaux , alors le vent qui en réfulte
j paroît différent'en différais lieux. Ca r,
[quoique le point fôit unique par rapport
[au iieu-où le foleil eft vertical, il a une
Idireâion bien .différente par rapport aux
[lieux qui occupent le contour de l’horifon.
| C’eft ainfi . qu’une feule & même caufe
[produit un vent 'qui a différentes déno-
I minations en différens lieux ; fi . cette caufe
|eft encore aidée par d’autres vents., il
I eft fort j fi elle.eft contrariée, il eft foible :
Ifouyenril arrive qu’un autre vent fouffle,
|& fe trouve aidé par la caufe générale.
[ 2q. La fécondé caufe du vent font les
I exhalaifons abondantes qui s’élèvent de la
Iterre & des mers., & qui ont une cer-
I taine force ; mais elles ne forment de vent
|& de courant d’air que quand elles com-
Jniencent à fe raréfier.
[ • 3 ° . L a r a r é f a d io n o u la d i f îo lu t io n d e s
| finages p lu s o u m o in s c o m p le t t e , & o c c a -
I f io n n é e p a r le f o l e i l , p r o d u i t d e s v en ts
| îo c a u x a lle z v io l e n t s .
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fur-tout- de celles des montagnes qui ne
fondent cependant jamais entièrement.
y ° . Le lever & la fituation différente
de la lune. ;
6 La condenfation des vapeurs par le
froid ik leur raréfaâion par le chaud.
70. La defcente ’ des nuages q u i, par
ce moyen preflènt l’air qui le trouve au-
deffous. d’eux.
■ Le vent' fouffle quelquefois perpendiculairement
à l’horilon j mais ie plus fou-
vent latéralement. Ceci devient facile â
comprendre, fi l’on fe rappelle la caufe
du vent produite par faction des rayons
du foleil & par fa marche fucçeffîve; il
eft confiant que certains courans d’air fe
précipitent de haut en bas, pendant que
d’autres fe portent fur les côtés’ du lieu
ou le foieii eft vertical. '
Les vents fouillent fouvent avec quelque
interruption , il leur fuccède un calme
pendant quelque tems , enluite ils recommencent
avec force & ' violence j mais en
général les vents de mer font plus confiants.
Il eft facile de fentir la raifon de cës
phénomènes, car ï ' fJ la caufe du vent
n’eft pas toujours confiante , & il lui faut
la réunion de certaines circonftances. pour
raffembler fes forées .& vaincre certains
obllacles qui s’oppofentà fa marche ; a ° . on
comprend que.lur mer l’élévation des
vapeurs, & i.es courans d’air éprouvent
moins d’obftacles qu’à la furface des con-
tinens & près des côtes..
Les vents d’Eft' font plus durables &
plus fréquens que ceux de l’Oueft.
4°. La fonte des neiges & des glaces,
On en voit la raifon dans, ce que l’on
a dit ci-deflus relativement à l’adion du