
étoit couches devoit êtreconfideré comme
fon ouvrage, & ils ont eu raifon ; mais
je ne vois pas un mélange de fluidité
& de folidité dans cé que nous fommes
à portée d-obferver chaque jour. Wood-
ward & fès partifans ont fait une pâte
de tout le globe , mais perfonne n’admet
de' pareilles hypothèfes, fur-tout
en voyant les coquilles & les productions
marines dont une partie, eft con-
fervée fous fa forme folide & avec lès
difpofitions primitives. Je doute qu’il
foit prouvé que le globe de la terre ait
éprouvé de grands changemens par le
déluge uniyerfel.
L’eau , quelque fuppofition qu’on ait
pu faire, a formé des amas ; mais en
délayant' la terre elle n’en a pas fait
des parties fluides.
On parle ici d’accidens, 6c je ne
voudrois pas. qu’on en admit aucun
comme caufes. des révolutions du globe.
Au lieu d’admettre de ces accidens , il
efl plus, raifônnable de s’attacher à des
agens connus & conftans qui peuvent
avoir eu quelques accès , mais des accès
réguliers dont on peut déterminer les
effets ainli que leurs limites.. »
Toutes les montagnes confédérées par
rapport à leur formation & à ' leurs
formes (b) peuvent être diflinguées en
deux clafles. La première renferme les
montagnes qui exiflent vraifembiablement
dès la création. Dans la fécondé clafle ,
}e place celles qui doivent leur origine à
divers accidens. J’ai parlé de celles - ci
dans un autre ouvrage. Je me propofe
aujourd’hui de traiter des premières dans
ce mémoire, & avec l’étendue que le
fujet & mes forces comporteront.
Remarques.
(b) « Pourquoi Lehmann examine-t-il
■ ici les montagnes quant à leur forme , fans
les diftinguer quant à leur conflitution
intérieure & à la difpofition des matériaux
jqui fervent à leur compolïtion ? Pourquoi
ne pas infifter fur un point bien eflèn-
tiel qui confifte à borner fes obfervations
& fes recherches aux Amples maffifs
fuperficiels du globe ? Il me femble
îque ces maffifs doivent exifler avant les
montagnes & être difcutés avant l’examen
de leurs formes. La théorie de ces inégalités
de la terre, doit donc aller naturelle-
■ ment à la fuite de l’étude ' qu’on aura
faite de la flrudure intérieure des maffifs
du globe. Car la flrudure des maffifs
pfl d’une époque bien plus ancienne que
celle de leur forme extérieure.. Pourquoi
vouloir rapporter ces formes de montagnes
à la première création , car elles ne
tiennent pas plus à la flrudure primitive
& intérieure t du globe que les flatues ne
tiennent aux blocs de marbre d’où l’art
du fculpteur les a tirées, a
J’établis d’abord comme un principe
d’après Buffon (ç) queles montagnesontété
formées par la féparation des p'artîeS'fblï-
des & desparties fluides , faite dans le teins
de la création , de manière que les particules
terreflres foutenues dans l’eau , ont
formé dans le baffin de la mer des
dépôts qui ont rendu la terre, de ronde
qu’elle étoit, pleine des inégalités e'n
relief qui ont fait les montagnes.
Je ne crois pas être au refte en état de
décider fi elles avoient la hauteur qu’elles
ont aujourd’hui, ou fi elles doivent
leurs mallés à des caufes accidentelles.
Le principe cependant de Buffon auquel
je me fuis attaché , conduit à croire
que ces montagnes exiftent à peu-près
•comme elles font forties du baffin de la
mer , & je n’ofe le coutelier.
Remarques.
fc) * En adoptant le fyfléme de
Buffon dans fa partie foible, Lehmann
avoue qu’il #ofe fé décider fur pluficurs
points importans : il n’a pas vu qu'il
détruifoit par cette adoptroH la dillindion
qu’il vient d’admettre de deux claffes de
montagnes. Lorfqu’on connoîtra bien les
caradères de ces montagnes, on fera très-
en état de fentir le défaut du fÿftême
de Buffon , & fon1 infuffifance, car on
verra que les montagnes primitives de
Lehmann n’ont pu être formées dans
le baffin de la mex ,. ni quant à leur
conflitution intérieure, ni quant à leur
forme.
Les montagnes primitives qui étoient du
tems de la création font l°. celles qui font
les plus élevées.
î Q. Celles qui forment des chaînes non
interrompues, & qui parcourent une
grande partie de la furface de la terre.
J’ajoute à ces premiers caraâères , i°.
que la flrudure intérieure de ces montagnes
diffère de celle des montagnes de la
fécondé clafle; 2°. que l’on n’y trouve
point des dépouilles des corps. marins ,-
ni des impreffions de plantes comme dans
les montagnes de la féconde clalfe. ( d )
Remarques.
[d] Lorfqu’on a dit que l’on trouvoit
des corps marins fur le fommet des
montagnes primitives , on n’a pas remarqué
que ces corps marins étoient enveloppés
dans un banc fuperiiciel qui re-
couvroit ces montagnes : jamais on ne
les a trouvés dans l’intérieur des maifes ;
ces maifes exifloient avant qu’il fur vînt
de dépôts fous-marins. Sçheuchzer dans
fes voyages au milieu des Alpes, Langius
dans fon hiftoire des pierres figurées, ont
fait ta même obfervation , ainfi que Lieb-
necht fur les bois foffiles &c les pierres
de la Helfe ; au refte dans tous, ces différents
cas, il eft bon d’aflurer uneobfer-
yatioB. aulli eliéntielle que celle dont il.
efl queflion dans ces circonflances. Les
dépouillés des corps marins doivent être
nombreufes & renfermées dans des couches
horifontales fuivies ; avec ces differents
détails inltruélifs, on en trouve peu fur les
hautes montagnes ;. mais on y trouve
des couches horifontales ou inclinées,
calcaires ou infiltrées qui recouvrent les
bâfes graniteufes ; par conféquent on
ne peut pas dire , comme l’aflure ici.
Lehmann , que les montagnes primitives
foient les plus élevées. Car celles que
j’ai vifitées en Suilfe , font les plus compliquées
dans leur formation, celles qui
préfentent plufieurs ordres de matériaux ,
en un mot , les moins .Amples. »
3°. Les filons des mines, fe trouvent
dans ces montagnes primitives-; cependant
je dois dire que les mineurs font déjà
parvenus à faire la différence des veines
qui fe trouvent dans les montagnes primitives
, des veines de montagnes du fécond
ordre; il y a d’ailleurs beaucoup d’autres
caraâcres différents dont je ne parle pas
ici. Il me fuffit que les montagnes primitives
aient exifté dès la création du
monde ; quant aux montagnes qui font les
produits des feux fouterrains , des trem-
blemens de terres , des inondations particulières,
leur origine paroît avoir été
expofés par plufieurs auteurs , mais j’c»
parlerai dans la fuite, ( e )
Remarques.
( e ) Je ne fais pourquoi Lehmann ,
fur l’expofition de certains caraâères affez
.vagues qu’il donne à fes montagnes primitives
Sc que j’ai déjà difeutés , en conclut
que ces montagnes ont exillé dès la création
du monde ; on n’en voit pas facilement la
raifon. Il me femble qu’après avoir dit fur
quels principes il confîdéroit ces montagnes
comme étant de la même époque que nos
continens , il auroit dû en oppofition
décrire d’une manière nette & précife , ce
M m a