
à quelques méprifes d’une certaine importance
qui réfultèrent de la confufion des
caraflères propres aux collines avec ceux
de ces montagnes. Targioni croit même
que cette confufion troubla les méditations
de Sténon , & fut la caufe principale
qui porta le découragement dans fon
ame, au point qu’il ne put mettre la dernière
main à fon grand ouvrage , & qu’il
n’en a pu donner que la .préface.
Au relie, on n’a pas fu li l’écrit .tout
entier a été mis en état de paroître.
Targioni nous apprend qu’il avoit connu
en 1 7 3 2 , à Florence, un danois neveu
de Sténon, qui étoit en poffeflion de
plufieurs écrits autographes de fon oncle ,
mais tous imparfaits & tous relatifs à l’anatomie;
aucun n'a voit pour objet l’hiflioire
naturelle ; & quelque diligence qu’ait faite
Targioni , il n’a pu T procurer aucuns
des matériaux de la grande & importante
differtation dont on publie ic i le précis.
Ainfi nous " devons nous borner à cet
é crit, comme le feul réfultat qui nous
relie des obfervations & des méditations
de Sténon.
I l y a grande apparence que Sténon
abandonna l’étude de l’hiftoirenaturelle 8c même de l’ana tomiep o ur fe livrer à
d’autres objets étrangers, à ces études ,
qui l’auront: engagé à quitter la Tofcane
& à revoir fa patrie ; mais je fuis éloigné
de croire au principe de découragement,
que foupçonne Targioni, & je vois bien
clairement dans les circonftances des époques
qui terminent la préface , qu’il y préfente
, fucceffivement par ordre, tous les.
différens maffifs qu’il avoit pbferyés en
Tofcane, & que les montagnes primitives 8c les collines y figurent féparément comme
il convient, & y occupent une place dif-
tinâe & dans l’ordre de leur formation.
Voilà ce que j’ai pu- recueillir fur la
perfènne de Sténon , 8c de relatif à la com-
pofiüon & à la publication de l’ouvrage
qui va nous occuper. Il "convient maintenant
d’entrer dans un détail raifonné fur
ce que cette préface d’un ouvrage perdu
pour nous, contient d’intéreflant , & qui
ait trait à la Geographie-P hyfiquc , en dif-
cutant chacun des différens objets qui y
font traités ou plutôt annoncés, comme
ils le doivent être dans une préface. Je
commence dans les paragraphes I. II. 8c
I I I par préfenter l’extrait, des principes
d’après lefquels l’auteur a cru devoir eon-
fidérer les objets dont il s ’occupoit ; ce
font ces principes qui ont donné lieu au
titre extraordinaire, fous lequel l ’ouvrage
eil annoncé. Il y eft queft.ion, connue
011 fait, de la reconnoifiànce de l’ét,at primitif
des folides, le plus fouvent corps
organifés, qui fe trouvoient contenus dans
d’autres loiides formés■ depuis &- qui
avoient pris enfuite- une certaine confif-
tance.
Pour prouver que tous ces corps renfermés
avoient eu autrefois une exiftence
à part., & dans des.circonftances différentes
de celles où nous les préfente le fein de la
tefre , Sténon avoit établi ces principes,
mais avec un-échafaudage de diftinfiions
métaphyfiques fi abftraites, que j’ai cru
devoir les lùpprimer , parce quelles
alongoient la marche.de cet auteur,, fans
jetterle moindre jour fur lès fondements
de la méthode d’obferver qu’il vpuloit
introduire. Au moyen de c^tte fupreffion
tout fe. réduit à defimples.faits pofitifs,
qui fe préfentent débar rafles de circonf-
tances étrangères, & auxquels l’application
de$ principes peut fe faire aifément : ainfi
ce genre de preuves allez compliqué d’ailleurs
fe Amplifie de manière à produire fon
effet. On voit que ,■ par fes difcufllons mé-
tapKyfiques , Sténon avoit facrifîé a-u goût
de fon fiècle , où la phyfiqü.e générale étoit
unë métaphyfique obfcu're & bruyante: mais
cependant on doit lui favoir'gré de s’être
débairâfTé ën partie de cette marche , en
s’attachant aux réfultats précis de fes obfervations.
Il n’efi pas étonnant que Sténon
qui dan£ cette préface avoit formé le projet
de tracer)le plan rationné d’un ouvragé
étendu, 8c qui même s’otoi't attaché à
tracer ce plan de manière qu'il p ût en quelque
forte tenir lieu de cet ouvrage ; i f
n’eft pas’ étonnant , dis-je , qu’il ÿ ait tellement
ferré fes idées en 'les gériéralifant,
qu’il devient fouvent obfcur. EnTupp rimant
certaines difcufllons dans cet extrait,
pour ne pas nuire à i’intérêc que pouvoit
produire la leâ-ure de. cette préface , j’al
eu foin d’y conferver tous p ies faits &
toutes les vues , qui ^prouveront que c’eft
à bon droit que les phyfîciens naturaliftes
en ont fait de tout temps le plus grand
cas, & l’ont citée avec éloge.
Des couches de la terre, de leur compojiiion
6* de leurs déplacemens.
Dans les paragraphes IV . V . & V I . il
eft queftion des couches de la terre, des
matériaux qui font entrés dans leur cooe-
pofîtion & des différens àgens que la nature
a employés, pour leur donner la difpofi-
tion & i’arrangement que nous y obfer-
vons. Dans l’expofition des matières qui
ont concouru à la formation des couches,
Sténon s’eft attaché à fuivre une férié très-
niéthôdiquë , relativement aux époques
de leurs' emplois, 8c aux différens lieux
dont elles ont été tirées. On y voit figurer
féparément & fuecelfivement les fubf-
tances au milieu defquelles , il n’y a pas
de corps organifés : après quoi viennent
les^ dépouilles des animaux terreftres ;
puis celles des animaux marins; enfuite
les débris.des végétaux entraînés & enfouis
par les, eaux douces : enfin' les matières
qui font dues aux accidens des feux fou-
terrains.
Quant aux changemens furvenus en placeurs
endroits dans la difpojition primitive
des couches, il paroît que Stenôn a
troP. de confiance à l’adion des feux fûu-
twratna qui ne peuvent être eenfés avoir
’ contribué à ces changemens que dans le®
lieux où les veftiges du feu fe font remarquer
: mais il ne paroît pas que ces incendies
aient été dirigés de manière à creu-
fer des lits, de rivières , & à fiôulever par
leurs extrémités & fur une grande étendue
des fyftèmes de bancs horifontaux.
C’eft cependant ce que prétend Sténon. Il
mérite.plus de confiance, lorfqu’i! nous
annonce les changemens de pofition dès
; couches , à la fuite de l’excavation fouter-
raine des eaux qui peuvent avoir détruit
les bâfes des bancs 8c des lits.
C ’éft auflî par le moyen des cavités
intérieures & des affaiffèmens de .toutes les
mouches qui en ont été la fuite,qu’il prétend
pouvoir rendre raifon des inégalités
de la furface de la terre , & furtout de la
formation des montagnes. Mais il eft vifi- '
ble que les vallées çreufées par les eaux
courantes des fleuves &• des rivières ont
été approfondies au milieu des couches
inclinées , comme au travers des couches
horifontales , & que par conféquent les
mafles montueufés détachées les unes des
autres par les .vallées , ne l’ont pas été régulièrement
par la feule indinâifon & le
changement de pofition des couches.
De Vorigine des montagnes , & de la circulation
des eaux dans leur fein.
Il paroît par le paragraphe V I I . que
Sténon ayoit fçu diftinguer en Tofcane
Iles collines des montagnes , quoi qu ’en a it.
dit Targioni qui i ’accufe de les avoir con- ■
fondues. Car il dit pofîdvement que « les
» fragmens & les débris des couches rom-
». pues font accumulés au pied des group-
» pes des montagnes, enpctrtie fous formes
» de collines, 8c en partie difperfés dans les
» campagnes voifines : ailleurs il ajoute
» que , « lès collines formées de couches
» terreufes ’ font le plus fouvent appuiées
». fur des bâfes plus folides , qui font les
« débris des grands bancs pierreux , des
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