
étéattaquées;&'tranfportées par les eaux, i
en .pouffière impalpable, au-deflùs de ces
montagnes de fable ou de glaife ,/éiccette
pouffière de pierre auraLormé les'rochers \
cjue l’on trouve au fonimet des collines
; èc des montagnes. Btiffon préftime' qtle;
dans la première formation ces matières
plus pefantes étoient au-déffous des autres
& qu’elles fe trouvent aüjourdhui au-
deffus par le nouveau travail des eaux de
la mer.
Pour ‘ confirmer ce que nous venons
d’expcfer , il examine plus en détail la
fituation des matières qui conpofent la
première épaiffeur du globe terreftre que
nous connoiffons par les fouilles qu’on
y fait. Ainfi les carrières nous offrent différera
lits ou couches prefque toutes hori-
lbntales ou inclinées fur la même pente.
Celles qui pofent fur des lits de glaife
font fenïîblement de niveau fur-tout dans
les pays de plaine. La polition horifon-
tale, ou toujours également penchante-des
' couches, fe trouve dans les carrières de
roc vif & dans celles des grès' en grande
maïfe. Elle n’éft altérée ou interrompue
que 'dans les carrières de grès en petite
mafle dont Buffon croit que la formation
eft p.oftérieure à celle des autres matières.
Ce qu’il appelle te roc vif, le fable vitri-j
î fiable, les argiiles, les marbres , les pierres
calcaires , les craies , les marnes ,
toutes Ces matières font difpofées par
couches parallèles toujours horifontales ou
également inclinées ; outre cela les épaif-
feurs de ces " couches font tes mêmes dans
toute leur étendue qui, fouvent occupe
Un elpace de plufieurs lieues & que l’on
pou croit fuivre très-loin avec quelque
.»ttentjon. Il
Il faut cependant excepter de cette
difpofttion régulière, les couches de fable
fie de gravier entraînés : du fommet des
pnontagnes par la^pente des eaux. Ces
vejnès1 de fable fe trouvent quelquefois
dans tes plaines où elles’s’étendent coiifi-
dérablement ; elles font ordinairement
pelées fous la première couche de la terfe
labourable ; alors dans les lieux plats elles
font de niveau comme les couches plus
anciennes & plus profondes : mais au
pied 8c fur-la croupe des montagnes ces
couchés dé fable font fort inclinées, & elles
fuiventlépenchant de lahautèurfür laquelle
elles’ont coulé. Les rivières & les ruii-
feaux ont formé ces couches, & en changeant
fouvent de lits dans les plaines , ils
ont entraîné & dépofé par-tout ces fables
& cés graviers. Ces couches produites par
les' rivières 8c par les autres eaux courantes
ne font pas de l’ancienne formation,
elles fe reconnoifiènt aifément à la différence
de leur épaiffeur qui varie & n’eft
pas la même par-tout comme celle-des
couches anciennes ; on les reconnoît auffi
à leurs interruptions fréquentes ; enfin ,
aux matières mêmes qu’on juge aifément
avoir été-lavées par les eaux , roulées &
un peu arrondies.- - / i '
Buffon place dans le même ordre Ips
couches de-tourbes & deyégétaux pourris
qui fe trouvent au-deffoüs de la première
couche de terre dans les teneins marécageux.
Ces couches ne font pas anciennes
& elles ont été produites par l’entaffement
des arbres & des plantes qui peu à peu
ont comblé ces marais. Il en efl de
même auffi de ces couches limoneufes
que l’inondation des fleuves a produites
en différera pays.
Ces différens terreins ont été nouvellement
formés par les eaux courantes ou
flagnantes , & ils ne font pas affujettis; à
un niveau ou à une pente égale comme
les couches anciennement produites par
le mouvement régulier des eaux de -la
mer. Dans les couches que les rivières
ont formées - on trouve des .coquillages
: flùviatiles. 11 y en a peu de marines, &
encore font-elles brifées, déplacées, ifoléds;
au liep que dans les. couches anciennes
les coquilles marines fe trouvent en grande
.quantité difpofées de la même manière,
comme ayant été tranfportées & placées
par une caufe conftante & régulière*
Effeéllvement pourquoi ne trouve-t-on
pas, obferve Buffon, les matières terreftres
entaffées irrégulièrement au lieu de les.
trouver par couches ? Pourquoi les marbres
, les pierres dures , les craies 3 les -
argiiles , les . plâtres , les marnes ne font-
ils pas difperfés ou joints par couches irrégulières
ou verticales? Pourquoi les cho-
fes pefantes ne font elles, pas toujours au-
’deflous des plus légères ? Cette uniformité
de la nature , cette, elpèce- d’or-
ganifation de la terre > .cét affemblage
des différentes: matières par couches parallèles
& par lits , fans égard à leur pefan-
teur, ne Lui paroiffent ayoir été produites
que par une caufe auffi puilTante & auffi
conftante que .'celle de l’agitation des eaux
de la mer , foit par le mouvement réglé du
flux & reflux, foitpar celui des vents, &ç.
Buffon trouve, que ces caufes agiffent.
avec plus de force fous l’Equateur que
dans les autres climats, puifque les vents
y. font plus confiants 8c les ; marées . plus
violentes que par-tout ailleurs. C’eft pour
cela qu’il croit que lesplus.grandes chaînes
de montagnes font voifmes de'l’Equateur,
que les montagnes de l’Afrique 8c du Pérou
font les plus, hautes -qu’on eonnoiffe , &
que les montagnes de l’Europe & de l’Afie
qui (s’étendent depuis l’Efpagne jufqu’à la
Chine, ne font pas auffi éleyees que celles
de l’Amérique méridionale & de 1-Afrique;
c’eft encore par la même caufe que
les montagnes du Nord ne font , que des
collines, en comparaifbn.de celles des pays
méridionaux. Outre cela-Buffon remarque
que le nombre de&ifles eft fort peuconlîdér
rabledans les mers feptentrionales , tandis
qu’il y en a une quantité prodigieufe dans
la zone torride. ', 8c commé une iflë ell
un fomme.t de montagne, il s’enfuit que-
la- furface de la terre a beaucoup plus , d’inégalités
vers l’Equateur que vers.le Nord.
C’eft donc le mouvement général du
!flux. 8c du reflux quij, fuivant Buffon , a
Iproduit les plus grandes montagnes dirigées
d’Orient en Occident, dans l’ancien
icontinent & du Nord au Sud dans la
nouyeau dont les. chaînes font fi étendues.
jMais, il-attribue, aux mouvemens particuliers
des .courants, des vents. & des autres,
lagitations irrégulières'de la mer , l’origine
ide toutes les .autres montagnes. Il ne doute
pas qu’elles nraTent été ■ produites par la
Icombinaifon de ces mouvemens, dont les
effets ont été variés à l’infini; mais il ne
peut y recannoître les effets des tremble-
inens de.terre ni des autres caufes accidentelles
telles que les volcans.
Maintenant fi cette terré qui eft un continent
fec, ferme, 8c éloigné des mers
a été un fond de mer , comment fe trouve-
t-il maintenant fupérieur au niveau de la
mer & féparé de fon baffin ? Pourquoi les
eaux de la mer n’ont: elles pas refté fur
Cette terre , puifqu’eiles. y ont féjourné fi
longrte'ms? Quelle caufe, quel .accident
à pu produire un tel changement fur le
globe? Eft-ii poffible den trouver une
affez puiffante pour opérer une telle révolution?
Buffon en te propofant ces queftions,
avoue qu’elles font très - difficiles à réfoudre.;
mais il obferve en même tems que
les faits étant’ certains , la manière dontils
font arrivés ne doit préjudicier en rien.au
jugement que nous , devons en porter. Cependant
jil n’abandonne, pas. entièrement la
îblution de ces difficultés , 8c il. pente
qu’on peut trouver par indsétion des rai-
fons très - plaufibles de ces changemens.
flous voyons tous les jours, dit-il, la mer
gagner du terrein fur certaines côtes , 8c
en perdre fur d’autres..
Nous lavons que l’Océan a un mouvement
général & continuel d’Orient en Occident
; tous ces effets paroiffent à Buffon
fuffifans pour croire qu’il eft: arrivé de
grandes révolutions à la furface de la terre,
&. qu’en conféquence la mer a pu quitter