. deux parties par une arrête tracée depuis
le détroit dè Gibraltar jufqu’à la rivière
de Petzora, en Rußte. C’eft une principale
chaîne de laquelle.fortent les fleuves;
' elle a fes b ranches qui divifent & circonf-
• erivent les badins, de l’Europe ou terreins
inclinés vers les mers, qui font, l’Océan
Atlantique, la mer du Nord,, la mer
Baltique, la mer Glaciale & la mer Méditerranée
, avéc fes prolongetnens jufqu’à
la mer Noire.
n La première de ces branches à l’Occident,.
pafl’e en-France & en Angleterre,
par, le Pas-de-Calais , & fépare ainfi le
baflîn maritime de l’Océan d’avec celui de
la mer du Nord ; celle qui commence en
Allemagne paffe en Danemarck & en Nor-
wege, fépare le balfin terreflre de la mer
Baltique de-celui de la mei Glaciale , &
va rejoindre la branche qui fe détache
des. frontières de Pologne & de Ruflïe.
Uné autre qui part du même endroit fe
porte vers le Midi, palfe entre le Volga
& le Don, & fépare les eaux de la mer
Cafpienne de celles de la mer Noire,
Enfin , il en part deux du plateau de la
Suilfe , dont l’une va au détroit de Conf-
tanti'nople & entoure l’Archip el. L’autre
traverfant- l’Italie va par la Sicile joindre,
le mont Allas , en Afrique. Telle efl ia
marche des .chaînes montueufes niv
Buache a tracées en Europe. Comme on
connoît Ip fyflême d’après lequel il en a
réglé h diftribution , je, n’en difcuterai
pas les détails dans cette notice : on en
trouve au relie les développemens dans
dix cartes particulières où nous les fui-
vrons avec loin pour en donner encore
une idée plus précife. Ces dix cartes font :
celles de l’Efpagne , de la France, de
l’Italie, de l’empire d’Allemagne , avec
les royaumes de Bohême & de Hongrie,
les Provinces-Unies & la Suilfe , de la
Turquie d’Europe, des royaumes de Pologne
& de Pruffe avec la Moldavie,- la
petite Tartarie & partie de la Ru (fie, de
l’empire de Ruflïe en Europe , partie
méridionale,. & partie feptentrionale, des
royaumes de Suède 8c de Danemarck ,
enfin des ifles britanniques.
Dans la Carte d’Efpagne , on trouve
la chaîne qui fepare ce royaume en deux
parties par une ligne qui part du détroit
de Gibraltar & va fe rendre dans la
Bifcaie par la fouroe de l’E b r e , puis
fuit le fommet des Pyrennées ; c’ell de-là
que dans la carte de France Buache lui
fait parcourir les Cévennes, la Bourgogne,
laLo raine, pour fe rendre par. la Picardie,
la Flandre & l’Artois, au Pas-de-Çalàis,
& de-là pafièr en Angleterre. Reprenant
enlüite au plateau de Langres , la chaîne
va par les Vôges 8c le Jura en Suilfe ; c’eft
là qu’une branche gagne par les Alpes
l’Apennin, pendant que deux autres fe
détachent des Alpes des Grifons , pour
aller l’une entre îè T i fo f & la Carinthiè
dans la Turquie d’Europe', & fe rendre
dans la Grèce jufqu’au Cap-Matapan, &
l’autre par la Sottabè & la Franeonie,
entre la Bohème & l’Autriche, joindre
les Crapacs & les montagnes des frontières
de Pologne & de Ruflie. De la Moravie,
il fe détache aufli une branche qui par la
Süefîe & la Ballè-Saxe, pénétre en Danemarck,
& aj.rès avoir franchi les détroits ,
fuit les montagnes entre la Norvège & la
Suède, & revient entre la mer Blanche
& les golfes de Bothnie & de Finlande,
les lacs Onega & l’Adoga ,: s’étendre ju&
qu’à la rivière de Petzora-, féparant les
terreins inclinés vers la mer Cafpienne,
de ceux qui verfént leurs eaux dans la mer
Blanche & la Baltique. Un de ces embran-
chemens fépare, comme nous l’avons déjà
dit , le badin du Don de celui du Volga ,
& va joindre le Caucafe. Enfin la chaîne
que nous avons laiffée au Pas-de-Calais,
traverfe l’Angleterre & l’E co lfe , & fe
divife aux ifles de Schetland pour joindre
d’un - côté la N orv.ège au Cap-Stade , &
de l ’autre, les ifles F é ro ë , i’Iflande & le
Groenland. .Un embranchement de la
chaîne d’Angleterre après s’être étendu en
Irlande, s’en- détache pour joindre Pille
de Terre-Neuve en Amérique.
Tels font les détails des chaînes tracées
fur les dix petites cartes que renferme ce
fécond recueil, dont je donne avec d’au
tant plus de foin l’anaiyfe qu elle fera plus
connaître les travaux géographiques &
les vues fyflématiques de Philippe Buache.
I V .
DtfcuJJlon fur l'oflfature ù la charpente du
globe , telle que Buache croyoitpouvoir
la déduire de fort fyflême de Géùgraphie-
Phyfîque.
En 1 7 7 2 , Buache publia des vues générales
fur | une efpèce de charpente du
globe , compofée de plufieurs chaînes de
montagnes , qui non - feulement traver-
foient fous plufieurs direâions les conti-
nens, mais même les mers. I l y joignit
aufli quelques confideTations particulières
fur les différens baffins de l’Océan qui font
fermés & circonfcrits par quelques parties
de ces chaînes.
Il détermina la marche & l’allure de
toutes ces chaînes de montagnes, par la
difiribution de toutes les foùrces des
fleuves , des grandes & des petites rivières,
qui indiquent incontefiablemenc les parties
les plus élevées de la terre ; il crut même
en trouver les prolongemens dans les baffins
des mers par la fuite des ifles, vigies,
rochers à fleur d’eau , bas-fonds qui s’y
montrent dilperfés fùivant certaines directions.
Il s occupa même a tracer tous les détails
de ces confidérations générales, & a les pré-
fenter fur des cartes où font figurés les
terreins élevés & leur direélion. Il embrafla
fous ces deux points de vue toute l’étendue
du globe terraquée, en comprenant la
diftribution naturelle deshautes montagnes,
des fleuves & des; rivières qui y ont leur
origine, avec la détermination de tous les
baflîns des mers.
Il avoua cependant qu’avant de décider
que les parties les plus élevées du globe
indiquées par les fources des grandes rivières,
en formoient la charpente, il étoit
indifpenfabie :de reconnoîtré la nature du
fol de ces parties, qu’en .un mot, il fallolt
joindre des obfervations d’hjfloire naturelle
à ce. que la première , configuration
du terrein, feroljloit,annoncer à tous ceux
qui jettoient.lejS, yeux fur des partes chargées
d’arfêtes fuivies. Il défiroit même qu’on
fixât par les mêmes. obfervations la fuite
non interrompue des terreins élevés qu’il
avoit harfadée fur ces cartes..
Cet aVeu de Buache devoit engager les
naturalifles obfervateurs , à n’adopter fon
hÿpothèfe fur la charpente du- globe.,
qu’après l’examen aulîî fcrupuleux qu’é-
tendü des parties de la furface de la terre’,
où fes cartes nous traçoient la marche 8c
la direélion des chaînes de montagnes.
En faifant toutes ces reflexions , je conviens
avec Buache, que les fources des
fleuves & des rivières indiquent les terreins
les plus élevés des différentes contrées
de la terre, que de ces points les eaux
courantes defeendent par des pentes plus
ou moins rapides & continuent jufqu’à la
mer ; mais il ne s’enfuit pas de là que l’ori ■
gine des fleuves & des rivières foit aiïù-
jettie à des -terreins élevés qui fe prolongent
par-tout fans aucune interruption,
fans intervalles conlidérables.
C’eft cependant cette fuite non interrompue
des chaînes de montagnes & d’ar-
rêtes tracées fur fès cartes., que Buache
confidère comme la charpente du globe ;
fuite qui non-feulement traverfe fuivant ce
géographe les continens , mais encore
fe prolongeant dans les balîînsde la mer par
les ifles, les vigies , les bas-fonds, forme
une iiaifon folide entre tous les conti.
- nens.
Pour peu qu’on ait obfervé avec foin,
on a pu reconnoître que l’enchaînement
prétendu de ces arrêtes n’exiftepas comme
Buache le reprefente fur fes cartes. Ce