
.foulevées violemment ftivant les mèmès
direélions qui affaifloient & foulevcSientfles
eaux de la met. A la fin ces couches fe-font
brifées , & ont donne pillage aux eaux fau-
terraines. La croate delà terre, fembiable
à une voûte antiquefut'forcée d’ccrouler
fur elle-même, & produisit de? montagnes
en quelques endroits, des vallées,, des lacs
& des mers en d’autres.
Le feu vint encore joindre fes fureurs à
toutes ces étranges convulfions : il fort du
lèin de ia terre ; un bruit affreux annonce
l'es efforts; il éclate au travers,des montagnes
& des plaines. Des volcans embràfés
en mille endroits vomilïent, à-la-fois de;
l’eau , du feu, des rivières & des torrens
de laves qui confirment ce que les eaux ont
refpeétc. Les exhalàifons & les fumées for-,
ties de ces fournaifes , infetient L’air & dé-
truifent les nations Ijue Les fecouffes 8c les'
ravages de ta nature” aVoient épargnées,
jufques-là. L ’air s’épaiffit & n e devient plus
qu’un brouillard fulphureux. Une noire
fumée' rempljttoute l’atmofphère. Lefoleil
n’exifte plus fur la terré. Tout Contribue à
lui dérober fa lumière fecourable. ■ Une
vafle nuitrégne fur le monde ruiné. Il n’efl
éclairé que par les embrâlêmens affreux
qui montrent à l’homme égaré toutes les
horreurs qui l’entourent.
Il faut de nouveaux malheurs à la terre
pour lui rendre les rayons du folèil interceptés
par la fuméë’& par les vapeurs mal-
faifantëS : il faut que l’atmofphere fe purifie
; cet effet efl produit -par les nuages qui ;
touchent à la terre ; ils fe réfolvent en
pluie; des torrens continuels tombent du
c ie l, & fillonnent les nouveaux continens
depuis leurs foinmëts jufqu’aux rivages de
la mer. Ils s’ouvrent un paffage à travers
les débris & les. cendre? que les tremble-,
mens de terre ont amoncelés ; ils rompent ;
les aigues de fable & de vafes que la nier ;,
avoit formés ; 8c lorfqu’iis ne trouvent point -
d’iffue, leurs eaux fe ralfemble'nt 8c forment
4e nouveaux lacs. Les anciens débris fopt
par-là enlêvelis fous de nouvelles ruines.
Les eaux lavent & dépouillent les fbmmcts
des rochers & des montagnes qui, depuis
ce tems , font reliés arides & incapables
de produire. Le, limon, la fange & les
eaux, font portés dans les lijsùx les,plus
bas dent ils font des marais ; ceux-ci formèrent
au bout deï Cedes des plaines fertiles
pour des races futures.
Ainli la chiite de? eaux éqlairçit peu-à-
peu Tatm'ofphèrè, & fait difparc-ître cette
obfcurité qui couvroit rurîîvefs«,...... Les
vapeurs commencent à fe cqndenfer par
l’aélion infenfïble du foleil , 8c les nuages
qui étoient'defcendus fur la furface de la
terre , & qui fe confondoient avec les eaux
dont elle étoit couverte, s’élèvent infenlî-
blement, 8c vont occuper la région de
l ’air où nous les voyons aujourd’hui. L ’at-
müfphere dlbarraflee, laiffe appercevoir au
loin la nouvelle difpolnion de la terre dont
les eaux prennent un cours fuivant la nouvelle
forme des nouveaux terrains , & vont
fe rendre dans les nouveaux baflins que le
défordre leur a creufés en différens endroits.:
là elles forment des marais , des laçs,, des
mers. S’il exiflè quelques portions de la
premiere terre , On y découvre encore de
nos jours le relié de fus anciennes, productions,
On y trouve des forêts'renverfées éic
enfouies, dont ja réfine ou le bitume, .devenus
folides, forment desvminês de charbon
de terre. On y v o it, dans les couchés
de limon durci qui lès couvrent , des empreintes
de végétaux , fouvent parfaitement
reconnoiffables ; & dans d’autres nous
trouvons des - refies d’animaux enleveiîs
alors fôus des couches inunenfes de boue,
de fange , de fable, où ils nous attellent la
cataflraphe terrible qui a porté dans la terre
ce *qui étoit jadis à fa furface,
La furface de la terre fut fins doute long-
tems à fe deffécher , même après l’écoule ■
ment des eaux : de plus, les continens
échauffés par les feux fouterrains , durent
long-tems exhaler en quelques endroits des
Vapeurs humide? q u e la chaleur fit fo r t ir des
dépôts'’"fangeux d on t Ja te r re é to it refiée
cou verte . E lle s co n tr ib u è ren t en co re lo n g -
tems à formqr des b ro u illa rd s 'q u i rendirent
le féjour de l’h om m e n éb u leu x & mal fain.
Elles p e rp é tu è ren t le s p lu ie s , entretinrent
l’humidité fur la te r re , & em p ê ch è ren t le
foleil de fe' m on tre r à d é c o u v e r t fur l’ h o rk^
foin M a lg ré la rég u la r ité des’ jo u r s & des
n u its , la lum ie re que d o n n o it c e t aftre dut-t
continuer à ê tre fo ib le & fem biab le à c e lle
de nos p lu s t r ille s 'jo u r s d’h iv e r . L a n u i t ,
pareillement p r iv é e de la lum iè re d o u c e
des étoiles 8c de la lu n e , p réfenta long-tems
un v o ile fom b re & im p én é tra b le ; mais
enfin ces fom b re s v ap eu rs com m en c è ren t
à fe d iffip e r , le s nuages fe diviferent & d on nèrent
paffage au x ray ops. de la ’lum iè r e ,
que" b , fo le il lança fu r la te r re , la te r re en^
fu t . r& h a u f fé é , & to u te la nature fem bla
relpirer & ren a ître . —
Mais âl falloit que la terre fe defféçhât
tout-à-fait pour que les animaux échappés
fe répandiffent à fà furface.
' Tel efl le tableàü des effets phyfiques que
les éditeurs des oeuvres de Boulanger attribuent
au-.délugej il .auroit été à defirer ,
comme il le d it , qu’il eut comparé ces ;
terribles effets .avec les monumens fur lel-
quels il prétend que font gravées, en caractères
ineffaçables., les révolutions de la nature.
Je ne comtois aucun de ces. monu- ‘
trouvent couverts de dépôts foumarins
qui leur font par conféquent poflérieurs.
'Ainli. il faudroit avoir -ecours à des
cataflrophes poflérieure? au déluge pour
cômpleltér tout ce qui'èoricerneles charbons
mens, & il auroit du les indiquer, d’une
manière claire & précifs. Ayant autrefois
obferyé, il étoitplus en état que tout autre _
favant dans l’antiquité, de, - montrer les.
veftiges du déluge, des trèmbkmens de
terre, & desincendies des feux fouterrains.
les feuls monumens de cette efpèce quil
rappelle;, font les filons de charbons de '
terre, & les empreintes de végétaux &
d’animaux qui fe rencontrent par-tout dans
les enveloppes de ces filons. Maïs il efl biôn
difficile de croire que ces forêts enfevelies
foient l’ouvrage, du défordre qui régnoit
lors du déluge , tel qu’on noùsuq, repré-
fente ici. D ’ailleurs les charbons de terre fç
de terre , & fur-tout les couches qui
recouvrent ce» amas. On voit que Boulari-
. g e r , ou ceux qui le font parler , ont confondu
, comme des effets de cette cataf-
trophe , des ■ opérations très - diflinftes ,
puifqu’ellesappartiendroient, fuivant Tob-
fervation & leur hypothèfe, à des époques
éloignées les unes des autres : on voit combien
il- y auroit de corîtradiétions fur ce
feul f a i t f i l’oh s?en tendit aux affinions -de
Boulanger. ,
C ’efl ceiqùi arrivera toutes les fois qu’on
aurarecours Andes agens vagues, mus fans
' ordre comme fans principes , ainli qu’on
Ta fait, quoiqu’il fut fort iniiruit dans i’hifi-
toire naturelle du.-globe. Il a dû fe borner
à dès généralités [jui ns peuvent fe raccorder
avec aucun phénomène , 8c encore
•moins avec une certaine fuite de phénomènes.
Si quelqu’un pouvoit prendre fous
fa proteâion le déluge, &; nous le donner,
avec un certain avantage , comme un fait
phyfique, c ’étoit Boulanger. On a pu juger
comment il y a jéuffi. Si Ton difeutoit la
marche dès agens '.qui figurent dans cette
, cataJiïopîie avec Tes monumens naturels ,
-onV eu trouveroit aucun qui put prouver
cette marche,-quoiqu’on allure ici qu’il ait
été attentif à ne rien fuppofer qui ne qua-
drât aveUces monuaiensi.il s’eff hafardé
d’en citer un feul,, & nous y trouvons une
infinité de contradiâtons : au relie., dans
ce que j’ai cité de Boulanger,* fon article,
on verra combien il met de réferve dans ce
qu’il dit du déluge, & combien il efl probable
que tomes ces aliénions .hardies &
yàgués renfermées dans fés oeuvres , font
l’ouvrage de fes éditeurs.
Réflexions fur le déluge , fur J es caufes ù
fes effets.
On peut envifager le dciuge , ou quant