
lyfe chimique & même l’aftion du feu
lui ayoient fait connoître, il y ajoutoit
toutes les oonfidérations qui pouyoient
intêreffer fes. auditeurs , beaucoup plus
qu’une fimple nomenclature , en leur
montrant la diftribution de ces memes
matières par grandes maffes à la furface
du globe.
XI nous faifoit voir que toutes ces
fubflances, bien loin d’être confondues
pêle-mêle à cette furface & dans les parties
voifines , jufqu’à la profondeur où les
hommes étoient parvenus, y étoient placées
dans un ordre, admirable ; qu’elles y
' occupoient des efpèces de départemens'
féparés , diftinâs ’& circonfcrits1 par des
limites très-marqucés qu’il avoit reconnues
lui-meme en grande partie dans pïu-
fieurs voyages lithologiques qu’il avoit
faits avec fon digne, ami Bernard de Juf-
fi eu.
Au relie , il ne s’étoit pas borné à
l’éxamen de ces limites ; f l -avoit multiplié
chaque année les recherches & les,
courfes , autant qu’il étoit néceffaire pour
conn. itre dans l’intérieur de ces maflifs.
non-feulement la nature des matériauXj
affedés à ces départemens, mais encore
leur difpofition particulière & leur arrangement
intérieur.
I c i Rouelle avoit vu des Couches placées
d’une manière fort régulière léé-ünes
fur les autres, & conftamment parallèles
eutr’elles 8c à l’horifon : 1 a , il n aÿoir
rencontré que des malïifs fans couches
&■ fans lits. Il y a plus , il nous difôit
que les terres A ie s pierres des premiers
diftrifls ou traclus, etoient d’une nature
totalement différente de celles que lui
avoieiit offert les autres , & que cette
variété étoit fi frappante , qu’il «’étoit
crû autorifé à donner le nom d'ancienne
terre aux contrées, où il n’y avoit point
ireftiges de couches 6t de bancs, 8t, ou
les principales fubflances étoient des granits.
Il diflinguoit au contraire , par la
dénomination de nouvelle terre , les autres
difliicts où il avoit rencontré des lits bien
fuivis & bien diflinds, & où les principales
matières étoient des bancs de pierres
calcaires : & pour nous en donner une
idée plus nette & plus précife, il nous
indiquoit les environs de Paris comme
appartenant à la nouvelle terre. Je vais
maintenant entrer dans les détails les plus
propres à faire connoître toutes les vues
de Rouelle dans \;ette diftindion de ancienne
8c de la nouvelle terre, & en même-
tems les avantages qu’en peut retirer l’hif-
toire naturelle du globe.
De l'ancienne terre.
L ’ancienne terre efl le premier maflif
dans l’ordre fynthptique ; il nous offre
pour .principal c^radère de grandes malles
de granit fans -aucunes couches. On remarque
/eulement dans les,blocs quelques
fentes qui préfentent des faces fort larges 6c
fort unies dans tous les fens. Ce font
viliblement les effets de la deflication de
la matière qui fe trouve par-là divifée .en
trapezoi'des plus ou moins réguliers &
d’un volume plus ou moins confidé-
rable.
Un autre caradèré difliftdif de cette
ancienne terre, c’eft que le» trois principes
qui compbfent les granits, ,ç’efl-à-
dire le quartz., le feld-fpath & le mica
v font mêlésfaffez régulièrement .enfemble,
&. diftribUés uniformément dans certains
maflifs. Rouelle avoit même reconnu
, comme on l’a fait depuis, que ces
principes s ’y trou voient quelquefois réduits
a deux, & même dans, des proportions
.infiniment variées,, foit quant à la
Quantité , foit quant aux .volumes, des
;difféfensprincipes. Cette ancienne terre,
I d’après toutes- ces confidérations , étoit
, enyifagée par Rouelle comme la bâfis
primitive du globe , comme le monde
Cryftallifé, ailifi que nous l’expliquerons
par la fuite , d’après les vues de ce chi*
mille.
de fon ancienne ' terre , une oxganifation
! où il lui femblok qu’on ire pouvoit mé-
j connoitre la marche de la nature, dans la
formation des'cryfiaux-
Le plus fouventles parties de ce monde
qui font apparentes & qui fe montrent
à découvert, occupent un niveau plus
élevé que celui de la nouvelle terre & la
dominent : mais auffi fouveiltii paroîtfervir
de bâfe à ce dernier maflif, après eh
avoir tracé les limites'en s ’élevant infert-
fibietnent au-deflus ; ce qui donne lieu
de penfer qu’il s ’enfonce deflbus', & qu’il
foutient partout l’affemblage dés couches
qui lé compofent, mais à une profondeur
qu’on n’a encore reconnue que dans certains
endroits & particulièrement .' aux
environs des limites de l'ancienne & de
la nouvelle terre. .
Suivant R ouelle, la formation du granit
par cryftallifation., pouvoit fe repréfenter
parcelle qui a lieu dans une diflblution
de plufieurs fels qui cryflallifent fouvent
i .enfemble , de manière que les cryftaux
(ont liés les uns aux autres par adhéfion ,
mais non par combinaifon. Ces exemples
fpnt fréquëns en chimie’ ", & c’eft cet état
d’aggrégation particulière que Rouelle
trou voit dans la formation du granit, foit
quîîïy entrât deux, trois ou même quatre
élémens ; & dans leur compofitiôn il avoit
reconnu depuis long-temps la prëfence de
l’argile & de la fubftance calcaire.
Rouelle a non-feulement fu diflinguer
l ’ancienne terre de la nouvelle , & nous
donner tous les caraélères les plus propres
à lesreconnoître, & à en fixer les limites^
ainfi que nûu» venons d’en expofer les
détails, mais encore il a cru pouvoir rendre
raifort de l’état de cette ancienne terre
telle qu’il l’avoit vue : mais il n e ’com-
mumquoit qu’à fes amis ce qu’il ; avoit
penfé à ce fujet. Voici les principaux
points de fon lyftème qui paroît'avoir
beaucoup de vraifemblance. Il fuppofoit
d’abord que dans l’origine des chofes,
les fubflances qui compofoient l ’ancienne
terre nageoient dans un fluide ; que les
parties fimilaires s’étoient raprochées les
unes des autres, 8c avoient formé au fond
des eaux ces cryftallifations immenfes , qui
par des progrès infenfibles , avoient formé
des montagnes du premier ordre. Il con-
fideroit donc toutes les grandes maflès
graniteufes , comme les amas de ces cryftaux
qui fe font grouppés enfemble , &
reunis a la manière des fels , fuiyant
oifféren3 fyftèmes, d’après l’arrangement
« la proportion dés parties fimilaires.
*1 avoit vu dans la ûruâure des roches
Une fois que la malle entière lui eut
préfenté fous ce point de vue cet affem-
blage étonnant de eryftaux réguliers &
irréguliers,. tels qu’ils pouvoiem fe former
dans un fluide aqueux peu abondant,
il f® plaifoit à nous faire voir dans les
cirçonftances de ce grand travail , pourquoi
il n’y avoit pas de couches dans ce
maflif, mais feulement des lames qui fe
montroient fous différentes formes dan*
i’aggrégation des cryftaux.
C ’eft ainfi qu’il conùevoit la formation de
ces malles primordiales toutes antérieures
aux amas dont elles iont partout la bâfe 8c
l’appui. C ’eft ainfi qu’il concevoit que
rien dans leurs formes extérieures , ne
rappelloit l’idée d’un dépôt fait pat l’eau
en grand volume, ni d’une matière brute ,
mais feulement d’un amas de cryftaux formés
au milieu d’un fluide fufiïfant pour
fournir l’eau de la cryftallifation, avec très-
peu d’eau furabondante.Tout ce qui l’avoit
mtéreffé;dans ces maffes , étoit la ftrufture
intérieure & la belle diftribution de ces
amas énormes de cryftaux. Quant à la
figure extérieure , il n’a jamais penfé
F. f f a